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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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diplomatie française. D’ailleurs, quand mes parents ont
demandé à être reçus, avant les élections présidentielles, Jacques Chirac leur
a répondu qu’il ne pouvait rien faire et Philippe Douste-Blazy, alors ministre
des Affaires étrangères, n’a rien répondu du tout.
    Aujourd’hui, ce n’est plus pareil. L’ambassadeur et le
consul ont été nommés ailleurs, il paraît qu’ils m’en veulent un peu, et ne
disent pas que du bien de moi. Cela m’est égal. Leurs successeurs n’ont pas le
même comportement, et c’est un autre soutien de taille. C’est mon pays qui est
à mes côtés, à travers eux. Vera Valenza, la consule générale, est une femme
charmante qui vient me rendre visite régulièrement. Si nos rapports étaient un
peu tendus, au début, c’est sans doute que je me méfiais : j’avais été
échaudée. Maintenant, je suis heureuse de la voir et on me dit que Daniel
Parfait, l’ambassadeur, se tient très précisément informé de ma situation,
qu’il connaît mon dossier sur le bout des doigts. S’il peut m’aider, il le
fera, je le sais.
    Toutes ces petites choses comptent énormément. Toutes les
attentions. La plus charmante, en cette fin d’année, a sans doute été celle de
Pascal et Vincent. Je ne les connaissais pas, je n’avais jamais entendu parler
d’eux. Ce sont deux Français installés à Mexico, où ils ont monté une
entreprise de surveillance et de sécurité. Ils ont du travail, ici. Ils étaient
les gardes du corps de Frank Berton lors de sa visite. Ces deux colosses ont un
point commun avec mon avocat : un cœur immense. C’en est craquant. Ils ont
demandé à me voir, j’ai accepté, bien sûr ; et le jour de mon anniversaire,
ils sont arrivés avec des moules et des frites sous vide ! Ils avaient
juste demandé quel était mon plat préféré. J’en ai eu les larmes aux yeux. Il y
a des choses qui prennent des proportions énormes, en prison.
    Je sais aussi qu’en France la mobilisation continue. Thierry
Lazaro a obtenu que soit posée à l’Assemblée nationale une question au sujet de
ma situation et de la manière dont le gouvernement français peut me soutenir.
Et il a convaincu un autre député de ma région, qui n’est pas de son bord
politique, de s’associer à lui. Pour montrer l’union qui se fait derrière moi.
C’est Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer, socialiste, qui posera la
question. Ce n’est pas rien, ça : je fais mon entrée à l’Assemblée
nationale. Mes parents sont là, ce jour-là, bien sûr, et Frank Berton
également. C’est un mercredi, le 26 novembre. Neuf jours après mon
anniversaire, c’est un joli cadeau aussi. Frédéric Cuvillier pose sa question
et martèle sa conviction que je suis innocente :
    — Tous ceux qui se sont penchés sur son dossier sont
stupéfaits du caractère hautement fantaisiste des accusations. Aucune charge
sérieuse ne peut être retenue contre elle.
    Mes parents sont aux anges : quand le maire de Boulogne
a terminé, tous les députés l’applaudissent. À gauche comme à droite. On se dit
qu’avec un tel soutien, on a raison d’espérer. Thierry Lazaro a fait circuler
une pétition dans l’hémicycle, elle a été signée par plus de cent députés dès
le premier jour. Il en viendra d’autres, après, quand ils auront pris la peine
de se renseigner, pour savoir ce qu’ils signaient, à qui ils avaient affaire.
Et je les comprends. Je ne demande que cela : qu’on étudie mon dossier,
qu’on se renseigne, qu’on enquête, j’ai tout à y gagner !
    Enfin, Rama Yade, secrétaire d’État aux Droits de l’homme,
fait une réponse très diplomatique, à l’Assemblée. C’est son rôle. Mais le
message est clair : « Cette affaire est suivie de très près au plus
haut niveau de l’État. » Je ne sais pas encore à quel point ce sera vrai.
    Personne ne le sait, d’ailleurs. Nicolas Sarkozy choisit
pour l’instant de rester discret. Pourtant, il tente un coup osé. Une sorte
d’atout qu’il avait dans sa manche et qu’il sort en y croyant très fort. Depuis
quelques mois, il est très proche d’Ingrid Bétancourt et de sa famille. Ce
n’est pas un hasard si elle a choisi de revenir en France aussitôt après sa
libération : c’est parce qu’elle considère qu’elle doit une fière
chandelle à l’obstination du président. Elle lui est reconnaissante et il le
sait.
    L’annonce de sa libération a été bouleversante. Elle

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