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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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campagne pour « l’établissement d’un second front à l’ouest de l’Europe le
plus tôt possible ».

    Quelques jours plus tard, la BBC avait diffusé
un avis n o  1 — « Français, évacuez les zones interdites sur les côtes » —, suivi, ce 19 juin, d’un avis
n o  2 — « Les régions côtières de la zone occupée risquent de plus en plus de devenir le théâtre d’opérations de guerre » —, se terminant par : « Faites tout
pour préserver votre sécurité, les armées de la libération auront besoin de vous. Nous vous donnons
l’assurance formelle que, lorsque l’heure sera venue
de faire appel au concours actif du peuple français
dans son ensemble, vous en serez prévenus. »

    Ce ne peut être un hasard.

    Avec la « disparition » silencieuse, semaine après
semaine, de mes camarades radios de Thame Park,
ma certitude se renforce.

    De Gaulle résume la situation :

C’est beaucoup à la guerre d’avoir gagné les
premières batailles, mais la dernière décide de
tout. Elle se livrera en France. Qui peut nier que
la bataille de France soit chaque jour un peu
plus probable malgré les victoires de l’ennemi ?

    Obsédé par mon avenir, je ne m’intéresse qu’à ces
perspectives radieuses, d’autant plus que France met
l’accent sur les difficultés de Hitler et de ses alliés.L’accumulation de projets d’offensives mirifiques
entretient une tension passionnée dans l’esprit des
volontaires.

    Briant partage mon impatience : « Notre rôle sera
très important au moment du Débarquement. Nous
appartiendrons certainement aux corps francs qui
combattront sur les arrières des Boches. Toi qui veux
en découdre, tu seras servi ! »

    Cette interprétation optimiste produit sur moi
l’effet contraire. Elle ressemble trop aux discours
lénifiants du capitaine.

    Mardi 23 juin 1942

     

    Coup d’envoi

    Pendant mon breakfast , je reçois un appel du capitaine * Bienvenue  : « Venez me voir immédiatement. »

    Je saute dans un taxi et me présente au 10 Duke
Street : « Vous serez parachuté avec Ayral et Briant
dans la nuit du 25. » Coupant court aux effusions
avec une feinte rudesse, il ajoute : « Reposez-vous
et dormez bien, vous en aurez besoin. »

    En le quittant, j’ai la tête en feu. Je dispose d’une
journée entière pour préparer mon départ : je rentre à pied à l’hôtel.

    Des idées saugrenues se bousculent. Je m’accroche à cette seule image : « sauter » en France dans
le silence de la nuit. Je vais enfin savoir qui je suis.
Avec mes camarades, je n’en ai jamais parlé. Sous
le masque de la fanfaronnade, suis-je le seul à me
poser cette question ?

    Mercredi 24 juin 1942

     

    Pacte avec la Résistance

    Je téléphone aux Zonneveld pour les avertir que
je déposerai chez eux mes papiers personnels dans
le courant de l’après-midi. Après quoi, je prépare ma
valise, ainsi que les bagages (sac marin et cantine),
que je laisserai à la consigne du BCRA. Elle contient,
outre mes uniformes militaires, mon poste de TSF,
mon phonographe, mes disques ainsi que mes livres,
compagnons de solitude.

    À leur poids, je mesure la durée de mon exil !

    Dans son bulletin du soir, Schumann annonce
que de Gaulle a conclu un pacte d’avenir entre la
France combattante du dedans et celle du dehors.
D’après ce que je comprends, ce programme transforme notre croisade patriotique en combat pour la
démocratie.

    Rien ne m’oblige à suivre le Général dans ce
domaine, mais je n’ai rien à lui opposer. Involontairement, c’est l’heure de vérité. Au-delà du devoir de
combattre l’ennemi, le Général propose un pacte
liant la France libre à la Résistance :

Une victoire qui n’entraînerait pas un courageux et profond renouvellement intérieur ne serait
pas la victoire. Un régime moral, social, politique,
économique a abdiqué dans la défaite après s’être
lui-même paralysé dans la licence. Un autre, sorti
d’une criminelle capitulation, s’exalte en pouvoirpersonnel. Le peuple français les condamne tous
les deux. Tandis qu’il s’unit pour la victoire, il
s’assemble pour une révolution.

    Nous voulons que l’idéal séculaire français de
liberté, d’égalité, de fraternité soit désormais mis
en pratique chez nous de telle sorte que chacun
soit libre de sa pensée, de ses croyances, de ses
actions, que chacun ait, au départ, dans son activité sociale, des chances égales

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