Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
anxieux, avant de gagner le vestiaire pour nous rhabiller. En haut des marches du gymnase, nous nous serrâmes la main. Si le père d’Helena Justina était aussi perspicace que je le croyais, il devait deviner ma déception d’après l’expression de mon visage.
    — Est-ce que… tu vas passer la voir ?
    — Non, mais dis-lui…
    — Oui, Falco ?
    — Ça ne changerait rien.
    Le père de son futur petit-enfant aurait dû se considérer comme l’homme le plus heureux de Rome… si seulement on lui avait demandé de reconnaître sa paternité.
    Il fallait tout de même faire preuve de lucidité. Qui pourrait s’attendre à ce qu’une patricienne romaine de si haute naissance – un père sénateur, deux frères dans le service public, des biens personnels estimés à un quart de million – commette une mésalliance avec l’espèce de plébéien malfamé de l’Aventin que j’étais ?

78
    Il était tard. L’obscurité n’allait pas tarder à être totale. Mes pieds s’agitaient pour se diriger vers la résidence d’Helena, mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. Je songeai à m’arrêter dans un troquet, pour y boire jusqu’à n’avoir plus qu’un seul souci : trouver une âme charitable qui m’expliquerait comment retrouver mon immeuble. Ensuite, j’aurais le choix de tituber jusqu’à mon appartement, ou de m’écrouler ivre mort dans la rue.
    La raison l’emporta : je me rendis au palais. Je fus obligé d’attendre. L’horrible cachotterie d’Helena m’avait mis dans un tel état que la dernière chose que je souhaitais, c’était d’avoir le temps de penser. Je m’installai sur un lit de repos, de plus en plus dévasté par un sentiment d’injustice, au point que j’eus soudain envie de me soûler sur mon propre balcon. Au moment précis où j’allais m’y résoudre, un serviteur m’appela pour me conduire auprès de Vespasien.
    — Désolé de t’avoir fait attendre, Falco. Affaires d’État. (Façon de parler ! Il devait être occupé avec sa concubine.) Tu as l’air bien sombre !
    — Oh ! je pense aux femmes, Cæsar.
    — Ah ! je comprends ! Alors, ce voyage ? Ça t’a plu ?
    — J’ai le mal de mer, et je ne sais toujours pas nager…
    L’empereur me décocha un regard pensif.
    J’étais fatigué, et de fort méchante humeur. Au point de bâcler mon rapport. De toute façon, d’autres personnes beaucoup plus importantes que moi l’avaient déjà mis au courant. Je lui décrivis simplement la mort stupide d’Aufidius Crispus.
    — Le censeur a écrit qu’il s’agissait d’un « malheureux accident de bateau », grommela l’empereur avec colère. Qui commandait la trirème qui a eu des problèmes de gouvernail ?
    — Le préteur d’Herculanum.
    — Lui ? Il est à Rome. Je l’ai rencontré hier.
    — Venu faire admirer son profil, dans l’espoir d’obtenir un poste honorifique à l’étranger ? Sextus Æmilius Rufus Clemens ! proclamai-je. Une bonne vieille famille… Un pauvre idiot, mais maintenant que Crispus est mort, je suppose que « ce malheureux accident de bateau » prend le pas sur moi.
    — Tu peux grincer des dents, Falco, je n’accorde pas de primes pour des sénateurs noyés.
    — Je l’ai su à l’instant où j’ai vu la trirème éperonner le navire de Crispus.
    — Rufus s’est montré très judicieux dans ses conseils à propos de la flotte, me reprocha l’empereur avec son grondement le plus féroce.
    — Oh ! je peux en faire autant, Cæsar ! La flotte de Misène a besoin d’une vraie réorganisation : plus de discipline, et moins de vin !
    — Oui. Et j’ai eu l’impression que Rufus ne refuserait pas le bâton d’amiral. (Au moment où la colère allait m’étouffer, j’aperçus une lueur ironique dans l’œil de l’empereur.) À l’avenir, la préfecture de la flotte de Misène sera réservée à un ami sûr. Ce garçon doit tout de même faire ses preuves en affrontant les périls d’un commandement. Il doit être prêt pour une légion…
    — Quoi ? Dans une province en vue, où son incompétence se manifestera plus visiblement ?
    — Non, Falco. Une carrière publique nous oblige à servir parfois dans les pires lieux qui soient…
    Je retrouvai mon beau sourire.
    — Qu’as-tu trouvé pour Æmilius Rufus, Cæsar ?
    — Une province bien enfermée à l’intérieur des terres, où ses connaissances en matière maritime ne devraient pas nous nuire :

Weitere Kostenlose Bücher