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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’un refuge, admit-il avec un sourire franc. Je suis content de t’y rencontrer.
    Je haussai un sourcil, avec l’impression très nette que j’allais apprendre une mauvaise nouvelle.
    — Tu as quelque chose de spécial à me dire ?
    — Didius Falco, déclara le sénateur avec un sérieux très impressionnant, tu pourras peut-être m’apprendre qui m’a fait l’honneur de me transformer en grand-père ?
    Prenant naissance dans mes boucles humides, un long filet de transpiration courut tout le long de ma tempe, contourna mon oreille, glissa le long de mon cou, puis de ma poitrine, pour aller se perdre dans la serviette nouée autour de ma taille.
    — Dois-je comprendre que tu n’étais pas au courant ? demanda le sénateur d’un ton égal.
    — Non.
    Ma répugnance à admettre qu’elle m’avait caché un secret aussi important se heurtait à de nombreux souvenirs encore très vivaces, qui en confirmaient la réalité : Helena s’évanouissant, renonçant à escalader le Vésuve, parlant de soucis d’argent, pleurant dans mes bras sans aucune raison apparente. D’autres souvenirs plus intimes, plus intenses, effacèrent les premiers.
    — Il paraît évident que ce n’était pas mon problème !
    — Ah ! s’exclama son père, en me regardant d’un air morne. Je vais te parler sans détours : aux yeux de ma femme et de moi, ça l’était. Est-ce que tu nies toute possibilité ?
    — Non. (Je n’avais jamais douté que Camillus Verus était au courant depuis longtemps de mes sentiments pour sa fille… et leur concrétisation. Je pris une profonde inspiration.) Tu n’as sans doute pas envie que je te félicite ?… Pas plus que tu n’envisagerais de me féliciter !
    Cette réaction à fleur de peau m’était dictée par un terrible sentiment d’injustice.
    — Ce serait donc si terrible ? insista le père d’Helena.
    — Terrifiant ! répondis-je.
    Je le pensais vraiment. Le sénateur m’adressa un sourire contraint. Si c’était moi que sa fille désirait, et que nous étions capables de nous entendre tous les deux, je savais qu’il m’estimait assez pour balayer de la main les marchandages habituels. Il posa une main sur mon bras.
    — Est-ce que ça te contrarie beaucoup ?
    — Franchement, je n’en sais rien.
    Camillus essaya alors de m’amadouer pour que je devienne son allié.
    — Écoute, Falco. Il n’est pas question que je brandisse mes privilèges sénatoriaux comme un censeur de l’ancien temps. Rien d’illégal là-dedans.
    — Mais il y a tout de même préjudice…
    — Ne parle pas de ça ! Il y en a eu suffisamment quand Helena était mariée à Atius Pertinax. Une faute que je me suis promis de ne jamais refaire. Je veux son bonheur.
    Il avait soudain l’air désespéré. Il aimait sa fille plus que de raison, et moi aussi !
    — Je ne peux pas la protéger contre elle-même ! Non, je suis de mauvaise foi. La vérité, c’est que son bon sens ne cesse de m’étonner. Elle a raison. Elle mérite une meilleure vie que celle que je pourrais lui offrir, et ses enfants aussi. Sénateur, je ne veux plus discuter de ça avec toi. Pour une bonne raison : si jamais elle l’apprenait, elle en serait furieuse. Pouvons-nous changer de sujet ? Surtout qu’il y a un problème urgent à régler : Atius Pertinax. Tu es au courant de la situation ?
    Il laissa échapper une exclamation de colère. Camillus Verus n’éprouvait pas la moindre sympathie pour son ex-gendre. Beaucoup de pères réagissent ainsi, mais dans son cas, il avait raison.
    Je le prévins que le fugitif se cachait très certainement dans Rome.
    — Renvoyer Helena ici s’est avéré être une grosse bêtise. Jusqu’à ce qu’il soit appréhendé, mieux vaudrait t’assurer qu’elle ne quitte pas la maison.
    — C’est plus prudent, en effet. Je le ferai… dans toute la mesure du possible. Mais étant donné sa condition, je ne pense pas qu’elle ait envie de courir à droite et à gauche.
    Après quelques instants de silence, je demandai presque timidement :
    — Est-ce que tu pourrais me dire si… elle va bien ?
    — Personne ne me dit rien, se plaignit-il.
    Quand il parlait des femmes de la maison, Camillus Verus se faisait toujours passer pour un opprimé, comme s’il n’était que le pater familias tout juste bon à régler les factures, donner des conseils que personne n’écoutait, et se faire mener par le bout du nez.
    Nous échangeâmes un regard

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