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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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secteur de l’Aventin, l’endroit où j’habitais. Cela me permit de me joindre discrètement aux badauds qui, ayant aperçu les flammes en regagnant leur maison après avoir fait un tour au bordel, s’étaient empressés d’accourir vers leur deuxième distraction de la soirée.
    Il s’agissait d’un temple on ne peut plus modeste, coincé entre l’échoppe d’un boulanger phénicien et la baraque d’un affûteur de couteaux. L’entrée consistait en deux marches usées, sur lesquelles les pigeons se rassemblaient pour échanger des commérages, flanquées de quatre colonnes. Le tout surmonté d’un toit rouge délabré et maculé de nombreuses déjections, les pigeons venant y chercher refuge à chaque fois qu’on les délogeait des marches.
    Il n’est pas rare de voir des temples brûler. Les règles de sécurité concernant ces édifices omettent sans doute les seaux de sécurité et les plates-formes protectrices d’usage. En haut lieu, le fait d’être dédié aux dieux doit paraître suffisant. De toute évidence, les dieux se lassent de veiller sur des autels dont personne n’entretient les flammes perpétuelles.
    L’incendie faisait rage, observé par un attroupement de gens à l’humeur folâtre. Je me joignis à eux et parvins à me propulser au premier rang.
    Les vigiles de l’Aventin, à l’abri sous des porches voisins, se penchaient pour surveiller les flammes qui faisaient rougeoyer leurs visages. Ils constituaient une équipe de balafrés assez effrayante au premier abord. Ils avaient pourtant eu des mères aimantes, et deux ou trois étaient capables de nommer leur père. Parmi eux se tenait mon vieux copain Petronius Longus, un officier bien bâti et calme, un bâton passé dans la ceinture. Je le vis gratter pensivement son menton carré. Tout à fait le genre de type qu’on peut entraîner dans un coin pour discuter des rapports hommes-femmes et de la vie en général. En prime, il savait vous indiquer où se procurer un jambon espagnol. Le handicap de son grade de capitaine n’avait jamais altéré nos liens amicaux.
    J’allai me glisser auprès de lui et scrutai la foule, afin de repérer tout pyromane aux yeux fous. La chaleur semblait assez puissante pour faire fondre la moelle dans nos os.
    — Didius Falco, murmura Petronius, tu vas enfin pouvoir te réchauffer.
    Nous avions fait notre service militaire ensemble dans le froid cinglant du Nord, coincés cinq longues années avec la Deuxième Légion d’Auguste stationnée en Bretagne. La moitié du temps à surveiller la frontière, et l’autre à effectuer des marches forcées et à camper ici ou là. Au retour, nous étions persuadés de continuer à avoir froid pendant tout le restant de nos jours. Petronius avait trouvé une solution : se marier. Plusieurs jeunes dames se montrèrent furieusement disposées à me réchauffer de la même façon, mais je m’empressai de décliner leurs offres.
    — Tu viens de rendre visite à ta chérie ?
    — Laquelle ? demandai-je en souriant. (Il n’y en avait qu’une depuis quinze jours, et je chassai de mon esprit le souvenir de l’avoir offensée le soir même.) Que vient-il de se passer ici, Petro ? Évitable, d’après toi ?
    — La connerie habituelle, à mon avis. Les acolytes du temple sont partis jouer aux dés dans une taverne, un peu plus bas dans la rue. Ils ont dû laisser de l’encens en train de se consumer.
    — Il y a des blessés ?
    — Ça m’étonnerait qu’il y ait quelqu’un dedans. On a trouvé les portes verrouillées.
    Petronius Longus me jeta un coup d’œil en coin, se doutant que je n’avais pas posé ma question au hasard. Il détourna son regard en poussant une espèce de grognement.
    Nous ne pouvions rien faire. Si ses hommes enfonçaient les lourdes portes cloutées à l’aide d’un bélier, l’appel d’air ferait exploser l’intérieur comme une boule de feu. Les flammes sortaient maintenant du toit. Une fumée noire, dégageant une odeur inquiétante, parvenait à mi-chemin du fleuve. À l’endroit où nous nous trouvions, l’intense chaleur faisait briller nos visages comme du verre. Personne ne pourrait survivre au cœur de la fournaise.
    Les portes fermées tenaient toujours debout, quand les poutres s’effondrèrent à l’intérieur en crépitant.
    Quelqu’un avait fini par mettre la main sur la brigade incendie. Elle déverserait des baquets d’eau sur la coquille de l’édifice… après avoir trouvé

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