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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Condamné à mort, Abd al-Malik fut exécuté séance tenante.
Pour parer à l’éventualité d’une mutinerie de ses soldats, Mutarrif les envoya
mater l’insurrection que venaient de déclencher les fils de deux anciens
vassaux d’Ibn Marwan Ibn Djilliki, Abd al-Malik Ibn Abi-L-Djawada et Bakr Ibn
Yahya Ibn Bakr, qui voulaient reconquérir les fiefs jadis possédés par leurs
pères.
     
    Mutarrif attendait le moment propice
pour faire son entrée dans Ishbiliyah. Kuraib Ibn Khaldun lui avait affirmé
qu’une certaine effervescence régnait dans la ville, les esprits étant troublés
par les derniers événements. Les notables se demandaient avec inquiétude quelle
serait la réaction du monarque quand il apprendrait l’exécution du plus fidèle
de ses conseillers. Ils ne préféraient donc pas se compromettre avec son
bourreau et avaient ordonné qu’on ferme les portes de la cité. Quelques heurts
sans gravité s’étaient produits entre les patrouilles de l’armée et des
détachements de la garnison. Désireux de ne pas envenimer les choses, le prince
fit savoir à Kuraib Ibn Khaldun qu’il respecterait une trêve tacite à condition
qu’il lui livre en otage son frère Walid et le fils d’Ibrahim Ibn Hadjdjadj,
Abd al-Rahman Ibn Ibrahim. Dûment chapitrés par les autres dignitaires arabes,
les deux hommes s’étaient installés dans le camp princier, accompagnés de leurs
serviteurs et de lourds chariots chargés de ravitaillement. Grands seigneurs,
ils offrirent à Mutarrif et à ses officiers de somptueux banquets, devisant
agréablement avec ceux qu’ils appelaient en plaisantant « leurs
geôliers ».
    C’était, sans le savoir, un sinistre
pressentiment. Excédé de ne pas avoir de nouvelles de Kuraib Ibn Khaldun,
parti, lui dit-on, pour Kurtuba, Mutarrif fit arrêter les otages. Ils étaient
désormais ses prisonniers et ne seraient épargnés que moyennant le versement de
cinquante mille pièces d’argent et l’ouverture des portes d’Ishbiliyah.
    Sitôt prévenus, Khalid Ibn Khaldun
et Ibrahim Ibn Hadjdjadj payèrent la rançon et le prince fit son entrée dans la
ville dont les habitants s’étaient soigneusement barricadés chez eux par
crainte des pillages. Il fit partir sous bonne escorte une partie de la
rançon – il garda l’autre pour lui – pour la capitale, expliquant à
son père qu’il s’agissait là de sommes détournées par Abd al-Malik Ibn Abdallah
Ibn Umaiya. Ce dernier, non content d’être un traître, était aussi un voleur et
le prince affirmait se réjouir d’avoir mis un terme à ses exactions demeurées
trop longtemps impunies. La lettre qu’il reçut en réponse de l’émir le remplit
de joie. Jamais Abdallah ne s’était adressé à lui sur un ton aussi amical et
chaleureux :
     
    À notre fils bien-aimé, Mutarrif
qu’Allah le Tout-Puissant et le Miséricordieux veille sur lui et le
protège ! Nous souhaitons te féliciter pour le zèle que tu as déployé à
notre service. Nous avons été heureux d’apprendre que les cités rebelles ont
fait leur soumission et nous te remercions des sommes d’argent que tu nous fais
parvenir. Notre joie cependant a été attristée par la révélation du complot
ourdi contre nous par celui que nous tenions pour le plus fidèle et le plus
dévoué de nos conseillers. À la lecture des documents que tu nous as fait
parvenir et des dépositions recueillies auprès des témoins de ses forfaits,
nous avons dû nous rendre à l’évidence et tu peux imaginer notre amertume.
    Ce mécréant a élevé entre nous
deux un mur d’incompréhension. Celui-ci est tombé comme les murailles des
villes que tu as conquises. J’aurai sous peu l’occasion de te prouver de
manière éclatante ma reconnaissance et de te demander ainsi pardon des
injustices dont tu as été la victime de la part d’Abd al-Malik Ibn Abdallah Ibn
Umaiya.
    Dès réception de cette lettre,
hâte-toi de partir pour Kurtuba. Laisse toutefois une garnison importante à
Ishbiliyah car je me méfie des Banu Khaldun et des Banu Hadjdjadj. J’ai
d’ailleurs refusé de recevoir Kuraib Ibn Khaldun qui prétendait avoir été
envoyé par toi. Rien ne prouvait ses dires et tu comprendras aisément que j’ai
cent fois plus de raisons qu’auparavant de me méfier de ceux qui se disent être
nos amis.
    Abdallah Ibn Mohammad Ibn Marwan.
     
    L’accueil que la capitale réserva à
Mutarrif fut triomphal. Le prince jouissait enfin de la popularité

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