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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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d’Irlande 3 , les dresse à devenir des fauves en les frappant, les affamant. Il fallait que j’avertisse quelqu’un…
    — Géraud, où se trouve-t-il ? intervint la baronne.
    Sa voix, d’un calme surnaturel, inquiéta Druon.
    — Dans les grottes du bois de la Veuve. C’est là qu’il garde les chiens et son déguisement, passe le plus clair de son temps à ressasser ses meurtres… pour son plus grand plaisir.
    — En selle, Léon. Messire Druon, vous restez ici et attendez notre retour.
    — Je puis vous accompagner, seigneur madame. Je ne suis pas couard et sais me servir d’une lame, protesta le jeune mire.
    La réponse, sèche, lui ôta tout espoir :
    — En quoi nous seriez-vous d’aide à part nous ralentir et nous gêner ? Je vous laisse bien volontiers la science. Abandonnez-nous le combat. Veillez sur Géraud.
    Pris de panique, le fils Paillet se releva en titubant et supplia :
    — Seigneur madame, n’y allez pas, de grâce ! Il faut réunir une petite compagnie d’hommes armés et décidés. Il va vous mettre en pièces.
    Un sourire furtif étira les lèvres de la baronne qui répondit d’un ton presque amical :
    — Grand merci de votre émoi, Géraud. Cela étant, vous nous connaissez bien mal.
    1 - Jeu d’arceaux.
    2 - On connaît mal le rôle du cœur à l’époque.
    3 - Irish woolfhound , un des plus grands chiens du monde, utilisé pour la chasse au loup.

LIV
    Bois de la Veuve, août 1306, ce même jour
    I ls abandonnèrent leurs chevaux à dix toises de l’entrée des grottes afin que le bruit des sabots ne signale pas leur approche. Sur un geste de Léon, Béatrice d’Antigny s’agenouilla près d’une petite mare de bourbe et se macula le visage, les cheveux, les mains et le torse de boue. Ainsi, les chiens percevraient moins vite leur odeur humaine.
    Murmurant, elle ordonna :
    — Je m’occupe de lui. Toi des bêtes. Égorge-les. Dès qu’ils aboient parce qu’ils nous ont repérés, nous fonçons.
    Il hocha la tête.

    Ils avancèrent sans un bruit, prenant garde où ils posaient les pieds. Les fourmillements bien connus prirent d’assaut les mains du géant et son souffle se fit plus puissant, plus rapide. La férocité dévala dans ses veines mais, aujourd’hui, il ne la combattrait pas, bien au contraire. Il se demanda ce que ressentait Béatrice. La même chose que lui, à l’évidence. Il tira sa dague.
    Après d’interminables minutes de progression silencieuse, ils parvinrent à leur but. Ils se plaquèrent des deux côtés de la fente qui menait dans les entrailles de pierre. Brusquement, les hurlements des chiens explosèrent et ils se précipitèrent dans la grotte, éclairée de flambeaux. Une puanteur les saisit à la gorge, mélange d’excréments, d’urine et de charogne.
    Une sorte de petite salle, formation naturelle, se poursuivait par un boyau qui descendait en pente douce dans les entrailles de la terre. Les aboiements provenaient de plus loin. La topographie faisait de l’endroit un véritable coupe-gorge. Une fois engagés l’un derrière l’autre dans le couloir de roche, ils auraient les plus grandes difficultés à reculer précipitamment.
    Béatrice chuchota :
    — Il serait suicidaire de nous enfoncer tous deux. Je passe la première. D’autant que tu es trop grand et massif pour te pouvoir défendre avec aise dans cet étroit conduit.
    Il la retint par le bras, secouant la tête en signe de dénégation.
    — Non, il va lâcher les chiens. C’est ce que je ferais. Or, sur votre promesse, ils sont à moi.
    Béatrice n’eut aucun doute qu’il s’agissait là d’un piètre prétexte. Il craignait pour sa vie à elle et exposait la sienne en échange. De tout autre, elle en aurait pris grave offense. Cependant, elle avait compris que Léon se rachetait auprès d’elle d’un passé dont elle avait pressenti la noirceur et le désespoir. Après un long regard, elle approuva d’un léger mouvement de tête et ordonna à voix basse :
    — Brandis un flambeau devant toi et garde ta gorge. Débrouille-toi pour ménager un passage à l’un des deux. Qu’il fonce vers moi, je l’attends. (Elle n’hésita qu’un instant et concéda :) Léon… J’ai besoin de toi, mon ami. Ne l’oublie pas.
    Une ombre liquide passa dans le regard du géant qui préféra ne pas répondre, tant cet aveu le bouleversait. Il décrocha un des flambeaux. Les aboiements avaient tourné à la fureur. Y transparaissait l’envie de

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