Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
s˚r que je par viendrais à te remettre en forme, à défaut de te rendre la jeu nesse. Un bon régime désintoxiquant, des massages, des bains thermaux, des exercices pour ta jambe. Et cet oeil. . . Il a été mal soigné. Il faut que je t'examine dès que tu auras un moment.
--Ah ! je ne peux me permettre aucun de ces luxes, et les chirurgiens militaires sont ce qu ils sont... En tout cas, je te remercie: le régime hivernal que tu as mis au point pour mes soldats a donné d'excellents résultats. Je crois même qu'il a sauvé la vie à bon nombre d'entre eux. "
Le philosophe inclina légèrement le chef.
" J'ai des problèmes, Aristote, reprit le roi. J'ai besoin de tes conseils.
--Parle.
--Je sais que tu me désapprouves, mais je me prépare à occuper les villes qui sont encore liées à Athènes dans la zone des Détroits. Périnthe et Byzance seront mises à l'épreuve: il faut que je sache à quel camp elles appartiennent.
--Si tu les obliges à choisir entre Athènes et toi, elles choi siront Athènes, et tu seras contraint d'utiliser la force.
--J'ai engagé le meilleur ingénieur militaire. Il est en train de concevoir des machines monstrueuses, mesurant quatre vingt-dix pieds de hauteur. Elles me co˚tent une fortune, mais cela en vaut la peine.
--quoi qu'il en soit, ma désapprobation ne pourra te dis suader d'une telle entr~prise.
--Effectivement.
--Alors, à quoi te servent mes conseils ?
--A évaluer la situation athénienne. Mes informateurs me disent que Démosthène entend constituer une ligue panhellé nique contre moi.
--C'est compréhensible. A ses yeux, tu es l'ennemi le plus dangereux qui soit, et tu représentes une menace pour l'indé pendance et la démocratie des cités grecques.
-- Si j'avais voulu frapper Athènes, je l'aurais déjà fait. Mais je me suis contenté d'affirmer mon autorité dans les régions directement placées sous l'influence macédonienne.
--Tu as rasé Olynthe et...
--Ils m'avaient fait~ sortir de mes gonds ! "
Aristote leva les sourcils et soupira:
" Je comprends.
--Alors, que puisje faire pour cette ligue ? Si Démosthène parvient à la fonder, je serai obligé de l'affronter avec mon armée en rase campagne.
--Pour l'instant, je pense qu'il n'y a pas de danger. Les Grecs sont aux prises avec des discordes, des rivalités et des jalousies si fortes qu'aucune alliance ne se conclura, selon moi. Mais si tu poursuis ta politique agressive, tu n'obtiendras
qu'un résultat: resserrer leurs liens. C'est du reste ce qui s'est ~roduit lors des invasions perses.
-- Mais je ne suis pas un Perse ! ", tonna le souverain.
Et il abattit violemment son poing sur le bord de la bai gnoire, déchaînant une petite tempête.
Dès que les eaux se furent calmées, Aristote reprit: " Cela ne change rien. Il est une règle immuable: lorsqu'une puis sance se fait dominante, toutes les autres se coalisent contre elle. Les Grecs sont très attachés à
leur indépendance totale, ils sont prêts à tout pour la conserver.
Démosthène serait capable de traiter avec les Perses, tu comprends ? Pour eux, la conservation de l'indépendance compte plus que les liens de sang et de culture.
--Bien s˚r. Ainsi, je devrais attendre tranquillement la suite des événements ?
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--Non. Mais tu dois savoir que chaque fois que tu pren dras une initiative militaire contre des possessions ou des alliés athéniens, tu mettras en difmculté les amis que tu pos sèdes à l'intérieur des cités, lesquels se verront traités de traîtres et de corrompus.
--Certains le sont, observa Philippe sans se démonter. En tout cas, je sais que j'ai raison, et je mènerai à bien mes pro jets. Mais il faut que je te demande un service. Ton beau-père est seigneur d'Assos. Si Démosthène entame une négociation avec les Perses, il pourrait en être informé.
--Je lui écrirai, promit le philosophe. Rappelle-toi, cepen dant: si tu es déterminé à mener à bien tes projets de cette façon, tu devras affronter tôt ou tard la coalition de Démos thène. Ou quelque chose de très semblable. "
Le souverain garda le silence. Lorsqu il se leva, Aristote ne put s'empêcher de remarquer que son corps ~était couvert de cicatrices récentes. Les femmes l'essuyèrent et lui passèrent des vêtements propres.
" Comment se comporte mon garçon ? demanda bientôt le roi.
-- C'est un des êtres les plus extraordinaires que j'aie jamais rencontrés. Mais
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