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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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de te surveiller. Pour ce genre de choses, tu devras demander à ton père en rentrant à la maison. Il est tout à fait qualifié.
    Le mari de ma sœur Galla était un batelier flemmard, dont la qualité principale était de ne pas se trouver souvent chez lui. Ce qu’on appelle communément « un homme à femmes ». À vrai dire, personne dans la famille ne se serait soucié de cette situation, si ma sœur avait pu l’accepter elle-même. Malheureusement, Galla avait choisi de s’en offusquer. En vérité, s’il est exact qu’il prenait parfois l’initiative de la quitter, c’était le plus souvent elle qui le jetait dehors. De temps à autre, elle se ramollissait et laissait les choses suivre leur cours sans faire de drame, « pour le bien des enfants ». (Ce vieux mythe éculé.) Dans ces cas-là, avec un peu de chance, le père de famille repentant passait un mois avec elle. Et puis, un beau jour, n’y tenant plus, il ne pouvait s’empêcher de courir après un autre péplum. Un peu plus tard, ma sœur pondait un nouveau mioche malchanceux, et toute la nichée devait se débrouiller seule, une fois de plus. Quand l’un d’eux se montrait difficile, c’est généralement moi qui en héritais pendant quelque temps.
    Pour l’heure, Larius affectait son air boudeur habituel. Je n’arrivais pas à deviner si c’était devenu sa physionomie normale, ou si cette expression maussade n’était destinée qu’à moi seul.
    — Déride-toi un peu ! éclatai-je. Si tu tiens vraiment à gaspiller ton argent de poche de cette façon, demande conseil à Petro. Personne ne s’y connaît mieux que lui.
    — Je suis heureux en ménage, moi ! protesta mon ami. (Il fut tout de même en mesure d’indiquer à Larius ce que lui coûterait une prestation de base.)
    — Qu’on arrête de me dire de me dérider à tout bout de champ ! déclara soudain mon neveu avec hauteur.
    Sur ces mâles paroles, il se pencha au-dessus de la fontaine, et il se mit à boire de l’eau d’un air absent. Abordé par un maquereau, il se hâta de nous rejoindre. Petronius et moi fîmes comme si nous n’avions rien vu.
    Je restai un moment appuyé au comptoir en contemplant le fond de mon gobelet, tout en dénombrant mes nombreux neveux. Larius, impatient de jeter sa tunique par-dessus les moulins à l’âge de 14 ans, n’était que le premier d’une longue liste. Par la faute de mon fantôme de père, on me considérait comme le chef de famille. Je venais d’être abandonné par la femme à qui j’avais donné mon cœur, je me mêlais de haute politique, je furetais le long de la côte à la recherche d’un renégat, tout en évitant de tomber sous les coups d’un assassin… et n’en devais pas moins accomplir la promesse faite à ma sœur : expliquer à Larius les faits de la vie qu’il n’avait pas appris de la bouche de ses exécrables copains d’école. Petronius Longus savait toujours faire preuve de sympathie envers un homme en train de traverser une crise grave. Il me fila une claque dans le dos propre à m’arracher les poumons, et paya le pichet de vin.
    De retour dans la rue, je me surpris à regarder furtivement par-dessus mon épaule, effrayé à l’idée que je pourrais être suivi par un spectre grimaçant enveloppé dans une sinistre cape verte.

25
    Nous étions venus là pour y rencontrer un homme. Vu les circonstances, nous suspections qu’après un interminable laïus destiné à endormir notre méfiance, il allait tenter de nous voler comme au coin d’un bois. Étant donné qu’il était plombier, nous avions de bonnes raisons de nous méfier.
    Nous nous dirigeâmes vers le nord, passant devant le temple de Fortuna Augustus pour gagner le château d’eau situé près de la porte du Vésuve. Pour l’instant, les trottoirs surélevés de Pompéi étaient tellement encombrés qu’il n’était pas question de les utiliser nous-mêmes. Les trois honnêtes étrangers que nous étions n’avaient qu’à se frayer un chemin à travers les détritus jonchant la chaussée. Quand on se concentre pour éviter d’enfoncer ses sandales dans le plus collant du crottin de mule, il est difficile d’observer en même temps ce qui vous entoure. Néanmoins, en jetant par instants un coup d’œil dans les allées croisant le chemin principal, nous pouvions apercevoir les cimes des plantes treillagères et des noyers par-dessus les hauts murs des jardins. Les façades de ces belles demeures à un

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