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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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sol.
    — Quel prétexte vais-je
invoquer pour le faire exécuter ?
    — Rien de plus simple. Je suis
prêt à jurer sur le saint Coran, s’il le faut, que ce pourceau, fier de ses
victoires, m’a contacté et offert une somme d’argent considérable pour te tuer.
J’affirmerai que c’est pour cette raison qu’il avait abusé de ton courage en
t’envoyant mener l’opération la plus risquée de cette campagne en toute
connaissance de cause. Plusieurs de mes officiers confirmeront mes dires et
ajouteront qu’il avait demandé à Kuraib, ici présent, de fermer à votre armée
les portes d’Ishbiliyah. Ce sont là autant de charges suffisantes pour
justifier sa condamnation.
     
    Ravi de se tirer à si bon compte du
mauvais pas où il se trouvait, Mutarrif accepta les exigences d’Awsat Ibn
Tarik. Trois jours après leur entrevue, le chef berbère se constitua
prisonnier. Le prince informa Abd al-Malik Ibn Abdallah Ibn Umaiya de sa
victoire qui concluait heureusement cette saifa et lui proposa d’opérer la
jonction de leurs deux armées à un jour de marche d’Ishbiliyah. De la sorte,
ils pourraient préparer de concert leur entrée triomphale dans la ville où de
grandes réjouissances se préparaient en leur honneur. Le confident d’Abdallah
ne fit pas mystère de son dépit. Le prince s’était montré meilleur stratège
qu’il ne le pensait et s’était emparé d’une forteresse réputée inexpugnable. Il
lui faudrait le féliciter et s’extasier sur son courage et ses compétences.
C’était là un mauvais moment à passer. Toutefois, ce succès était peu de choses
à côté des victoires que lui avait remportées et qui lui vaudraient un surcroît
de faveurs de la part de l’émir.
    Leurs armées se retrouvèrent donc à
l’endroit convenu et les soldats passèrent de longues heures à évoquer les
prouesses de leurs chefs respectifs, n’hésitant pas à les amplifier. Quelques
rixes éclatèrent et, d’un air doucereux, Mutarrif ne cacha pas que ces
querelles l’attristaient. Il déclara que pour sceller, après leurs désaccords,
sa réconciliation avec Abd al-Malik Ibn Abdallah Ibn Umaiya, il avait décidé
d’offrir à ce dernier, le lendemain, un banquet à l’issue duquel il annoncerait
un grand événement. Ses agents firent circuler le bruit qu’il comptait donner
en mariage sa fille aînée à l’un des fils de son ancien rival qui deviendrait
ainsi parent par alliance du souverain. C’était là un privilège insigne et
l’intéressé, prévenu, y ajouta crédit. Abdallah voulait sans doute lui marquer
de la sorte sa reconnaissance et avait contraint son fils à ce geste, sachant
qu’il ne pourrait lui désobéir. Le monarque était assez rusé et perfide pour
avoir imaginé pareille combinaison destinée à neutraliser les rivalités entre
son fils et son conseiller.
    Revêtu de ses plus beaux atours et
accompagné d’esclaves portant de somptueux présents destinés à son hôte, Abd
al-Malik Ibn Abdallah Ibn Umaiya pénétra sous la tente de Mutarrif. Il touchait
au sommet de sa réussite et cachait mal sa satisfaction. Il sursauta
brusquement en découvrant, parmi les convives, Awsat Ibn Tarik aux côtés duquel
se trouvait Kuraib Ibn Khaldun. Les deux hommes devisaient amicalement et
interrompirent leur conversation pour saluer respectueusement le général.
Furieux, celui-ci apostropha son ancien subordonné :
    — Que fais-tu ici ? Tu as
osé te rebeller contre l’émir et tu as payé cher cette folie. Mutarrif t’a
défait et, à sa place, je t’aurais fait exécuter sur-le-champ. Sans doute
a-t-il voulu me réserver la joie d’assister à ton châtiment ?
    Mutarrif avait placé le général près
de lui et avant qu’on ne serve les plats, le prévint :
    — Tu es un bon Musulman mais je
sais que tu ne répugnes pas à boire du vin quand tu es loin de la cour. Je me
souviens qu’un jour, mon père t’en avait fait le reproche et que tu avais
protesté. Tu avais affirmé qu’il s’agissait d’une calomnie et il t’avait
rétorqué d’un ton amusé : « Toutes les apparences prouvent le
contraire de ce que tu dis et annoncent l’inanité de tes excuses. Si tu avouais
ta faute et demandais pardon pour ton péché, cela serait plus digne et pourrait
te faire plus facilement pardonner. »
    — Tu as une mémoire redoutable
et je me rappelle que j’avais alors dit : « J’ai commis une faute et
suis coupable de ce péché. Je ne suis

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