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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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    Un hurlement en provenance de la cuisine l’interrompit :
    — Chenapan 11 , amène tes fesses de paresseux aussitôt !
    Le visage trop maigre, à la joue rougie par l’empreinte d’une main, se crispa. Pourtant, il ne murmura pas d’injure. Au lieu de cela, une ombre infiniment triste passa dans son regard. Il demanda d’un ton défait :
    — Seigneur chevalier… Vous croyez qu’on mérite toujours c’qui vous échoit ? Parce que j’vous jure sur la tête de ma mère dont j’me souviens pas bien vu qu’elle est morte y a du temps… j’ai jamais rien fait de mal. Juste volé un peu d’nourriture, parce que si elle s’empiffre, elle me laisserait bien crever d’faim.
    Il fila sans attendre la réponse.

    Druon ne revit pas le garçonnet de la soirée. Il se demanda si elle le frappait uniquement pour le contraindre à satisfaire ses besoins ou s’il s’agissait chez la grosse femme d’une habitude.
    L’avertissement d’Huguelin se révéla très en dessous de la vérité : le repas était infect. Le demi-lièvre qui nageait dans une épaisse sauce noirâtre sentait la semaine et même la dizaine écoulée. Son accompagnement, une porée noire 12 , avait été desséché par des réchauffages successifs, en dépit de la graisse dans laquelle il baignait. Druon se rabattit sur le fromage aigrelet et le pain, sans oublier l’issue 13 composée de croûtes dorées 14 , en espérant que les œufs aient été à peu près frais.
    Une sorte d’ivresse assez plaisante et très inhabituelle lui faisait un peu tourner la tête. La nuit était tombée lorsqu’il tapa sur la table du manche de son couteau afin d’attirer l’attention de la tenancière. On réglait son repas sitôt repoussée son assiette, ceci pour éviter que d’indélicats clients ne prennent le large à la nuit en omettant de payer. Sitôt qu’il la vit, il songea qu’il aurait eu grande raison de monter se coucher sans l’appeler. Elle était encore plus dépoitraillée que plus tôt, un feu de sang avivait la chair de son visage et son regard humide ne disait rien qui vaille. Elle s’approcha de la table et se pencha sur Druon au point que ses mamelles s’affaissèrent sur son épaule. Il tenta de reculer sa chaise mais la main de la femme se faufila dans son cou, cherchant à descendre le long de son dos. Elle bafouilla d’une voix humide de salive :
    — Un beau gars, ça s’refuse pas. Quant à toi, une femme d’expérience devrait t’tenter. J’connais tout aux envies des hommes. Et cette bouche-là en a servi des centaines qui l’ont jamais regretté.
    Elle sentait le vilain vin, la vieille sueur et la femelle négligée. L’espace d’une seconde, il ne sut ce qui allait l’emporter chez lui de la panique, de l’écœurement ou du fou rire. Il se leva d’un mouvement et déclara d’une voix glaciale en la repoussant :
    — Appelle le garçon.
    Elle ne comprit pas et hocha la tête en fronçant les sourcils :
    — Bah, elle est aussi mince qu’une saucisse de chair ! Faut qu’y se démène pour qu’on la sente. À son âge, c’est pas trop raide, quand ça veut bien raidir. On s’ra bien mieux que nous deux.
    Tournant la tête vers l’escalier, Druon cria :
    — Huguelin, descends !
    — Vicieux, j’aime ça, gloussa-t-elle en tentant de lui plaquer la main sur le sexe. Bon, tu préfères à trois ? Ça m’dérange pas, bien au contraire. Plus on est d’fous… Huguelin ! hurla la mégère. Amène ton cul. On en a besoin.
    Le gamin apparut dans l’embrasure de la porte menant aux cuisines, le visage ravagé d’appréhension.
    — Approche, sale cafard ! vociféra-t-elle. Comment qu’t’aime ça, beau gosse ? susurra-t-elle d’une voix grasse à l’oreille de Druon.
    Il la repoussa de toutes ses forces. Elle bascula, battit des bras et chut sur son énorme postérieur.
    Il se tourna vers l’enfant blême de peur et ordonna :
    — Prépare ton ballot, et vite !
    Après un instant d’incompréhension, le garçonnet sauta tel un faon.

    Assise par terre, les jambes étalées devant elle, la robe troussée découvrant des cuisses qui évoquaient d’énormes jambons velus et peu appétissants, la tenancière hoqueta :
    — Ben… Ben, mais quoi…
    — Combien ? Combien pour l’enfant, parce que, pour ce qui est du dîner, c’est toi qui devrais me payer de l’avoir avalé.
    Soudain, la grosse femme adipeuse comprit. Elle le prit fort mal et proféra une bordée

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