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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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sentier menant à la poterne de la forteresse. Le chef muwallad le
reçut sur la terrasse ombragée où il aimait à se tenir dans la journée. D’un
ton moqueur, il dit à son visiteur :
    — Souhaites-tu qu’un esclave
t’apporte une couverture ? Tu m’as l’air transi de froid. Quel contraste
avec la fournaise de la plaine où est établi votre camp !
    — Je te remercie, je n’en ai
nul besoin. Ma carcasse est encore solide et un petit vent frais ne nuit pas à
la santé… en cette saison du moins, car je n’aimerais pas être ici dans quatre
mois…
    — Que veux-tu dire par
là ?
    — Qu’il fera alors froid, très
froid. Et que tu regretteras amèrement de ne pas avoir fait rentrer du bois
pour te chauffer.
    — Tu as remarqué ce
détail !
    — Oui et je ne vois aucun arbre
ici. Je te plains bien sincèrement. Pourquoi t’obstiner à mener une aussi rude
existence alors que tu pourrais vivre dans un palais somptueux à Kurtuba ?
    — Je note avec satisfaction que
tu me vois déjà émir.
    — Détrompe-toi, ce n’est pas à
cela que je fais allusion.
    — C’est pourtant uniquement
dans ce cas que je puis espérer fréquenter la capitale.
    — Pas forcément.
    Omar Ibn Hafsun fixa attentivement
son interlocuteur et observa un long silence. Les derniers mots d’Abd al-Aziz
Ibn Raouf l’avaient désarçonné. Une seule question lui brûlait les lèvres et il
n’osait la poser de peur de passer pour un couard. L’envoyé de Mundhir devina
son trouble :
    — Je sais à quoi tu penses et
je ferai comme si tu m’avais interrogé. Notre souverain a suffisamment combattu
sur les champs de bataille pour apprécier tes qualités de soldat. Il rêve d’en
découdre avec les Chrétiens dès que la paix sera revenue dans son royaume. Tu
portes haut l’épée de l’islam et je suis persuadé qu’il sera ravi de te compter
au nombre de ses généraux.
    — En dépit de mes fautes…
    — Omar, je me réjouis de te
voir employer ce mot. Tu es sur le bon chemin, il ne te reste plus qu’à en
tirer les conséquences.
    — Tout doux, mon brave ami,
tout doux. Nous ne faisons que commencer nos discussions et tu voudrais que je
capitule déjà. Ce n’est pas ainsi que je comprends une négociation. J’ai besoin
de solides garanties.
    — Moi aussi.
    — Assurément. Pour te prouver
ma bonne volonté, je te laisse fixer tes exigences et je te promets que ta
première demande sera satisfaite.
    — Je n’en ai qu’une pour
l’instant. Je souhaite repartir d’ici à ce soir porteur d’une lettre que tu
auras écrite à Mundhir et qui contiendra ces simples mots : « Je
viendrai habiter Kurtuba avec ma famille. Je serai l’un de tes généraux et mes fils
deviendront tes clients. »
    — Cette missive te sera remise
ce soir.
    Le lendemain, l’émissaire quitta
Bobastro et fut immédiatement reçu par l’émir dont la santé continuait à
décliner. D’un ton plaintif, le malade demanda :
    — M’apportes-tu de bonnes nouvelles ?
    — D’excellentes. Juge toi-même
par le courrier que t’adresse Omar Ibn Hafsun.
    — Dois-je attendre l’arrivée
d’Abdallah ?
    — Assurément, car cela lèvera
les dernières hésitations de ton ennemi. Mais il ne t’est pas interdit de faire
un geste pour manifester ta satisfaction.
    — Lequel ?
    — Envoie-lui quelques présents
pour le remercier de ses bonnes dispositions.
    L’émir fit parvenir à l’assiégé
plusieurs tuniques d’apparat ainsi que la copie de l’acte d’amnistie qu’il
était prêt à promulguer. Il assura son correspondant qu’il lui confierait la
charge de commander les contingents de volontaires cordouans et qu’il
recevrait, outre plusieurs domaines, une pension mensuelle de deux mille
dinars. Quant à ses fils, ils seraient nommés dans le corps des pages. Omar Ibn
Hafsun répondit que, dans ces conditions, il était prêt à faire immédiatement
sa soumission. Il sollicitait toutefois une faveur supplémentaire. Tous ses
biens se trouvaient à Bobastro et il manquait de bêtes de somme et de chariots
pour les transporter à Kurtuba. Heureux d’en finir avec cette campagne sans
avoir à combattre, Mundhir lui envoya plus de cent cinquante mulets avec leurs
conducteurs et un nombre équivalent d’esclaves pour charger les bêtes.
    Omar Ibn Hafsun, qui n’en était pas
à une trahison près, garda pour lui les animaux et enrôla dans son armée
muletiers et serviteurs qu’il eut

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