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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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écriture inconnue l’a rédigé à la hâte :

Le porteur vous annoncera la catastrophe. Soyez
très prudent dans vos contacts. Prévenez tout le
monde. J’assure l’intérim et viendrai à Paris prochainement. Signé Sophie [ * Clovis].

    Tout continue. Pour la Résistance peut-être, mais
pour moi, c’est fini. Ma tête explose. * Rex ! Je ne
peux le croire, et en même temps je le pressentais.
Hébété, je pense à tout et ne comprends plus rien,
si ce n’est que je suis orphelin.

    *Germain se tait. Après un long moment, je le
questionne : « Avez-vous d’autres détails ?

    — C’est tout ce que m’a dit * Léopold. Il repart
demain matin et attend votre réponse. »

    Depuis mon parachutage, je sais que notre sécurité apparente est trompeuse. Les arrestations ne
m’étonnent plus ; mon tour viendra. J’ai tenu onze
mois sans accroc, une performance dans ma fonction, au carrefour de toutes les imprudences et de
tous les dangers.

    Depuis mon arrivée, j’ai été le témoin de tant de
catastrophes dans les services, les états-majors, les
mouvements. Des courriers, des secrétaires, parfois
des cadres avec qui j’étais en contact quotidien ont
soudainement été effacés.

    Un jour, une femme, un homme, avec qui s’est
noué un lien de complicité ne vient pas au rendez-vous : c’est fini. Souvent, il faut attendre plusieursjours pour apprendre ce que nous savons déjà : ils
sont entre les mains de la Gestapo.

    *Germain, les courriers et moi-même avons souvent frôlé la catastrophe ; chaque fois un miracle
nous a sauvés, à l’exception de Suzette et * Terrier,
arrêtés le 9 juin sans que j’en sache rien. Mais dans
mon credo, le patron était invulnérable. En outre, il
était le plus prudent d’entre nous.

    Les métros se succèdent. Je reste prostré sur le
banc de la station Châtelet : les Boches s’en sont pris
à l’homme qui incarne la liberté. J’ai envie de partir à
Lyon afin d’organiser son évasion. Nous attaquerons la prison : je suis sûr que nous l’arracherons à
la Gestapo.

    *Germain demeure silencieux. Le temps s’écoule,
et je suis toujours assis. Mon rendez-vous avec
*Morlaix à 7 heures approche. Lorsque le métro
arrive, je me lève d’un bond, donne rendez-vous à
*Germain à 10 heures, ce soir, au métro Raspail, et
monte dans le wagon bondé.

    À Saint-Michel, j’aperçois * Morlaix et * Champion
qui m’attendent au pied du grand escalier. Au
moment où la porte s’ouvre, * Morlaix est penché
vers * Champion et lui confie quelque chose qui les
fait rire. Comme ce rire me fait mal ! Je les envie
d’ignorer encore la vérité.

    Je cours vers eux, comme * Germain l’a fait vers
moi il y a quelques instants. « Nous étions inquiets
de ton retard. » À voix basse, je prononce avec difficulté les deux mots fatidiques : «  * Rex… Arrêté. »

    Jusque-là, c’était une douleur intime : * Germain
ne connaît pas le patron. Avec eux, c’est différent. Il
était un lien permanent entre nous, non seulement
à cause des rendez-vous et des repas, mais aussi
parce que, lorsqu’il était absent, il demeurait vivantpar les ordres qu’il leur adressait par mon entremise.

    Je ressens le besoin de rester en leur compagnie
afin de me sentir plus près de lui. Pour la première
fois, je déserte mon devoir : mon prochain rendez-vous avec Kaan et Farge à Odéon.

    Emportés par la foule, nous remontons en silence
le grand escalier de la station et allons dîner à L’Alsace
à Paris 23 , la brasserie de la place Saint-André-des-Arts.
Notre seule idée est de préparer son évasion. Malheureusement, nous ignorons les conditions de son
arrestation, tout autant que ses conséquences sur la
sécurité de tous.

    *Grammont a-t-il été arrêté lui aussi ? Qu’en est-il
des mouvements ? Nous espérons que * Sophie, lui
aussi, prépare l’évasion. * Morlaix évoque un commissaire de police, Porte, qui connaissait * Rex avant la
guerre : « Je vais l’envoyer à Lyon faire une enquête
et préparer l’évasion. Même si les mouvements l’ont
déjà organisée, il sera d’un grandsecours 24 . »

    Je saisis l’occasion : « Je l’accompagnerai ; il ne
connaît personne là-bas, pas plus que * Sophie. » Puis,
me ravisant : « Allons-y plutôt tous les trois : nous ne
serons pas de trop pour secouer l’apathie des mouvements. »

    Je ne peux oublier leur passivité après chaque
arrestation. Arrivant

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