Alias Caracalla
je reconnais la personnequi accompagne * Médéric : * Lenormand 9 , un autre
chef de Ceux de la Libération. Ils ressemblent tous
deux au couple * Morlaix- * Champion : * Médéric est
aussi petit et enveloppé que * Lenormand est mince
et grand. Seuls les rôles sont inversés : le premier
parle en chef et le second écoute.
Il souhaite me rendre compte d’une opération de
justice pour laquelle, après coup, il veut obtenir
l’accord de * Rex : l’assassinat de Louis Goron, alias
*Gilbert, qui avait livré François Briant à la Gestapo.
J’ignore quelle sera la réaction de * Rex. Pour ma part,
je ne sais comment leur exprimer mon immense
gratitude : justice est faite.
Il me raconte ce que j’ignore. Goron avait été
choisi pour assurer la liaison avec Briant. Ce dernier avait été arrêté en pleine émission en compagnie de * Pal.Z et de Goron, qui était son courrier.
Jean Ayral ( * Pal) soupçonnait Goron d’avoir accepté
de travailler pour les Allemands. Depuis l’arrestation de Briant, Goron leur avait livré au moins sept
résistants. À la demande d’Ayral, un corps franc des
mouvements avait été chargé de la besogne, mais
s’était finalement dégonflé.
Pour en finir avec le danger dévastateur, * Médéric
a décidé d’opérer lui-même. Avec * Lenormand, ils
sont allés chercher le garçon chez ses parents et
l’ont conduit en voiture dans la forêt de Meudon,
où * Médéric l’a abattu de deux coups de revolver :
l’un dans la poitrine, l’autre dans la tempe. Ils ont
camouflé son cadavre dans un fourré. Le dimanche
suivant, les chiens de promeneurs l’ont découvert,
et les journaux ont reproduit brièvement la nouvelle.
En écoutant leur récit, j’envie, moi qui code destélégrammes pour Londres, ces deux hommes qui
ont accompli un véritable acte de guerre.
Jeudi 22 avril 1943
Tout le monde veut voir * Rex
Comme d’habitude, je verse quelques sommes
d’argent et rencontre des résistants qui veulent « à
tout prix » voir * Rex : il passe ses journées à rencontrer les chefs de la Résistance ou les hommes
politiques qui le souhaitent.
J’ai observé que c’est le jour où il vient de partir
pour Lyon que, soudain, tout le monde a besoin de
le voir « immédiatement ». Ce qui complique ma
tâche est que j’ignore presque toujours la durée de
son absence et ne prends donc aucun rendez-vous.
Avec * Morlaix et Pierre Kaan, je suis plus inquiet :
dès que * Rex est parti, ils me prouvent que tout va
mal et que je dois lui faire comprendre qu’il doit
revenir sans délai. C’est une fois de plus ce que
m’expliquent les deux hommes que j’ai rencontrés
séparément ce matin.
Hésitant à mettre par écrit les problèmes qui agitent les mouvements de zone nord, ils m’ont confié
de longs messages oraux pour * Rex. Leur vision de
la Résistance n’est pas identique. * Morlaix reflète
l’esprit des chefs, dont il prend souvent le parti, plaidant pour la politique d’union avec le Front national.
Kaan, lui, est secrétaire du Comité de coordination,
mais aussi du CGE, dont les membres et les travaux
ne sont pas connus de * Morlaix. Son point de vue
est plus proche de celui de * Rex.
Samedi 24 avril 1943
Décodage de la vérité
Depuis des jours, des télégrammes de Londres
s’accumulent sans que nous puissions les décoder.
Nous attendons toujours la clef du code que le
BCRA doit nous envoyer.
Quand j’arrive à Lyon, je trouve une bonne nouvelle : Londres vient d’adresser la clef (LX) et la
grille des télégrammes de trois semaines. Aussitôt,
nous décodons, en compagnie d’Hélène, les câbles
accumulés.
À 11 heures, je file chez * Rex, place Raspail, lui
apporter les câbles concernant la zone nord. La plupart d’entre eux sont des textes de routine : renseignements sur les parachutages, listes de départs de
personnalités, mises en garde à l’égard d’agents brûlés
ou arrêtés des réseaux de renseignements, messages
à transmettre à d’autres réseaux, etc.
Pour ce train-train administratif, un retard de
quelques jours est sans grande conséquence. Mais
concernant la mission de * Rex, tous les câbles sont
urgents, en particulier quelques-uns dont je découvre qu’ils questionnent * Rex sur l’activité de Combat
en Suisse.
L’affaire semble suffisamment importante pour
que de Gaulle ait écrit lui-même d’urgence à * Rex
pour qu’il lui explique une
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