Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
explique-moi pourquoi tout est si tranquille. Nous avons débarqué avec quarante mille hommes en plein jour, Alexandre a visité
le temple d'Ilion, il a dansé autour de la sépulture d'Achille, et personne n'était là pour nous attendre. Pas un seul Perse. Tu ne trouves pas cela étrange ?
--Pas du tout.
--Pourquoi ? "
Lysimaque se retourna. " Tu vois ces deux hommes, là haut ? demanda-t-il en indiquant les silhouettes de deux cava liers qui longeaient la crête des monts de la Troade. Ils nous suivent depuis l'aube, et ils nous ont certainement surveillés pendant toute la journée d'hier. Ils ne sont sans doute pas seuls dans les environs.
--Alors, avertissons Alexandre. . .
--Calme-toi. Alexandre le sait fort bien, et il sait également que les Perses sont en train de nous préparer un accueil digne de leur réputation.
"
L'armée continua sa progression sans rencontrer de diffi cultés jusqu'à
la pause de midi. On ne voyait que des paysans dans les champs,.penchés sur leurs travaux, ou des groupes d'enfants qui couraient le long de la route, en criant et en essayant d'attirer l'attention.
quand le soir vint, ils s'arrêtèrent non loin d'Abydos~
Parménion plaça des sentinelles tout autour du camp, à une certaine distance, et envoya des détachements de cavalerie légère dans les environs afin de parer à d'éventuelles attaques surprises.
Dès que la tente d'Alexandre fut dressée, le trompette sonna la réunion du conseil, et tous les généraux se rassemblèrent autour d'une table, tandis qu'on servait le repas. Callisthène était également présent, mais Eumène les avait priés de commencer sans lui.
" Mes amis, nous sommes beaucoup mieux ici qu'en Th~ace ! s'exclama Héphestion. Le climat est excellent, les
| gens semblent accueillants, j'ai vu de jolies filles et nous n'avons pas les Perses dans les pattes. J'ai l'impression de rne 3 trouver à Miéza, à l'époque o˘ Aristote nous emmenait à la chasse aux insectes dans les bois.
1 --Ne te fais pas d'illusions, répliqua Léonnatos. Lysimaque b et moi avons remarqué que deux cavaliers nous suivaient tout au long de la journée. Et il est probable qu'ils ne nous quitte ront pas d'une semelle. "
~ Parménion demanda respectueusement la parole, dans son L style un peu vieillot.
~ " Tu n'as pas besoin de réclamer mon autorisation pour b intervenir, Parménion, lui répondit Alexandre. Ici, personne ne possède autant d'expérience que toi, et tu as beaucoup de
choses à apprendre à chacun d'entre nous.
--Je te remercie, dit le vieux général. Je voulais seulement savoir quelles étaient tes intentions pour la journée de demain
; et pour le futur proche.
--Pousser vers l'intérieur, vers le territoire que les Perses contrôlent directement. Alors, ils n'auront plus le choix: ils devront nous affronter en rase campagne et nous les vain
; crons. "
Parménion garda le silence.
<~ Tu ne m'approuves pas ?
. --Pas entièrement. J'ai affronté les Perses au cours de la b première campagne, et je peux te garantir que ce sont de redoutables adversaires. En outre, ils peuvent compter sur un formidable commandant: Memnon de Rhodes.
--Un renégat grec ! s'écria Héphestion.
--Non. Un soldat de métier. Un mercenaire.
--Ce n'est pas la même chose ?
--Non, ce n'est pas la même chose, Héphestion. Après avoir mené de nombreuses guerres, certains hommes se retrouvent privés de convictions et d'idéaux, mais ils conser vent leur habileté et leur expérience. Alorsj ils vendent leur épée au plus offrant. Mais si ce sont des hommes d'honneur -et c'est le cas de Memnon--, ils demeurent fidèles à leurs pactes. La parole qu'ils ont donnée devient leur patrie, et ils la respectent rigoureusement.
" Memnon représente un danger pour nous, d'autant plus qu'il est entouré
de ses troupes: de dix à quinze mille merce naires, tous grecs, tous bien armés, tous redoutables en rase campagne.
--Nous avons battu le bataillon sacré des Thébains, observa Séleucos.
-- Cela ne compte pas, répliqua Parménion. Les hommes auxquels nous aurons affaire sont des soldats de métier: ils ont passé leur vie à
combattre, et lorsqu'ils ne combattent pas ils s'entraînent.
--Parménion a raison, approuva Alexandre. Memnon est dangereux et sa phalange de mercenaires l'est aussi, d'autant plus qu'elle est flanquée de la cavalerie perse. )>
Eumène fit alors son apparition.
" L'armure te sied particulièrement, dit Cratère en
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