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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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d’injures et d’obscénités à faire rater une couvée. Druon la contemplait d’un œil perplexe qui ne fit qu’ajouter à sa rage. Une nouvelle salve d’ordureries qui n’aurait pas déchu aux oreilles d’un truand 15 suivit. Ce n’est qu’à cet instant que Druon sentit la légère pression contre ses cuisses. Le gamin lui enserra la taille, se blottissant dans son dos.
    — Combien ? Dépêche-toi, ma générosité ne durera pas.
    — Va t’faire mettre par tous les démons de l’enfer ! Gueux, scrofuleux, voyou ! hurla-t-elle. Je l’garde. Sa queue vaut pas grand-chose mais sa bouche, c’est mieux que rien.
    — Il s’agit donc d’un cadeau. Merci à toi.
    En dépit de son lard, elle fut debout d’un coup de rein et se précipita vers lui, griffes recourbées, l’air déchaîné. D’un geste vif, Druon repoussa l’enfant et tira sa courte épée. La pointe acérée griffa la gorge de la grosse femme qui pila net.
    — Recule, car je n’hésiterai pas. Pas de témoin, plaisanta-t-il. Je te vide de ton vilain sang comme la truie que tu es.
    Elle tenta encore de l’insulter, avec moins de conviction, toutefois. Elle recula d’un pas prudent, il avança d’un autre, la fixant, gardant la pression de sa lame sur son cou flasque.
    — Partez, couina-t-elle, et emmène c’te roupie 16 si ça t’chante. C’est pas les galapiots qui manquent.
    — Ah, nous voilà enfin devenus bons amis. Mon cœur se remplit d’allégresse. Huguelin, lança-t-il sans quitter la femme du regard, notre bonne patronne, qui nous aime, nous offre des vivres pour deux jours. Fonce en cuisine, prends ce qu’il y a de mieux et de plus frais.
    Le gamin détala.
    Tournant à nouveau son attention vers la femme que la rage impuissante faisait trembler, il poursuivit :
    — Quant à toi, espèce de panse boursouflée, tu vas bientôt trépasser de la même maladie que ton mari, qui a dû pousser un soupir de soulagement lorsqu’il a rendu l’âme et que le sort l’a débarrassé de toi. Crois-moi, c’est mon art. Recommande ton âme à Dieu et, si tu en es capable, amende-toi. S’il te venait l’envie de nous faire poursuivre par les hommes du bailli, gare ! Toutes les femmes des parages apprendront que tu as fait envoûter leurs maris. Nul doute que l’une d’entre elles te fera la peau. À bon entendeur…
    La peur avait remplacé la rage. Elle s’affola :
    — Qui t’es ?
    — Je suis chevalier mire.
    — La même maladie, dis-tu ?
    — Certes.
    — Mais… comment… ?
    — Ce ne sont pas simplement tes fesses qui te montent à la tête. C’est le mal. Tu as soif en permanence et, en dépit du fait que tu te goinfres telle une goresse, tu maigris. Je le vois à tes bajoues flasques et à la peau de ton cou et de tes bras. Les écrouelles gagnent ton torse. Elles vont bientôt remonter jusqu’au cou.
    Il lut la panique dans ses yeux.
    — Mais… Donne-moi un remède, j’peux payer !
    Huguelin revint chargé d’un gros ballot jeté sur son épaule et se planta à un mètre derrière son sauveur.
    — Il n’en existe pas, pas même le roi de France. Vis sagement, prie, mange frais, dors, c’est le seul conseil que je puisse te donner. Ordonne ton âme afin qu’elle soit prête. Laisse-moi partir avec l’enfant, je veillerai sur lui. Accompagne-nous de tes vœux, pas de ta haine, Dieu t’en tiendra compte.
    — Partez. (Elle hurla soudain, arrachant son bonnet et le jetant à terre.) Partez, j’vous dis, avant que j’change d’avis !

    Ils n’avaient pas échangé une parole depuis une demi-heure qu’ils marchaient. Soudain, l’enfant s’enquit d’une voix tendue de fatigue :
    — À quoi vous servirai-je, seigneur chevalier ? Ma gratitude vous est acquise, et j’ferai tout pour vous plaire.
    — De serviteur. D’élève si tu es assez doué d’esprit. Nous verrons. Cela étant, si tu veux partir, retrouver ta famille… Tu es libre.
    D’une voix acide, l’enfant rétorqua :
    — Ma famille ? Mon père m’a vendu pour quelques pièces à c’te mégère et il s’est fait sauter comme l’verrat qu’il est en pourboire. Il savait donc c’qui m’attendait. Je… j’ai pas de famille… J’ai rien… sauf vous que j’connais pas. Est-ce que…
    — Non. J’ai fait vœu de chasteté et, même sans cette obligation, les jeunes garçons ne m’intéressent guère. Sache, Huguelin, que ma vie n’est pas… aisée. Un jour riche, l’autre pauvre. Un

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