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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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dans sa tribu, installée
depuis la conquête dans cette région. C’est notre adversaire le plus coriace et
je ne prendrai pas la responsabilité de l’attaquer avant d’avoir soumis les
autres rebelles.
    — Aurais-tu peur de lui ?
se moqua le prince.
    — Disons que je le redoute plus
que tout autre, répliqua le général, et je t’ai expliqué pourquoi.
    — Eh bien, à moi, ce chien ne
me fait pas peur. Puisque tu refuses de marcher contre lui, je le ferai à ta
place et je t’apporterai sous peu sa tête.
    — Noble prince, je ne puis te
laisser courir un pareil danger. J’ai juré à ton père que je veillerais sur ta
sécurité et je suis lié par ce serment.
    — Mettrais-tu en doute mon
courage ?
    — Ce n’est pas ce que j’ai
voulu dire et tu le sais bien.
    — Tu trembles devant un
Berbère, tu trembles devant l’émir et, si d’habitude, une femme venait à
passer, tu t’imaginerais qu’elle constitue un grave danger, affirma, d’un ton
hautain, Mutarrif. Suis-je ou non le fils de l’émir ?
    — Tu l’es.
    — Dans ce cas, j’ai prééminence
sur toi et je te délie de l’engagement que tu as pris. Si tu as peur pour ta
carrière, je suis prêt à te remettre une lettre t’exonérant de toute
responsabilité dans cette affaire. S’il m’arrivait malheur, tu pourras toujours
l’utiliser.
    Abd al-Malik Ibn Abdallah Ibn Umaiya
fit mine de se montrer intraitable ce qui eut pour effet de redoubler la colère
de Mutarrif. Celui-ci tempêta tellement que le général, simulant un
mécontentement extrême, finit par céder, protestant hautement qu’il y était
contraint par le respect dû à un membre de la famille régnante. En réalité,
ainsi qu’il l’expliqua au chef de sa cavalerie, il était parvenu à ses fins. Il
lui avait suffi de contrarier le prince pour que ce dernier, piqué au vif,
s’emporte comme un gamin capricieux.
    Mutarrif partit avec un quart de
l’armée et les machines de siège encercler le repaire d’Awsat Ibn Tarik.
Pendant ce temps, Abd al-Malik réduisit un par un, les autres chefs rebelles,
profitant de leur désunion. Il remportait victoire sur victoire et imposait aux
cités soumises de très lourdes amendes qu’il faisait parvenir à Kurtuba, à la
grande satisfaction du monarque. Les caisses du Trésor public étaient en effet
pratiquement vides et Abdallah avait bien besoin de cette manne pour payer les
fournisseurs de la cour et les soldes des fonctionnaires chez lesquels la
révolte grondait.
    Le wali de Tulaitula, Mohammad Ibn
Abd al-Aziz Ibn Abi lui envoyait en effet rapport alarmiste sur rapport alarmiste.
Cet homme pondéré, qui avait été l’un des meilleurs conseillers de son père et
de son frère, le mettait en garde contre l’état d’esprit des populations du
Nord qui s’estimaient négligées par le pouvoir central. Faute de soldats en
nombre suffisant, les routes n’étaient pas sûres. Elles étaient infestées de
bandits qui interceptaient les convois et les caravanes, détroussaient les
voyageurs ou les retenaient en captivité pour exiger de leurs familles
d’énormes rançons. À Tulaitula même, une partie de la muraille s’était
effondrée et il fallait la réparer d’urgence car les Chrétiens du Nord
s’agitaient à nouveau, prévenus sans doute par leurs coreligionnaires locaux.
Agacé par ce déferlement de lettres, l’émir avait retourné l’une d’entre elles
au wali avec cette annotation furieuse :
     
    Je te fais les compliments
d’usage. Cela dit, si ton zèle à examiner et à surveiller ce dont je t’ai
chargé répond à la régularité de tes messages et au soin que tu mets à
t’occuper de ce que tu regardes comme ta besogne la plus sérieuse, tu
compterais parmi mes auxiliaires les plus utiles, les plus sagaces, les plus
résolus. Fais moins de lettres sans but et sans utilité. Emploie tes soins, ton
intelligence et ton zèle à des affaires où se montrera ton talent, d’où ressortira
ta capacité.
     
    Mohammad Ibn Abd al-Aziz Ibn Abi
n’était pas homme à se laisser impressionner par un tel message. Il fit
parvenir au souverain un vaste coffre contenant seulement ces mots :
     
    Si je recevais en retour l’argent
nécessaire pour réparer les murailles, sache que j’oublierais avec plaisir
l’art d’écrire. J’estime en effet que ce n’est pas pour jouer les greffiers que
tu m’as nommé wali. Encore me faut-il les moyens d’exercer mes fonctions pour
ton bien et

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