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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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inclinant la tête. Les effets du choc se prolongeaient et, visiblement, il n’avait pas envie de parler. Cependant, avoir l’esprit occupé ne l’empêchait pas d’avancer à grandes enjambées d’une façon automatique. Je devais faire appel à toute mon énergie pour me maintenir à sa hauteur sans rien perdre de ma dignité.
    — Il n’avait pas eu le temps de rencontrer quiconque ?
    Il me fit signe que non. J’avais l’impression que quelque chose venait de lui revenir à l’esprit.
    — Pendant le dîner, une personne de sa connaissance l’a demandé.
    — Tu as vu de qui il s’agissait ?
    — Non, et il s’est absenté un bref instant. (Le prêtre sembla soudain si fier de son pouvoir de déduction qu’il ralentit sa marche.) Je suppose que Longinus a pris rendez-vous avec cet homme pour plus tard !
    — Dans ton temple ! Tout à fait vraisemblable. Mais comment sais-tu qu’il s’agissait d’un homme ?
    — En venant chercher Curtius Longinus, mon serviteur lui a donné le nom de la personne en question.
    Je murmurai une brève prière pour remercier Hercule.
    — Alors aide-toi, et aide ton temple…
    — Ça m’aiderait en quoi ? demanda le prêtre.
    — Quand notre gracieux empereur dressera les plans de son programme de reconstruction, il ne t’oubliera pas. Surtout que rebâtir les temples sert le prestige des empereurs.
    — Je croyais le Trésor à court de liquidités…
    — Pas pour longtemps. Le père de Vespasien était collecteur d’impôts. Son fils a l’extorsion dans le sang.
    — Tu sembles disposer à ta guise de l’argent que l’empereur n’a pas encore ponctionné. Qui es-tu ?
    — Didius Falco, et je travaille pour le palais.
    — Oh ! (Il redressa la tête pour mieux m’insulter.) Comment un intelligent fils de Rome, qui semble en outre doté d’une bonne nature, peut-il se livrer à une telle activité ?
    — Justement la question que je n’arrête pas de me poser ! Dis-moi plutôt, le pressai-je, le nom de l’homme que Longinus est sorti voir.
    — Barnabas, répondit le prêtre.

9
    Il faisait tout à fait nuit. Sachant qu’il travaillait toujours jusqu’à des heures indues, je n’hésitai pas à user un peu plus le cuir de mes bottes pour retourner voir Vespasien.
    Il me fallut patienter, tandis qu’il se débarrassait des serviteurs qui bourdonnaient en permanence autour de lui mais ne pouvaient jamais assister aux réunions intéressantes. Je ne bougeai pas le petit doigt, le laissant distribuer des tâches à ses secrétaires avant de les congédier.
    Une fois seuls, nous pûmes adopter une attitude moins affectée. Je m’étendis sur une couche impériale destinée à la lecture d’où je pouvais admirer le plafond voûté, à vingt pieds au-dessus de ma tête. La salle était décorée de panneaux vert foncé venant de Brescia, séparés par des piliers d’albâtre d’un crème soutenu. Les torchères dorées, en forme de coquillages, étaient fixées aux murs. De telles illuminations, mettant en valeur un décor raffiné et colossal, faisaient toujours naître en moi un sentiment de malaise – sans doute parce que j’avais passé toute ma jeunesse dans des appartements sombres, mes boucles frôlant les poutres. Je me tenais sur la couche à la façon de quelqu’un craignant que son corps ne laisse une marque indélébile sur la soie.
    Appuyé sur son énorme coude, l’empereur croquait une pomme. Les nouveaux deniers représentaient fidèlement son visage carré et basané, avec un nez en forme de pic, un menton en galoche, et des pattes-d’oie autour des yeux. Ce que les pièces de monnaie ne révélaient pas, c’est que Vespasien Auguste avait trouvé en moi une espèce de dérivatif à son travail. En d’autres mots, nos entretiens lui procuraient une certaine détente.
    — Alors, Falco ?
    Il fit la grimace en regardant son fruit, qui venait très probablement de l’une de ses propriétés : Vespasien n’avait pas pour habitude d’acheter quelque chose qu’il pouvait faire pousser lui-même.
    — Cæsar, loin de moi l’idée d’enjoliver la réputation de ces sauvages des marécages du Nord. Crois-moi, ça me ferait vraiment mal au ventre ! Mais il faut bien reconnaître qu’en ce qui concerne les pommes douces et sucrées, ces foutus Bretons sont imbattables !
    Vespasien avait connu la gloire lors de sa longue carrière militaire en Bretagne. Ma propre campagne, une bonne vingtaine d’années

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