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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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toujours
combattu de Gaulle, et il veut maintenant le rencontrer pour le convaincre de se dépouiller de son
contrôle sur la Résistance en France ! Quel cynisme,
ou quelle naïveté ! Je veillerai personnellement à ce
qu’il ne rejoigne jamais Londres. »

    Lundi 17 mai 1943

     

    Deux représentants pour

    le Conseil de la Résistance

    Depuis son retour à Paris, * Rex multiplie les négociations avec les mouvements, les partis et les syndicats. Le grand jour approche, maintenant qu’il
a réduit les obstacles majeurs.

    Presque tous les représentants sont désignés, à
l’exception de ceux de l’Alliance démocratique et de
la Fédération républicaine, bien que leurs partis en
aient accepté le principe. * Rex me demande d’organiser un rendez-vous avec Joseph Laniel pour le
premier et Louis Marin pour le second.

    Dès l’armistice, Laniel a participé au travail du
groupe clandestin créé à Lyon par Paul Bastid. C’est
par son intermédiaire que j’organise le rendez-vous
avec * Rex, à la sortie du métro Rue du Bac, au carrefour des boulevards Raspail et Saint-Germain. Ils
traversent tous deux le boulevard Saint-Germain et
entrent dans le premier bistrot de la rue du Bac.

    Après explication de * Rex, Laniel donne son adhésion sans réserve au projet de Conseil et accepte d’y
représenter son parti.

    Le dernier rendez-vous est avec Louis Marin.
Bien qu’il ait décliné à plusieurs reprises l’offre du
Général d’aller à Londres, il a accepté le principe
du Conseil de la Résistance. Mais, il y a quelques
jours, il a refusé in extremis d’y siéger, sous prétexte
qu’il était trop vieux, et a recommandé le marquis
de Moustiers pour le remplacer.

    Malheureusement, * Rex ignore la façon de le joindre. On le dit en Belgique. Aurons-nous le temps de
le trouver et de le faire venir à Paris pour la réunion ? C’est un représentant d’autant plus précieux
qu’il a été l’un des rares membres des partis à avoir
voté contre Pétain en juillet 1940.

    Mardi 18 mai 1943

     

    « La Résistance ? »

    Depuis l’arrivée de ce printemps exceptionnel, * Rex
donne ses rendez-vous dans des jardins : Tuileries,
Luxembourg, parc Monceau. Aujourd’hui, nous nous
retrouvons au rond-point des Champs-Élysées.

    Il m’entraîne rapidement dans les allées conduisant au Grand Palais, où seules quelques femmes
assises surveillent les jeux des enfants. De l’autre
côté de l’avenue, des soldats allemands en permission remontent en riant vers l’Arc de triomphe.

    La plupart des papiers que j’apporte à * Rex sont
des protestations contre le commandant de l’Armée
secrète, le général Delestraint, ou la création du
Conseil de la Résistance.

    Et le peuple français ? Depuis mon arrivée, je suis
accablé par son état de léthargie. Au centre de Paris
s’ajoutent une frivolité et un luxe provocants. Même
si la Résistance n’est pas ce qu’elle croit ou devrait
être, elle reste la seule opposition à Vichy et aux
Allemands. Elle est l’honneur de la France. Je me
risque à le dire à * Rex.

    Il me regarde, incrédule : « La Résistance ? Je vais
vous dire comment elle finira. Après la Libération,
le gouvernement lui rendra hommage en organisant
une exposition géante au Grand Palais. On y verra
des graphiques révélant le nombre de militants, les
tirages de la presse, les attentats et les morts ; des
collections de journaux clandestins formeront des
panneaux impressionnants ; enfin, des documents
et de rares photos retraceront son histoire. Il y aura
également une stèle gravée avec la liste des morts,
qui disparaîtra sous des monceaux de fleurs. Le
Grand Palais sera pavoisé de drapeaux tricolores.
Le jour de l’inauguration, l’exposition sera envahie
par une foule mondaine, qui découvrira avec frivolité ce passé inconnu, quand ce ne sera pas, pour
quelques-uns d’entre eux, honni. Pendant ce temps,
des sociétaires de la Comédie-Française réciteront
du Péguy, après quoi seront psalmodiés les noms
des martyrs. À l’entrée de l’exposition, on verra une
statue monumentale de * Charvet, en plâtre. Représenté debout, la main droite tendue vers les visiteurs
et la gauche levée, pointant un doigt en direction de
l’Élysée ! »

    Je ne peux m’empêcher de rire à la vision du « pauvre capitaine » (comme dit Copeau) en plâtre…

    Après avoir quitté * Rex au rond-point, je repense
à cette boutade et

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