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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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toute sécurité. (Avec un air reconnaissant, Fausta accepta d’un signe de tête.) Je dois faire vite, à présent. « En mer », m’as-tu dit. Tu pourrais être plus précise ?
    — Promets-moi qu’Aufidius Crispus ne risquera rien.
    — Je ne peux te promettre ce qui ne dépend pas de moi, mais ma mission est de le sauver pour Rome… Alors, ce lieu de rendez-vous ?
    — À Capri, répondit-elle. Cet après-midi, sous la Villa Impériale de Jupiter.

70
    Je me précipitai hors de la maison. À l’extérieur, Néron, toute honte bue, fraternisait avec deux mules minables qui attendaient, attachées à un portique, au milieu d’un nuage de mouches. Larius était appuyé contre un mur, à l’ombre, et bavardait avec leurs cavaliers : un énorme et un freluquet, portant des tuniques blanches bordées de vert, l’uniforme bien connu de la maison Gordianus.
    — Larius, je t’ai toujours mis en garde contre les inconnus !
    — C’est Milo…
    — Précisément ! Allez, ouste ! On est pressés. Fais trotter Néron jusqu’au front de mer, j’ai besoin de louer un bateau.
    — Oh ! Milo a justement un bateau sur le front de mer.
    — Vraiment ?
    Je décidai sur-le-champ qu’il valait mieux me montrer poli, ce qui fit ricaner Milo. Ce gros lard me les gonflait sérieusement.
    — Tu peux toujours essayer de le trouver, me nargua-t-il.
    — Non, je vais te le demander gentiment : montre-moi ton bateau, et je promets de cacher à Gordianus que tu as refusé de coopérer ! On y va ! La sœur du magistrat m’a fourni un tuyau sur Pertinax.
    À l’extrémité sud de la ville, des digues percées d’arches solides permettaient aux citoyens d’Herculanum d’admirer les navires qui avaient osé braver leurs règlements draconiens pour venir s’amarrer au quai. Pas de poulies de déchargement dans ce port, seulement quelques places pour des navires souhaitant faire une courte escale. La Crevette se chargea de garder Néron et les mules.
    — Il s’occupe très bien des animaux, précisa Milo.
    — C’est pour cette raison qu’il est toujours avec toi ? demandai-je d’un ton suave.
    Le bateau que nous désigna le majordome était un bel ouvrage de menuiserie, ventru à souhait, portant le fier nom de Scorpion des Mers. L’équipage nous avait vus de loin. Un marin se tenait prêt à retirer la passerelle, dès que Milo, Larius et moi serions montés à bord.
    La silhouette familière et débraillée du grand prêtre Gordianus nous attendait sur le pont. Il était emmitouflé dans une cape dissimulant jusqu’à ses grandes oreilles en feuilles de chou. Comme si, depuis la mort de son frère, il ne parvenait pas à se réchauffer. La peau de son visage avait toujours une teinte grisâtre malsaine, mais son crâne chauve était illuminé par un coup de soleil.
    Nous nous serrâmes la main à la façon de commandants militaires en pleine guerre. Bien des événements s’étaient produits depuis notre dernière rencontre.
    — Content de te revoir, Falco ! Tout va bien ?
    — Si on veut. Pertinax a juste essayé de m’assassiner en utilisant la même méthode que pour toi. Il s’est également trompé de cible. Dis-moi, comment as-tu découvert qu’il était vivant ?
    — Tu avais raison. Mon frère avait confié une lettre à son banquier. Elle est arrivée après ton départ.
    — Et le prêtre remplaçant ? demandai-je, à peu près certain de la réponse.
    Gordianus leva les yeux au ciel. Encore un crime à mettre sur le compte de Pertinax, mais toujours sans la moindre preuve.
    La brise favorisait le Scorpion des Mers. Gordianus me demanda si je reconnaissais le bateau. Je lui répondis que non, mais quand il ordonna au capitaine de se diriger vers Capri, la mémoire me revint. Ce capitaine était l’un de mes amis : un type plein de vie, aux petits yeux ronds comme des billes, coiffé d’un drôle de chapeau qui ressemblait à un champignon renversé.
    — Læsus ! Quel heureux moment, en d’autres circonstances !
    Je lui présentai mon neveu qui tendait le cou pour observer en artiste le plus étrange visage de Crotone. Mon regard se porta de Gordianus au capitaine.
    — Vous vous connaissiez déjà, tous les deux, quand j’étais au cap Colonna ?
    — Non ! répondit Gordianus en riant. J’ai fait la connaissance de Læsus quand j’ai eu besoin d’un bateau pour transporter toute ma maisonnée à Pæstum. Plus tard ton nom a surgi dans la conversation et

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