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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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rançon que tu leur
as extorquée en échange de la libération de leurs parents détenus en otages que
tu menaçais de faire exécuter.
    — C’est pure calomnie !
Eux aussi cherchent à me perdre par tous les moyens. Tu m’as toi-même écrit que
tu avais refusé de recevoir ce chien de Kuraib Ibn Khaldun qui osait se
recommander de moi.
    — Je n’ai pas menti, je ne l’ai
pas rencontré. Le hadjib l’a en revanche longuement interrogé et nous avons pu
constater que, pour une fois, les accusations qu’il portait contre toi
n’étaient pas dénuées de fondement.
    — Je proteste.
    — Qu’on aille chez le prince
Mutarrif chercher deux coffres en sa possession et qu’on apporte deux des
coffres précédemment reçus, ordonna l’émir à ses gardes. Je resterai ici avec
mes fils à les attendre. Quand ils seront là, vous demanderez à Kuraib Ibn
Khaldun de nous rejoindre.
    — Ce misérable est toujours à
Kurtuba ?
    — Tu ne tarderas pas à
comprendre pourquoi.
    Pendant deux heures, l’émir et son
fils patientèrent.
    Abdallah vaquait à ses obligations
habituelles, dictant ses ordres à des greffiers ou accordant des audiences à
des courtisans venus solliciter des faveurs et qui repartaient, le plus
souvent, bredouilles. Finalement, Kuraib Ibn Khaldun fit son entrée et,
ignorant superbement le prince, s’inclina respectueusement devant le monarque.
    — Noble seigneur, je te
présente mes respects et t’assure de ma fidélité.
    — J’accepte les premiers et je
doute de la seconde.
    — À tort.
    — C’est ce que nous verrons.
Confirmes-tu que Mutarrif a exigé des tiens et des Banu Hadjdjadj cinquante
mille pièces d’argent pour la libération de vos parents.
    — Je confirme.
    — C’est faux ! tonna le
prince.
    — La preuve se trouve ici dans
ces coffres, lui rétorqua Kuraib Ibn Khaldun.
    — Mensonge éhonté ! Tu
veux t’approprier ce qui appartient au Trésor public.
    — Je veux simplement récupérer
l’argent qui nous a été volé par traîtrise. Quand tu as réclamé cette somme, nous
l’avons réunie sur l’heure car nous savions que tu n’hésiterais pas à faire
exécuter tes prisonniers. Néanmoins, mon frère Walid a pris une sage précaution
car il entendait porter plainte auprès de ton père. Dans chacun de ces coffres,
il a placé, outre les monnaies qui ont cours légal, trois pièces très anciennes
utilisées jadis par les anciens maîtres de ce pays.
    — Là encore, tu mens, tonna
Mutarrif.
    — Mon fils, dit l’émir, j’ai
une seule question à te poser. As-tu fait procéder au décompte des sommes contenues
dans les coffres que tu as apportés avec toi ?
    — Pas plus qu’à celui des
coffres que tu as reçus. Cette tâche incombe aux agents du fisc et je ne me
serais jamais permis d’agir à leur place. Je te le répète, il s’agit des sommes
volées par ton général.
    — Qu’on procède immédiatement à
leur inventaire !
    Une nuée de fonctionnaires, que le
hadjib avait pris la précaution de faire venir, alignèrent, comptèrent et
recomptèrent les pièces, mettant de côté certaines d’entre elles. Quand ils
eurent terminé cette tâche fastidieuse, un tas de douze pièces était disposé à
part. Abdallah les examina attentivement. Il n’en avait jamais vu de
semblables. Aucune ne pouvait avoir été frappée dans ses ateliers ni venir
d’Ifriqiya ou d’Orient. Pour plus de sûreté, il demanda au sahib al-suk [89] et à un changeur juif, convoqué spécialement pour la circonstance, si ces
pièces étaient encore utilisées. Le premier s’esclaffa :
    — Elles portent des
inscriptions latines et ont été mises en circulation il y a très longtemps de cela,
bien avant l’arrivée de nos pères en al-Andalous.
    Le Juif, lui, les examina
attentivement :
    — Une chose est sûre :
elles ne proviennent d’aucun des pays avec lesquels nous commerçons. Elles ont
dû être fabriquées à une époque troublée car elles sont de mauvaise qualité.
Leur teneur en argent est faible. J’ignore d’où elles viennent, mais je ferais
arrêter l’impudent assez fou pour oser me les proposer.
    Confondu, Mutarrif dut reconnaître
qu’il avait effectivement exigé des Banu Khaldun et des Banu Hadjdjadj une
rançon et qu’il avait imaginé accuser Abd al-Malik Ibn Abdallah Ibn Umaiya
d’avoir dérobé ces sommes. Il demanda humblement pardon à son père de ce geste,
ajoutant avec fiel :
    — Je savais que les

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