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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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des semaines et des
défaites, une solide clientèle d’aigris qui vantaient ses mérites et
regrettaient qu’il n’ait point succédé à Mohammad.
    La capitulation d’Abdallah Ibn
Sama’a obligea Mundhir à réagir. Il envoya l’un de ses officiers, Aswagh Ibn
Fotais, mettre le siège devant le château d’Iznajar conquis par les partisans
d’Ibn Hafsun. Ayant investi la place, le vieux général promit aux défenseurs la
vie sauve s’ils acceptaient de se rendre et de faire allégeance à l’émir. À
peine avaient-ils déposé leurs armes qu’ils furent tous massacrés jusqu’au
dernier par les troupes de l’émir. Aswagh eut beau protester et clamer qu’il
était ainsi déshonoré à jamais, le prince Abdallah, dépêché sur place,
prétendit avoir reçu des consignes formelles en ce sens de Mundhir, dont
l’inutile cruauté et la félonie furent sévèrement jugées.
    Fort de ce premier succès, Abdallah
se dirigea vers Lucena dont les habitants lui ouvrirent grandes les portes.
Cette ville avait une particularité. Elle était à l’époque entièrement et
uniquement peuplée de Juifs. Ces prospères négociants, qui avaient l’habitude
d’envoyer leurs marchandises à Kurtuba, avaient reçu une lettre d’Obadiah Ben
Jacob les incitant à prendre parti pour le souverain et à faire étalage de leur
loyalisme. Le rabbin avait écrit cette missive sur les conseils pressants de
Mohammad al-Razi auquel il ne pouvait rien refuser puisque le Persan avait
permis à son fils de revenir sain et sauf de Babylonie. Obéissant à celui
qu’ils tenaient pour leur chef spirituel, les Juifs de Lucena avaient réuni une
grosse somme d’argent qui leur avait servi à recruter des centaines de
mercenaires placés sous les ordres du général Abdallah Ibn Mohammad Ibn Modar
et d’un eunuque, Aïdoun, qui ne faisait pas mystère de ses liens avec le fils
du souverain. Ces recrues, que les paysans surnommaient ironiquement les
« Juifs de l’émir », avaient infligé une cuisante défaite aux
partisans d’Omar Ibn Hafsun qui avait jugé plus prudent de regagner son domaine
de Bobastro.
    Pendant de longs mois, loyalistes et
rebelles s’observèrent prudemment, refusant tout engagement. Mundhir était
préoccupé par les nouvelles en provenance de Tulaitula. Le 1 er shawwal 274 [63] ,
Mousa Ibn Zennun, s’appuyant sur un chef berbère, Lubb Ibn Tarbisha, s’était
emparé de cette cité et en avait chassé la garnison avant de s’autoproclamer
gouverneur. Il avait fait main basse sur les taxes collectées par les agents du
fisc dans la région qui manquaient désormais cruellement au Trésor public.
Mohammad al-Razi fut dépêché sur place pour négocier un arrangement. Moyennant
le versement d’une importante gratification, les deux maîtres de l’ancienne
capitale firent leur soumission et remirent au marchand persan ce qui restait
des impôts. L’émir put payer les arriérés de solde de ses militaires et annonça
que, sous peu, il viendrait châtier Omar Ibn Hafsun et ses partisans. Cette
expédition fut retardée par les pluies diluviennes qui s’abattirent sur
al-Andalous et durèrent plus longtemps que d’habitude. Rassemblée sur
l’emplacement de l’ancien Faubourg, l’armée ne put se mettre en marche et le
camp se transforma en un gigantesque cloaque où les hommes cherchaient à
s’abriter tant bien que mal des intempéries. Une épidémie se déclara,
provoquant la mort de plusieurs centaines de cavaliers et de fantassins.
    Mundhir fut obligé de patienter
jusqu’à l’arrivée du printemps avant de prendre la route d’Urshuduna [64] .
Cette ville était occupée par le muwallad Aïshoun qui, allié à trois chefs
berbères de la tribu des Banouh Matrouh, Harib, Awn et Talout, avait gagné la
confiance de la population en redistribuant à celle-ci les biens confisqués aux
propriétaires arabes massacrés. Arrivé à l’improviste, Mundhir encercla la
cité, intercepta tous les convois de ravitaillement et coupa l’aqueduc
acheminant l’eau aux fontaines publiques. Très vite, les assiégés en furent
réduits à manger les cadavres des animaux et à se battre pour partager l’eau
saumâtre des rares citernes existantes. Vieillards, femmes et enfants tombaient
comme des mouches. Désespérés, les principaux notables envoyèrent le plus âgé
d’entre eux, Abd al-Aziz Ibn Raouf, dans le camp du monarque pour savoir à
quelles conditions celui-ci accepterait de les

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