Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
Vom Netzwerk:
votre disposition.

    3 o Refus d’encourager une révolte à main armée
qui, insuffisamment aidée de l’extérieur, ne pourrait aboutir qu’à une catastrophe.

    Bien que ce ne soit pas nouveau pour moi, je
mesure pour la première fois, en ces quelques lignes
ramassées, l’enjeu des propos de Vourc’h et d’Aron,
qui m’avaient tant choqué avant mon parachutage
en France.

    Conclusion de Philip :

Votre séjour à Londres vous a convaincu de
l’impossibilité où nous sommes d’aborder publiquement de telles questions sans nous faire accuser
aussitôt de menées fascistes, de volonté de dictature sur la France d’après-guerre.

    Qu’aurait pensé de cette lettre Raymond Aron ?
Si étrange que cela paraisse, je repense souvent à
notre dernière conversation, avant mon départ de
Londres, qui m’avait consterné. Volontaire de juin
1940, il souffrait visiblement de ne pas voir de Gaulle,
ciment des premiers soldats. Où que ce soit, en effet,
mes camarades et moi communiions autour du« Grand Charles », cet homme qui avait fait de nous
des soldats ; mieux, qui avait traduit en formules
saisissantes la passion patriotique qui nous avait
jetés en Grande-Bretagne.

    La fin de la lettre de Philip est consacrée à la
seule actualité qui nous obsède : il annonce qu’il
accompagnera le Général à Alger et ajoute que l’union
s’accomplira dans une sorte de dyarchie entre de
Gaulle et Giraud.

    Plus rassurantes encore sont les conditions posées
par Philip à tout accord  :

1. Le général de Gaulle ne peut pas être mis
dans une situation d’infériorité pratique vis-à-vis
de qui que ce soit.

    2. L’action en France doit rester entre ses mains.

    3. Les hommes symboliques de la politique de
collaboration avec l’ennemi doivent être éliminés
de tous les postes de commande.

    S’il n’était pas possible d’obtenir satisfaction
sur ces trois points, je remettrais à la disposition
de la résistance intérieure le mandat qu’elle m’a
confié et ne continuerais ma collaboration à un
organisme unifié que sur un ordre exprès.

    Depuis 1940, nos chefs, de Gaulle en tête, ne nous
ont jamais déçus. D’autres notes de Londres m’éclairent sur cette machinerie mystérieuse que les volontaires de 1940 désignent, selon le moment, France
libre ou simplement Londres.

    Le dernier document est une lettre personnelle,
qui commence par « Mon cher Max ». C’est la première fois qu’un papier de Londres utilise ce pseudo,
qui n’appartient, comme celui de * Régis, qu’au monde
de la Résistance et qu’aux quelques camarades duBCRA que * Rex a choisis comme collaborateurs. Quel
bureaucrate inconnu se permet une telle familiarité ?

    La suite est pire :

Nous vivons encore dans cette maison ici
[BCRA] sur la lancée des visites de M. [ * Max] et
Ch. [ * Chevalier =  * Vidal], que nos pensées accompagnent constamment et qui continuent d’inspirer
notre travail.

    En lisant, je suis partagé entre la fierté pour le rôle
donné à mon patron et l’agacement devant cette
admiration d’un inconnu qui dépasse, je ne le perçois que trop, une simple collaboration de travail.

    L’auteur de la note rabat de surcroît mon optimisme sur le départ du Général pour Alger : « À la
dernière minute, le voyage du général de Gaulle est
ajourné pour des “considérations” d’opportunité de
la situation militaire. »

    Plus loin, * Cléante annonce que * Passy refuse les
collaborateurs réclamés depuis des mois par * Rex.
Suit un commentaire sur l’ensemble des réclamations de * Rex et des résistants : « Hélas, nous sommes impuissants à décrocher la lune. » Il termine
par ces mots : « À vous, toute mon admiration et
mon amitié, à vos ordres. »

    Une nouvelle bouffée de jalousie m’envahit : Qui
est-il pour se permettre de s’adresser ainsi à * Rex ?
Je le ressens comme un outrage personnel. Ne suis-je pas le seul, moi, jeune homme écervelé, et qui le
sers si mal, à savoir en quoi il est admirable, par ses
attentions, son courage et son autorité ?

    Samedi 17 avril 1943

     

    Fin du voyage

    Rue Cassini, je remets à * Rex la grosse enveloppe
dans laquelle j’ai rangé les instructions. Il s’installe
dans un des fauteuils du living, moi sur le canapé.
Je demeure silencieux tandis qu’il s’absorbe dans la
lecture des directives. J’en profite pour lire la presse
afin de lui en faire un compte rendu.

    Quelque chose dans

Weitere Kostenlose Bücher