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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Positanum en compagnie d’une amphore de vin.
    Il nous accompagna néanmoins jusqu’à la porte, et nous nous mîmes tous à cligner des yeux en retrouvant la lumière du soleil. Bassus laissa échapper un ricanement.
    — Ce que c’est que le destin, quand même ! (Il pointa le doigt vers la mer.) Les voilà !
    Le vaisseau le plus étonnant qu’il m’ait été donné de voir avançait lentement vers la côte d’Amalfi. Le palais flottant des Ptolémées devait être plus vaste, sans doute, mais je n’avais jamais eu le privilège d’admirer la flotte égyptienne. Le pont de ce bateau colossal atteignait au moins cent vingt coudées de long ; à quai, il devait tout dominer, à la façon des nouveaux immeubles d’appartements de Rome. Il mesurait dans les vingt-cinq coudées de large et, à le voir avancer si lentement, je me dis que sa cale devait être encore plus profonde.
    La seule voile carrée habituelle ne suffisant pas à faire naviguer ce monstre, il possédait toute une collection de voiles rouges. Loin derrière, on distinguait d’autres formes paraissant immobiles à l’horizon. Ces gigantesques navires, profondément enfoncés dans l’eau à cause de leur cargaison, avançaient inexorablement vers nous.
    — Par tous les dieux ! Bassus, c’est quoi ?
    Il s’abrita les yeux de la main pour se protéger du soleil, en observant pensivement le mastodonte.
    — Probablement le Parthénope… Mais ça pourrait aussi bien être le Vénus de Paphos…
    J’avais déjà deviné. Le premier des navires chargés de blé n’allait pas tarder à accoster.

73
    — Bassus, j’apprécie ta loyauté envers Crispus. Figure-toi que j’avais moi-même une bonne opinion de lui. Il n’est plus de ce monde, et si nous n’agissons pas, Atius Pertinax va s’emparer de ces bateaux de grain et menacer Rome. (Le maître d’équipage m’écoutait de sa façon habituelle, le visage fermé. Désireux de ne pas le bousculer, je déclarai avec toute la modestie dont j’étais capable :) J’ai besoin de ton aide, Bassus, ou tout est fichu. Tu as perdu l’homme pour lequel tu travaillais, et aussi ton bateau. Je t’offre la chance de devenir un héros.
    Mes paroles semblaient lui parvenir à travers les vapeurs de l’alcool, car je le vis plisser le front. Le vin avait d’ailleurs l’air de le rendre plus malléable.
    — Entendu. Ça me déplairait pas d’être un héros. Il faut qu’on réfléchisse à un plan.
    Ce n’était plus le moment de jouer les modestes. Je réfléchissais à ce problème depuis que j’étais en Campanie. J’avais déjà un plan, que j’expliquai à Bassus.
    Je le laissai à Positanum pour prendre contact avec les vaisseaux chargés de grain au fur et à mesure de leur arrivée. Quand ils auraient tous jeté l’ancre dans la baie de Salerne, hors de la vue de la flotte de Misène, il me ferait prévenir.
    Lorsque le magistrat remonta sur sa trirème, je lui demandai innocemment de me laisser à Oplontis avec mon petit groupe. Gordianus, mis au courant, se sentait obligé d’accompagner le corps d’Aufidius Crispus jusqu’à Naples, seuls Larius et Milo gagnèrent la terre ferme avec moi. Estimant que mon neveu en avait assez fait pour l’Empire en une seule journée, je le laissai à l’auberge.
    En parvenant à la ferme, je fus d’abord heureux de constater que le brave chien n’était pas au bout de sa chaîne – avant de me dire qu’il pouvait fort bien se trouver en liberté. Milo et moi arrivions à la nuit tombante, après une chaude journée, et la puanteur dégagée par les animaux mal entretenus et le vieux fumier nous soulevait l’estomac. Milo transpirait à grosses gouttes.
    — Tu n’es vraiment bon à rien ! lui soufflai-je joyeusement. Allons, Milo, les gros chiens sont comme les athlètes dans ton genre : ils n’osent pas attaquer avant de sentir la transpiration provoquée par la peur.
    Nous visitâmes les bâtiments extérieurs avant de nous attaquer à la maison d’habitation. Dans la ruine servant d’écurie, je n’eus aucun mal à reconnaître un robuste cheval pie.
    — C’est celui qui portait les bagages de Pertinax quand il m’a suivi jusqu’à Crotone. Je me demande si ce salopard est parti avec le rouan.
    Chassant de grosses mouches bleues d’un revers de la main, je poursuivis l’exploration, suivi par Milo. Nous n’allâmes pas très loin : le chien de garde nous barrait la route.
    — T’en fais pas, Milo,

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