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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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d’état-major, le lieu de mon parachutage et me remet une boussole et une carte afin de
rejoindre Montluçon par mes propres moyens, dans
le cas où les aviateurs manqueraient la cible. Je dois y
prendre le train pour Lyon.

    Il me remet également une adresse de secours
pour contacter Schmidt si je me perds après l’atterrissage.

    Dans la rue voisine, une voiture nous attend. Je
rejoins Ayral et Briant. Jamais un voyage à travers
la campagne anglaise ne m’a procuré autant de bonheur. Comme le ciel, je suis radieux. Quant à mes
camarades, ils jubilent.

    La voiture nous dépose au centre de Cambridge.
Notre accompagnateur nous désigne un café sur la
place, en face du King’s College : « Rendez-vous ici
à 6 heures. »

    Ayral ayant fait ses études dans cette ville-musée,
il nous guide parmi les monuments et les universités
fréquentées par des étudiants en tenue estivale. Seuls
nos vêtements nous distinguent d’eux. L’atmosphère
insouciante de cette population bigarrée ne dépare
pas celle de l’Angleterre des soldats : avec nous, elle
a vingt ans cette année.

    Pour nous promener sur les canaux, Ayral propose
de louer un punt , bateau à fond plat propulsé à
l’aide d’une perche. Bien que nous soyons les seuls
à parler français, personne ne nous remarque : au
milieu de cette jeunesse internationale, notre âge
garantit notre anonymat.

    À la fin de la journée, nous nous séparons pourdîner. Nos missions différentes exigent des officiers
traitants spécifiques.

    À l’hôtel-restaurant, je retrouve * Bienvenue, accompagné du capitaine Piquet-Wicks. Ce restaurant, le
meilleur de Cambridge, affiche le charme démodé
du luxe britannique, qui m’a conquis dès mon arrivée en Angleterre.

    Dans la vaste salle à manger, un public de vieilles
Anglaises, accompagnées d’élégants compagnons et
de quelques étudiants désinvoltes, forme un contraste
savoureux avec le clandestin que je suis devenu.
Depuis deux ans, l’armée ne m’a jamais aussi bien
traité : parmi les mets raffinés, je déguste un homard
à l’américaine.

    *Bienvenue et Piquet-Wicks rivalisent d’attention
et de gentillesse. Il n’est à aucun moment question
de ma mission, mais de la vie mondaine à Londres,
des films, des pièces, de l’opéra…

    Piquet-Wicks m’annonce après dîner qu’il me
conduira seul à l’aérodrome et dirigera les derniers
préparatifs. Le capitaine * Bienvenue, comme tous les
officiers du BCRA, est interdit sur la base secrète des
parachutages en France. Avant de me quitter, il me
donne ses dernières recommandations  : « Vous ne
serez jamais assez prudent. Ne cherchez pas à jouer
au héros, ça n’intéresse personne. Votre seul devoir
est de durer. Je serais heureux de vous revoir vivant. »

    Après cet encouragement flatteur, je rejoins Ayral
et Briant dans un baraquement de l’aérodrome, en
compagnie de Piquet-Wicks.

    Nos équipements sont présentés sur le sol : une
carte de France imprimée sur un carré de soie, desplaques en caoutchouc mousse destinées à être placées sur le corps afin d’amortir les chocs de l’atterrissage et, au milieu, la combinaison bariolée des
parachutistes, constellée de poches.

    La plus grande, placée sur la cuisse gauche,
contient des repas concentrés permettant de survivre dans la nature ; une autre, sur la cuisse droite,
mon revolver, un magnum fascinant comme un jouet
neuf ; une poche en longueur, située sur la manche
de l’avant-bras gauche, est destinée à un couteau à
cran d’arrêt.

    Piquet-Wicks nous remet solennellement une capsule enveloppée de caoutchouc de la dimension d’un
gros cachet : elle contient une pilule de cyanure.
Nous devons la conserver sur nous en permanence.

    Le colonel * Passy m’a révélé que la guerre sans
uniforme avait un prix : arrêté, je serais torturé. Mon
seul courage sera le cyanure. De toute manière, je
suis sans illusions : depuis mon engagement, j’ai la
certitude que je n’en reviendrai pas.

    Mon poste de radio, le nouveau MarkII 4 , est
entouré de caoutchouc mousse et placé au centre
de ma valise, entre mon costume et mon linge.

    Piquet-Wicks, aidé de quelques femmes soldats,
vérifie une dernière fois mon trousseau pour s’assurer qu’il ne conserve aucune étiquette britannique.
Je suis habillé d’une veste en tweed beige, d’un pantalon de flanelle gris et arbore un mouchoir en soie
à dessins cachemire rouge et brun :

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