Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Adieu Cayenne

Adieu Cayenne

Titel: Adieu Cayenne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert Londres
Vom Netzwerk:
petit Dieudonné !
    Sept heures, le lendemain. Jean-Marie et moi
nous sommes dans le carbet. La vieille panse les plaies de nos
pieds. Du bruit. Ce sont les trois compagnons, trois têtes
inconnues. On est sept mille au bagne ! Pirate et Strong
suivent. Jambe de Laine suit.
    – Payez ! dit Strong.
    Pirate me remet les mille francs. Je paye.
    – Paye, dit Pirate, tendant la main et
montrant Jambe de Laine.
    Je paye.
    Les trois s’appellent : Dunoyer
(meurtre) ; Louis Nice (assassinat) ; Tivoli, dit le
Calabrais (meurtre).
    Malade, la femme du nègre n’avait pu
l’accompagner pour ramener l’argent. Aussi partit-il lui même pour
Cayenne. Il avait promis d’être de retour à minuit.
    Il ne vint pas. Le lendemain non plus.
Ah ! nous étions de brillants individus ! Volés par
Strong, dénoncés par Pirate. Plus d’argent, la pluie, la faim.
    À la nuit, je prends le Calabrais et je lui
dis :
    – Tant pis ! Pirate doit être chez son
Chinois, allons !
    Il y était. Nous le sommons de nous conduire
d’urgence chez Strong. Mais il était saoul.
    – La nuit prochaine, dit-il.
    Nous retournons dans la forêt. Il pleut.
    Le lendemain, à midi, j’entends un bruit. Le
haut des taillis remue. Un Arabe passe sa tête, il me fait signe
d’approcher. J’ai un mouvement de recul. Il insiste. J’y vais. Les
compagnons me suivent.
    – Vous êtes dénoncés, nous dit-il. Je suis
chargé de repérer votre refuge. D’autres Arabes cherchent ailleurs.
Pirate vous a vendus, mais toi, Dieudonné, tu as sauvé Azzoug, –
c’était le marabout des forçats musulmans ; il était en train
de se noyer, un jour, aux îles du Salut, – alors, nous, les Arabes,
nous ne dirons pas où vous êtes. Je suis venu te prévenir. Jambe de
Laine est filé. Fuyez.
    Nous ne sommes plus que des bêtes de brousse
traquées par les chasseurs d’hommes. Nous tombons sur des
« mouches-sans-raison ». C’est pire qu’un essaim
d’abeilles. Nous approchons heureusement d’une savane inondée. Nous
y plongeons. Elles nous laissent.
    Louis Nice connaît la demeure de Strong. Il
ira seul. Nous l’attendrons de l’autre côté de Cayenne.
    On se sépare. C’est la nuit. On traverse
Cayenne. Depuis trente-six jours, je n’ai plus revu la ville !
Pas un casque de surveillant. Je suis déjà devant l’église. Mes
narines se pincent, tellement j’ai peur. Mais la chasse est
commencée, et nous sommes forcés. J’arrive place des Palmistes. À
droite, l’hôpital, quelques lumières ; à gauche, la poste, un
blanc en sort. Je me cache. Des urubus se couchent, des
crapauds-buffles beuglent. Silence. Obscurité. Mélancolie. La
brousse ! Cayenne est traversée !
    À huit heures du soir, Nice arrive au
rendez-vous. Il sort de chez Strong. Il n’y a trouvé que sa femme.
Son mari est dehors et nous attend depuis deux jours. La femme
avait conduit Nice au rendez-vous. Et maintenant, nous suivons
Nice.
    Deux heures de marche. Une crique. Strong est
là, assis sur son fusil, fumant sa pipe. Il rit.
    – Vous avoir payé, moi veni ! Moi pas
voleur !
    Mais, l’autre soir, il avait rencontré
Sarah ! Il avait de l’argent – le nôtre – Alors, Sarah !
tafia ! bal Dou-Dou ! Et puis l’
amou
 ! Une
nuit d’amour quoi ! pendant que nous l’attendions.
    Le lendemain, à son réveil, il apprend que
nous sommes vendus. Il charge Pirate de nous donner ce nouveau
rendez-vous.
    Bref nous avions retrouvé le sauveur ! Le
nègre se lève, étend le bras, désigne une ombre sur l’eau : la
pirogue.

Chapitre 11 VIVE LA BELLE, LA BELLE DES BELLES !
     
    La pirogue ! Elle est pareille à l’autre,
l’autre qui sombra.
    Bah !
    Elle s’appelle la Sainte-Cécile… Strong
dit : « C’est un vrai poisson. » Il ajoute :
« Par mouché Diable (monsieur Diable), je vous conduirai à
l’Oyapok. »
    On attend que le montant emplisse la
crique.
    – Acoupa, lui aussi, avait juré, dis-je.
    – Acoupa ? Très vilain petit singe noir,
marin des savanes, rien du tout de bon. Strong prend cher, mais
Strong arrive. Allons ! fit-il.
    Il est onze heures de la nuit.
    La pirogue est belle : pagaies de
rechange, deux ancres, chaînes solides, cordes neuves, un réchaud,
du charbon de bois, des provisions.
    – Moi, homme de conscience, dit Strong.
    Nous embarquons. Il voit tout de suite que
Jean-Marie et Nice seront les meilleurs à la voile. Les autres
prennent les pagaies.
    – Maintenant, dit Strong, parlez bas ; le
son

Weitere Kostenlose Bücher