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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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entourait négligemment les épaules de sa femme.
    Après avoir enduré les vicissitudes du mariage pendant cinq ans, ces deux-là vivaient leur vie privée avec une espèce d’ingénuité que leur attitude en public ne laissait pas supposer. Appuyée contre Petronius, Arria Silvia pleurait. Ce n’était plus qu’une jeune femme déçue, ayant épuisé toutes ses forces. Petro la laissait renifler tout son soûl, en continuant de se laisser emporter par ses propres pensées.
    Silvia se sécha les yeux, attirant du même coup l’attention de Petro qui la serra plus fort contre lui. Je l’avais vu embrasser plus de femmes que Silvia n’aurait jamais envie de le savoir. De toute évidence, un simple petit bécot ne suffisait pas à rétablir la paix avec son épouse. Il lui dit quelque chose à voix basse et elle répondit de même, acquiesçant d’un signe de tête. Ils se levèrent et partirent en direction de la route, toujours serrés l’un contre l’autre.
    Mon estomac se noua, et cela n’avait rien à voir avec la faim. Larius daigna enfin apparaître. Je l’informai que j’avais changé d’avis et que nous n’allions pas dîner dehors. Il me suivit dans la chambre. De toute façon, on pouvait lui dire n’importe quoi, lui faire n’importe quelle proposition, il donnait toujours l’impression qu’il aurait été beaucoup plus content de rester chez lui.

24
    Le lendemain, le soleil brillait. Vu l’humeur qui était la mienne à mon réveil, j’en fus surpris.
    Je sortis tout de suite, pensant que le grand air m’aiderait à faire le point. À ma droite et à ma gauche, les deux bras de la baie paraissaient trembler dans une brume très fine. Au large, un brouillard plus épais cachait entièrement l’île de Capri. Par-dessus mon épaule, je pouvais apercevoir les contours mal définis du Vésuve. Malgré l’heure matinale, la lumière se reflétant à la surface de la mer commençait à être éblouissante. Nul doute qu’en disparaissant, cette brume de chaleur allait céder la place à une belle journée ensoleillée.
    Je me sentais affreusement mal dans ma peau. Mon cher neveu, lui, avait dormi comme une souche, en dépit de notre paillasse raboteuse. Petronius ronflait. Sa femme aussi, comme j’avais pu m’en rendre compte.
    — Falco a l’air misérable. Il faut se dépêcher de lui trouver une petite amie ! plaisanta joyeusement Arria Silvia au petit déjeuner.
    Sur ces aimables paroles, elle planta ses dents de renarde dans une pêche.
    — Il suffira de le laisser cinq minutes à Pompéi pour qu’il s’en trouve une tout seul, intervint Petro.
    Il m’était impossible de m’intéresser à des bavardages domestiques. J’étais bien trop préoccupé. Je me trouvais en Campanie, en pleine période de vacances. Hier, j’avais vu les visages rieurs qui nous entouraient de tous côtés : ceux de jeunes femmes au visage ouvert, colorés par l’air vif, que l’atmosphère des vacances rendait très disponibles. Chacune d’elles portait peu de vêtements, et ne demandait visiblement qu’à les enlever… Moi, je me trouvais sur place : un beau garçon vêtu d’une tunique moutarde presque neuve (une bonne occasion enjolivée par ma mère à l’aide de deux rangées de ganse froncée). Pourtant, si une femme ressemblant à une Vénus de Praxitèle avait bondi hors d’une fontaine pour atterrir sur mes genoux, vêtue seulement de sandales fantaisie et d’un sourire aguicheur, je l’aurais repoussée. Je serais parti seul pour aller broyer du noir dans un coin.
     
    Nous les hommes, nous partîmes pour Pompéi le jour même. Juste à l’extérieur de la ville, à l’embouchure du Sarnus, un port desservait aussi les centres plus importants de Nola et de Nuceria. Nous y laissâmes le char à bœuf : après la porte de la Marine, la pente était trop raide. Larius insista pour nous attendre là afin de regarder les bateaux, mais il n’en était pas question : rien qu’à l’idée d’annoncer à ma sœur que son premier-né avait perdu son innocence sur une rive du Sarnus, entre les jambons d’une professionnelle à la taille de barrique, des frissons me parcouraient le dos. Nous enfilâmes tous les trois le passage souterrain à gauche de la porte. Il comportait une pente séparée, réservée aux animaux de trait, que Larius emprunta tout seul. Arrivés en haut avant lui, Petro et moi l’entendîmes murmurer des insanités.
    Pompéi possédait en abondance du

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