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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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sa succession était assurée. Neuf mois après le mariage, Æmilia Fausta donna naissance à un garçon. Il ne périt pas dans l’éruption du volcan, et devint un beau jeune homme musclé. Quelqu’un me le montra du doigt un jour, dans son char bloqué par un encombrement. Pour un homme possédant plus d’argent qu’il n’était permis, il avait l’air sympathique. Il était doté de cheveux bruns, d’un front large et serein, et affichait une expression calme qui me parut vaguement familière.
    Sa mère l’avait appelé Lucius. En souvenir de Crispus, sans doute ?
     
    Je ne peux passer sous silence un autre événement. C’est Bryon qui m’apprit la mauvaise nouvelle. Le lendemain du mariage, l’entraîneur m’avoua :
    — Falco, je crois savoir où se trouve Pertinax.
    — Où ? Dis-le ! Arrête donc de tourner autour du pot !
    — À Rome. Ferox et Petit Chéri doivent participer à leur première course au cirque Maximus.
    Rome ! Rome où j’avais envoyé Helena Justina pour qu’elle y soit en sécurité.
    — J’ai parlé avec la nouvelle maîtresse, poursuivit Bryon. Elle a l’air de savoir ce qu’elle veut ! Ferox doit participer à la course. Elle m’a dit aussi que le consul avait prévu une donation pour toi.
    — Voilà qui me surprend. C’est quoi ?
    — Petit Chéri. (Je n’avais jamais eu beaucoup de chance au cours de ma vie, mais là…) La maîtresse te demande de l’emmener avec toi quand tu partiras.
    Tout citoyen a le droit de renoncer à une donation. Je faillis le faire, avant de me dire que je pourrais toujours vendre cette rosse. Malgré son caractère, il était bien nourri et n’avait aucune maladie visible. Beaucoup de marchands ambulants installés le long de la voie Triomphale vendaient des choses bien pires sur leurs plateaux.
    En surmontant bien des difficultés, je parcourus toute la voie Appienne sur ce bidet bigleux, aux genoux cagneux. Il était difficile à nourrir, plus entêté qu’un âne – et de plus m’appartenait.

Sixième partie
~
La maison sur le Quirinal
    Rome,
    août
     
     
    « Que des hommes d’un certain type agissent comme ils le font, c’est inévitable. Souhaiter qu’il en fût autrement serait comme souhaiter que le figuier n’offrît point son jus. Quoi qu’il en soit, rappelle-toi que dans très peu de temps lui et toi serez morts, et que même vos noms seront rapidement oubliés…»
     
    Marc Aurèle, Pensées

76
    Même en août, quand la moitié des citoyens de Rome sont absents, et l’air si brûlant que la moindre respiration vous enflamme le foie et les poumons, quel heureux contraste avec l’atmosphère débilitante de la Campanie ! En arrivant, j’avais eu l’impression de renaître. Je redécouvrais avec bonheur les temples, les fontaines, les hauts immeubles d’appartements de pacotille, l’arrogance des esclaves vêtus de superbes livrées. Sans compter les gouttes d’eau sur ma tête en passant sous un aqueduc, les disputes, les effluves de myrrhe mêlés à l’exhalaison rance des bordels, l’odeur d’origan flottant parmi la pestilence du marché au poisson. Je me retrouvais aussi excité qu’un enfant découvrant un nouveau jouet. Lorsque je pris conscience du mépris évident d’une ville qui m’avait oublié, mon enthousiasme se calma quelque peu. Rome avait traversé des milliers de rumeurs depuis mon départ. Elle accueillait mon retour avec l’indifférence d’un chien qu’on a offensé.
    Mon premier problème était de me débarrasser du cheval. Justement, mon beau-frère Famia était vétérinaire et s’occupait de chevaux. Pas précisément une chance, car Famia faisait partie des gens à éviter. En outre, je détestais demander des faveurs à ma famille. Aussi peu conformiste que je sois, je ne pouvais pourtant pas garder un cheval de course dans un appartement situé au sixième étage sans susciter les commentaires désobligeants de mes voisins.
    Famia – en définitive le moins odieux des maris que mes cinq sœurs avaient infligés à la famille – était marié avec Maia qui serait restée ma sœur préférée si elle avait renoncé à l’épouser. Pourtant vive et intelligente, elle ne semblait pas remarquer les tares de son mari ; ou alors, vu le nombre, elle y avait renoncé. J’allai trouver Famia à l’écurie où il travaillait, dans la neuvième Région, près du cirque Flaminius. Il possédait de hautes pommettes, et deux fentes à l’endroit où

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