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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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peux aussi, comme c’est le privilège de tout citoyen, faire appel directement à l’empereur. Mais pour ce faire, tu dois d’abord prouver ton identité !
    — Quelles sont les charges ? demanda rageusement Pertinax.
    — Conspiration contre l’Empire, meurtre, incendie criminel d’un temple, agression contre un capitaine de la garde aventine, et tentative de meurtre contre ma personne !

71
    Pertinax faisait attention à moi pour la toute première fois. Son arrogance ne s’en trouvait pas diminuée pour autant. Il ne parvenait pas à réaliser qu’il risquait de se retrouver en prison, froidement lâché par ses acolytes pour la deuxième fois. J’avais presque pitié de lui. Presque ! Quand on essaye de m’assassiner, le bon côté de ma nature tend à s’effacer.
    Je me tenais les pieds légèrement écartés, le pont du navire ne cessant de bouger sous moi. L’ Isis m’apparaissait plutôt fragile, après la robustesse du Scorpion des Mers.
    Pertinax adressa un regard interrogateur à Crispus. Ce dernier, se refusant à la moindre explication, se contenta de hausser les épaules. Je fis un signe de tête à Milo. Notre esquif se révélant trop petit pour prendre plus de trois passagers, la majordome transféra le prisonnier sur le Scorpion des Mers, avant de nous le renvoyer.
    Tandis que nous attendions, personne ne parla. Lorsque la petite barque accosta de nouveau contre la coque de l’ Isis, Crispus adressa quelques paroles aimables à Gordianus, le félicitant pour son nouveau poste à Pæstum. Tous deux m’ignoraient pareillement.
    Je n’étais pas d’humeur à me congratuler tout seul. La seule présence de Pertinax avait un effet dévastateur sur moi. Il me serait impossible de connaître le repos avant de le savoir soigneusement bouclé dans une cellule.
    Je laissai Gordianus s’installer dans l’esquif le premier.
    — Au revoir, et merci pour la livraison, dis-je à Crispus. (Le navire tangua légèrement et je dus m’agripper au bastingage.) Tu peux compter sur la gratitude de Vespasien.
    — J’en suis heureux, affirma-t-il.
    Sur son bateau, en vêtements négligés, il avait l’air plus vieux et beaucoup moins altier que lors du banquet de la Villa Poppée. Je l’aurais volontiers accompagné à la pêche.
    — Vraiment ? insistai-je. Je peux donc tirer un trait sur des projets particulièrement tordus, où il est question de navires égyptiens ?
    — J’ai abandonné cette idée, admit Crispus.
    — La flotte n’a pas suivi ?
    — Oh ! les capitaines de trirèmes acceptent de boire avec tous ceux qui les invitent, mais les marins se considèrent d’abord comme des soldats. Il faut bien reconnaître que Vespasien peut compter sur la fidélité de l’armée.
    — Les soldats savent que Vespasien est un bon général.
    — Alors espérons qu’il sera aussi un bon empereur.
    Helena avait raison. Il acceptait ses pertes de bonne grâce, même énormes. Si du moins il s’agissait bien de pertes ! Le seul moyen de le découvrir, c’était de lui laisser la bride sur le cou et de le surveiller.
    Alors que j’enjambais la rambarde pour rejoindre Gordianus, Crispus s’avança pour m’aider.
    — Merci, dis-je. Je pense vraiment que tu peux demander le poste de ton choix à Vespasien, insistai-je pour l’amadouer encore plus.
    Il jeta un regard perçant à Gordianus complètement avachi dans l’esquif, et laissa tomber :
    — J’exigerai davantage qu’une fichue prêtrise !
    — À toi de décider ce que tu veux. Bonne chance. À bientôt, à Rome…
    La capture de Pertinax m’avait paru un peu trop facile. À raison. La Parque déroulant le fil de ma vie faisait toujours preuve d’un sinistre sens de l’humour.
    Nous étions à mi-chemin du Scorpion des Mers, quand un nouvel arrivant pénétra dans la baie. Gordianus me jeta un regard perplexe. Il s’agissait d’une trirème de la flotte de Micène.
    — Æmilius Rufus ! murmurai-je. On peut lui faire confiance pour se présenter ceint de sa couronne de boutons de roses quand le banquet se termine.
    Aussitôt, on entendit le son des tambours rythmant la cadence pour les rameurs. Sur le côté qui nous faisait face, quatre-vingts rames plongeaient dans l’eau exactement en même temps. Le soleil faisait étinceler les boucliers et les lances d’un escadron de marins tous parfaitement alignés sur le pont. La trirème était peinte en bleu métallique et gris, avec juste une touche de

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