Alias Caracalla
nouveau groupement en zone sud, qui
se rattacherait directement à la France combattante
ou bien à « la résurrection du mouvement Liberté
avec la même tendance ».
Dans une deuxième partie, * Rex annonce que
Frenay a reçu 10 millions de francs des Américains.
Ne possédant plus aucune liquidité, il adresse un
SOS à Londres en répétant une fois encore : « La
responsabilité que prend la France combattante est
très grave. »
Voilà plus d’un mois que * Rex est rentré d’Angleterre et qu’il répète cette même doléance sans succès.
Pourquoi ? Je me demande si * Brumaire et * Passy
ne font pas tout ce qu’ils peuvent pour s’opposer aux
demandes de * Rex depuis leur retour à Londres. En
le maintenant aussi isolé, sans moyens humains,
n’arriveront-ils pas à leurs fins : liquider * Rex ?
Le développement soudain de la Résistance, provoqué par les lois de Vichy sur le STO, a changé la
donne : l’argent pour les maquis commence d’arriver,
mais il faut autour de * Rex plus de collaborateurs. Or
personne n’est annoncé, et le silence accueille les
demandes répétées du patron. Je constate chaque
jour qu’il ne peut continuer seul à faire face à tous
les problèmes. Je redoute un complot silencieux
visant à le réduire. Mais comment le lui dire ?
Dimanche 16 mai 1943
Face à face * Barrès- * Rex
À la fin d’avril, * Rex avait reçu une demande de
rendez-vous de * Barrès 21 . Je ne connaissais le personnage qu’à travers les jugements peu amènes de
Copeau, qui n’a jamais manqué une occasion d’incendier ce camelot du roi, homme de main de Frenay.
Quand j’eus apporté son billet à * Rex, celui-ci
s’était récrié : « Quel culot ! Depuis des mois, il travaille contre de Gaulle au sein d’un réseau anglais.
Il a rallié * Charvet [Frenay] à Noël pour l’encourager
à la dissidence. L’“affaire suisse”, c’est lui. Au moment
où il a pratiquement perdu cette bataille, je ne vaistout de même pas officialiser son rôle néfaste en
discutant avec lui ! Pas de rendez-vous. »
Je lui soumis d’autres lettres. Après m’avoir indiqué les réponses, il revint à * Barrès : « * Charvet va
profiter de mon refus pour créer un incident :
répondez-lui que je le verrai le 16 mai. Organisez le
rendez-vous en fin de matinée. N’oubliez pas mon
déjeuner avec l’équipe de Défense de la France et la
réunion du Comité de coordination l’après-midi. »
Je répondis à * Barrès pour lui donner rendez-vous
au pied de la statue de Clemenceau, sur les Champs-Élysées, à 11 heures, avec Signal comme signe de
ralliement.
Depuis mon arrivée à Paris, j’ai observé que personne ne lit cette revue dans la rue. Seuls les résistants la tiennent ostensiblement à la main ! Je
m’étonne que les Allemands ne l’aient pas encore
identifiée comme un « brassard ».
Ce matin, * Rex m’a prévenu qu’il a pris un autre
rendez-vous juste avant celui de * Barrès et loin du
Petit Palais. Il me prescrit d’aller le chercher aux
Champs-Élysées et de le conduire, à midi, au Cyclamen , près du métro Villiers.
À l’heure dite, j’aperçois un petit homme chauve
qui se dirige d’un pas décidé vers la statue de
Clemenceau ; il tient Signal à la main. S’attendant à
rencontrer * Rex, il marque sa surprise en m’apercevant. Comme il hésite à m’aborder, je m’avance,
tenant ostensiblement la même revue. « Monsieur
*Barrès ? » Il reste muet. « *Rex a un rendez-vous de
dernière minute et m’a envoyé vous chercher pour
vous conduire auprès de lui. »
Les yeux bleus de * Barrès noircissent : « C’est toujours le règne du mépris. J’arrive de l’étranger ; je
traverse la France pour me rendre à un rendez-vous
fixé depuis quinze jours ; après une nuit en train, je
suis exact au lieu dit. * Rex, qui n’est qu’à quelques
stations de métro, me pose un lapin. Ça doit cesser ! Il
va apprendre à nous respecter. »
Surpris par sa voix cassée et haut perchée, je ne
réponds rien. Je suis là pour écouter, non pour discuter. Les chefs des mouvements m’ont imposé une
attitude stoïque face à l’injure. Plus je fréquente les
responsables de Combat, plus je constate un style
commun : volonté de puissance, mépris des « gens
de Londres », menaces permanentes. Sans m’émouvoir, je propose à * Barrès de prendre un vélo-taxi à
la station du rond-point des
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