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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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la Siedo figure sur le registre !
    Puis il se tourne vers Horacio Garcia et s’étonne :
    — Mais pourquoi n’avez-vous pas immédiatement déposé un
recours en annulation de toute la procédure ?
    Éberlué, l’autre avoue n’y avoir même pas pensé. Ce n’est
pas dans les usages, ici. Il finit par me dire :
    — Vous savez, au Mexique, tout le monde s’en moque, de
l’article 16…
    Puis ils s’attaquent aux témoignages : celui d’Ezequiel
Elizalde, cet homme barbu que j’ai découvert derrière le panneau de bois, dans
la cabane du jardin, au ranch, au moment de la fausse arrestation, qui me
décrit en blonde aux cheveux courts et m’accuse de lui avoir fait une piqûre au
doigt pour l’anesthésier. Il a l’air malin, maintenant, avec l’expertise qui
prouve qu’il s’agit d’une tache de naissance ! Mais tout cela ne bouscule
pas la justice mexicaine autant que M e Berton. Je le vois qui prend
des notes et encore des notes sur les feuilles de son grand cahier, et surtout
sans rien oublier : les déclarations changeantes de Cristina Rios
Valladares et de son fils Cristian Hilario, les erreurs de date et le plus fort
de tout, peut-être, pour lui qui découvre seulement le dossier : la
perquisition dans la maison de Lupita.
    — Comment ? Deux des victimes reconnaissent une
autre maison ? Mais cela prouve que vous ne pouvez pas les avoir
vues ! Et l’occupante de l’autre maison n’a même pas été
interrogée ?…
    J’ai enfin le sentiment que quelqu’un est sur la même
longueur d’onde que moi. Cela dure toute la journée. Ils relèvent encore,
ensemble, d’autres violations flagrantes, du code pénal cette fois, comme
l’absence d’avocat à mes premiers interrogatoires. À la fin de la journée, Frank
Berton a l’air satisfait de leur travail et Horacio Garcia semble ravi de ne
plus être seul. Quand ils s’en vont, je dois me retenir pour ne pas croire très
fort en mes chances, mais ils m’ont prévenue : la procédure d’appel doit
aller à son terme, maintenant, le juge vient d’ailleurs d’être désigné. Et
malheureusement cela ne se passe pas comme en France : il n’y a pas de
procès, même pas de rencontre avec le magistrat. Celui-ci étudie tout le
dossier sur papier, ainsi que les nouvelles pièces que lui communiqueront les
avocats, mais il ne voit personne. Même pas moi. Pas une seule fois !
Quand il estime avoir fait le tour de la question, il rend son jugement, et
voilà tout ! Frank Berton, plaideur insatiable en France, est au sommet de
la frustration.
    Mais il décide de mettre toutes les chances de notre
côté : il se rendra donc le lendemain à un mystérieux rendez-vous dont il
n’a jamais voulu me donner les détails. Je sais juste qu’on l’a emmené dans la
montagne, à deux ou trois heures de route du centre de Mexico, qu’il était
accompagné de gardes du corps, et qu’il a été reçu par un haut magistrat
désireux de l’instruire des usages de la justice mexicaine. Bertrand Rosenthal,
journaliste de l’Agence France-Presse à Mexico, l’a guidé. Je ne sais pas comment
ils se sont rencontrés, mais il est évident qu’ils se sont bien entendus et que
mon avocat a été vraiment aidé par le journaliste. Pourtant, il ne croyait pas
à mon innocence, celui-là. On le sentait bien au ton des dépêches qu’il
envoyait. Mes parents ont même eu des mots avec lui. Mais il n’avait sans doute
pas tous les éléments pour juger et l’évolution de son comportement me donne
confiance. C’est le sens du travail de Frank Berton.
    En tout cas, ce dernier revient stupéfait de son escapade en
montagne.
    — On m’a dit que les juges, souvent, n’assistaient même
pas au procès.
    Il a raison : la juge Sanchez, qui m’a condamnée à
quatre-vingt-seize ans de prison, n’a été présente qu’à une seule audience en
près de deux ans.
    Il paraît que c’est par manque de temps, par manque
d’organisation. On m’a dit aussi que de nombreux juges se laissent corrompre et
que les autres vivent dans la peur. On m’a fait une peinture catastrophique de
l’état de la justice au Mexique, Florence. Il paraît que nous avons intérêt à nous
adjoindre un avocat qui connaît les ficelles, et introduit auprès de la Cour
d’appel fédérale, si nous voulons avoir une chance de peser un peu dans la
décision.
    Il a déjà eu au téléphone un avocat réputé, Agustin Acosta.
Il doit en rencontrer d’autres et

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