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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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attendait les ordres. L’écart d’humeur de son seigneur ne l’émouvait pas, même s’il affectait une mine anéantie de circonstance. Après tout, Galfestan – qui n’ignorait pas que tous, surtout son maître, le prenaient pour un benêt suffisant – avait opté longtemps auparavant pour une stratégie qui lui convenait à merveille. Prétendre obéir, maintenir échine basse et n’en faire qu’à son bon plaisir. Herbert le distrayait assez. Quoi, cet homme ombrageux, trop fier, qui ne pensait qu’à lui et à ses intérêts aurait aimé, jugé normal que l’on se fasse navrer pour le servir ? Que nenni ! Ce genre d’abnégation allait aux gueux, aux serfs et aux valets, ou pis, à ceux qui pensaient grappiller un peu de pouvoir et d’importance dans l’ombre des grands. Bref, ceux qui n’avaient autre possibilité. Mais les grands sont si versatiles, si peu reconnaissants en général ! Nombre ont cette propension à rejeter la faute sur les autres tant ils ne supportent pas de la voir chez eux.
    Galfestan savait qu’Herbert d’Antigny ne l’avait nommé bailli que parce qu’il le trouvait sot et manipulable. Quelle importance ? Si sot et manipulable étaient synonymes de longue vie agréable et de beau confort, Galfestan s’en contentait. Il avait d’ailleurs tenté à plusieurs reprises de mettre en garde le baron. Il avait soupçonné, dès arrivé à Saint-Ouen-en-Pail, que la bête pouvait être un homme, en raison de la diversité des blessures qu’elle infligeait selon les victimes mais également parce que cette créature se montrait si douée qu’elle ne pouvait être animale. Il en avait peu après déduit que le tueur n’était autre que Nicol Paillet, dont il n’ignorait rien des forfaits antérieurs.
    Le baron, obsédé par son but – éliminer sa tante d’alliance –, avait refusé d’admettre qu’on chasse avec un fauve seulement lorsqu’on le domine totalement. Or ce massacreur de fillettes 1 , ce Nicol Paillet, n’était pas maîtrisable. Intelligent, il savait louvoyer et promettre. Galfestan l’avait arrêté presque deux ans auparavant, constatant avec effarement l’horreur gratuite de ses meurtres. Trois. Trois monstruosités. De pauvres puterelles au visage lacéré, défigurées, éventrées. Le maître fèvre s’était bien défendu, avec calme, onctuosité, presque. Il avait nié les faits avec un front peu commun, commençant par fournir une fausse identité.
    Étrangement, Herbert d’Antigny avait jugé les preuves de son bailli peu convaincantes et déclaré Nicol Paillet non coupable 2 . Sur le moment, Galfestan n’avait rien compris à cette soudaine mansuétude, fort mal placée selon lui. Jusqu’à ce qu’un des gardes de la prison lui révèle que le baron avait visité Paillet dans sa cellule, la veille de l’audience.
    Lorsqu’ils avaient été informés des meurtres d’humains en la province de Béatrice d’Antigny, lorsque les effroyables descriptions de blessures, si similaires à celles que portaient les cadavres des puterelles, étaient venues aux oreilles du bailli, Galfestan avait eu des soupçons. Il ne pouvait certainement pas risquer sa charge et ses avantages en se rebellant ou en critiquant. En revanche, il était hors de question de participer à une stratégie qu’il jugeait inepte et impie. Lorsqu’on l’avait envoyé à Saint-Ouen-en-Pail, il s’était donc promené dans la campagne, de-ci, de-là, en compagnie de ses gens d’armes, certain que Nicol Paillet ne serait pas assez bête ou suicidaire pour les attaquer.

    — Des incompétents, des abrutis, voilà qui m’entoure ! vociféra le baron ordinaire.
    Dissimulant son indifférence, François de Galfestan, joua les dindes et rectifia :
    — Oh seigneur… que vous voilà sévère ! J’ai, à trois reprises, tenté de vous faire comprendre que vos choix étaient risqués. Paillet avait promis de vous obéir, mais il aurait juré n’importe quoi pour sauver sa vie scélérate. Il a dû vous bénir. Il était sauf et pouvait poursuivre ce qu’il aime : massacrer. Il a eu le bon sens de ne jamais revenir se livrer à ses amusements chez nous, avec les puterelles de nos rues. Mais je gage qu’il s’y livre ailleurs, à Chartres, ou plus loin. Certes, je ne suis pas fin politique, contrairement à vous. Cela étant, une attaque moins frontale était peut-être souhaitable…
    Herbert d’Antigny le fixa comme s’il l’allait étrangler et

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