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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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choisir, en accord avec mes parents.
    Je suis réapparue à la télévision et dans les journaux. Tout
d’abord dans l’hebdomadaire Proceso, plutôt classé dans l’opposition de
gauche, qui a publié un long sujet sur la venue de mon nouvel avocat et repris
ses déclarations depuis la France. C’est la première fois qu’un article m’est
aussi favorable. Il ne dit pas que je suis innocente, mais il relève toutes les
faiblesses de l’accusation, les ficelles de Garcia Luna dans d’autres histoires
et la manière dont ont été modifiés les témoignages après mon coup de fil à la
télévision. Des choses connues en France, mais pour les Mexicains c’est
nouveau. Cet article, qui fait planer une ombre mafieuse sur mon histoire, a
considérablement tendu l’ambiance, à Mexico. Au point que le consulat a
conseillé à Frank Berton de faire appel à des gardes du corps. Quand il est
arrivé à l’aéroport, une voiture blindée l’attendait, et ses
« gorilles » ne le quitteront pas de tout son séjour.
    Après sa visite si mystérieuse dans la montagne, Frank donne
une conférence de presse, sur la terrasse de son hôtel, en plein centre de
Mexico. Il y a là des journalistes français, et quelques représentants de la
presse mexicaine, curieux, plutôt sceptiques, mais intéressés par mon histoire.
Ils en ont pour la première fois une autre version, avec des éléments qu’on ne
leur a jamais donnés. Frank leur ouvre son dossier. Il insiste sur les
conditions de mon arrestation, la nuit que j’ai passée dans cette camionnette,
en dehors de toute légalité, de tout cadre judiciaire, et sur la description de
la maison de Lupita par Cristina Rios Valladares et son fils. Il insiste parce
que c’est un élément capital aussi pour l’opinion publique. L’homme de la rue,
au Mexique comme en France, m’a condamnée d’emblée parce que j’étais avec
Israël et que le montage de l’arrestation, pour la télévision, a fait croire
que les personnes séquestrées étaient gardées dans le cabanon du ranch.
« Comment est-il possible qu’elle ait vécu là et qu’elle n’ait pas vu que
plusieurs personnes y étaient séquestrées ? Non, c’est
impossible ! » Voilà ce que disent les gens, je le sais bien. Et
c’est bien vrai que ce serait impossible. Mais la maison que reconnaissent
Cristina et son fils, ce n’est pas le ranch ! Voilà ce que dit Frank Berton.
Et c’est la première fois que quelqu’un insiste là-dessus. La maison de Lupita
et Alejandro Mejilla se trouve à trente kilomètres du ranch, par la route. Je
n’y suis allée que deux ou trois fois, avec Israël, mais je me souviens bien de
cette maison. Il y a une grande porte verte pour fermer la cour, et juste deux
fenêtres qui donnent sur la rue, avec un marchand de jouets à côté. Il y a des
voisins, là-bas ; il suffirait d’aller les interroger, ils ont sûrement
des choses à dire, mais la police ne l’a jamais fait. Et quand des journalistes
le feront, un peu plus tard, ils ne voudront pas parler. Il faut les
comprendre. Depuis que l’État français s’est mêlé de mon histoire, elle fait
peur. Parce que la police et la justice mexicaines ont considérablement durci
le ton de leurs interventions. Sur quelles recommandations ? Tous les
regards se tournent vers Genaro Garcia Luna, mais personne ne veut l’interroger
pour l’instant. Et lui aussi, quand il sera sollicité, refusera de parler. Les
journaux commencent à évoquer un affrontement entre la France et le Mexique.
    — C’est exactement le contraire de ce que nous
souhaitons, dit Frank Berton dans sa conférence de presse. Nous voulons plutôt
une collaboration.
    C’est incroyable : il fait preuve de diplomatie. Et pour
que son message passe bien auprès de la presse mexicaine, il ose une
comparaison :
    — La juge peut parfaitement s’être trompée. Nous
pouvons le comprendre : chez nous, dans l’affaire d’Outreau, un juge s’est
trompé treize fois. Alors ici, elle peut bien s’être trompée une fois…
    Enfin, il donne une dernière indication, pour montrer que la
justice mexicaine a peut-être manqué de rigueur. Il détaille la peine de
quatre-vingt-seize ans qui m’a été infligée :
    — Quatre fois vingt ans, pour quatre enlèvements.
Ezequiel, Cristian Hilario, Cristina et… son mari, qui n’a jamais été détenu et
dit n’avoir rencontré que des hommes, lors de l’enlèvement de son épouse et de
son

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