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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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arrivait durant mon absence ? J’ai fait jurer à Briant,
en lui indiquant mon adresse à Londres, de tout
faire pour m’alerter.

    Mercredi 9 juillet

     

    Sentiments et convictions

    Hier soir, je suis tombé sur Yvon Morandat, en
civil, dans un restaurant de Soho, Chez Georges , cantine des Français libres en permission. Il avait quitté
le camp à la fin de l’été de 1940, et je croyais qu’il
était parti en Afrique. Ma surprise est aussi vive que
mon plaisir.

    Ce garçon sympathique et rieur, aussi peu militaire que possible, m’a expliqué qu’il s’occupait duService du travail de la France libre sous la direction d’Henri Hauck. À ce nom, j’ai bondi  : c’est, avec
Labarthe, une des bêtes noires des chasseurs à cause
de ses émissions à la BBC destinées aux ouvriers
français. Il écrit aussi parfois des articles de la même
encre dans France .

    Habitué depuis Delville aux violences de mes diatribes, Morandat n’a pas paru pas étonné outre
mesure lorsque je lui ai fait part de ma colère : « Il
faut que tu le rencontres pour lui dire ce que tu as
sur le cœur. Tu verras, il est sympathique et sera
très intéressé par tout ce que tu racontes. »

    Aujourd’hui, je suis dans le bureau de Hauck.

    Je lui répète l’indignation de mes camarades et de
moi-même à l’écoute de sa propagande « rouge ».
Malgré mes accusations, il me considère avec sympathie et m’interroge sur mon itinéraire politique.
D’abord surpris, il souligne que Maurras a choisi
l’armistice et Pétain parce que ce dernier a abattu
la République : « Vous semblez oublier que la raison de notre combat, c’est la liberté et que seule la
démocratie en est le garant. Cela vous semble un
non-sens, mais réfléchissez-y : c’est le socle de votre
engagement, sinon vous seriez allé rejoindre Maurras
à Vichy. »

    La discussion est inégale, mais notre entretien est
animé, quoique toujours courtois. Il m’invite à le
revoir lors de prochainespermissions 8 .

    En quittant Hauck, je rejoins Morandat dans son
bureau. Je lui explique que j’ai été sensible à
l’accueil très amical de Hauck, mais que je ne lui ai
pas caché le fossé qui séparait les dirigeants de
Londres des volontaires d’Old Dean. Peut-être Yvon
a-t-il quitté Delville trop tôt. Le moral était différent
à cette époque, sauf sur un point : en dépit d’opinions
disparates, nous ne nous étions pas engagés dans les
FFL pour sauver la République. Je fais appel à ses
souvenirs de chasseur en m’étonnant qu’il n’ait pas
informé ses supérieurs de leur mentalité.

    J’avais constaté, au cours de nos discussions au
camp, que lui-même n’était pas de notre bord, sans
que cela suscite de tension entre nous. Je suis
surpris que Hauck m’ait opposé les discours du
Général puisque, comme nous, il condamne avec
intransigeance les errements de la République.

    Avec Morandat, les sentiments priment sur les
convictions. Sans se départir jamais de sa bonne
humeur méridionale, il m’invite à déjeuner et me
prie lui aussi de le revoir lors de mes permissions à
Londres.

    Le centre des Français libres nous a distribué, à la
demande de Morandat, des billets autorisant la visite
de certains monuments. C’est ainsi que nous assistons à une séance de la Chambre des communes.

    Nous visitons d’abord le palais de Westminster,
gravement endommagé par les bombardements. C’est
la première fois que j’entre dans ce temple de la
démocratie, pour lequel je n’exprimais en Franceque sarcasmes. Bien que PhilippeKœnigswerther 9 m’ait averti en riant que le bâtiment était du faux
gothique construit au XIX e  siècle, je suis impressionné
par l’architecture exubérante et la richesse de la
décoration de la Chambre des lords, dans laquelle
se sont réfugiés les membres de l’autre Chambre
anéantie par les bombardements.

    De la tribune du public, au premier étage, quelques
spectateurs nous entourent  : nous avons une vue
panoramique sur les débats.

    Je vois Churchill à son pupitre, obligé de se
défendre face à une meute d’interlocuteurs rageurs.
Je suis indigné que le Premier ministre, auquel
l’Angleterre doit sa liberté, soit mis en cause par des
parlementaires irresponsables. Cela me confirme dans
mon opinion sur la « perversité du principe démocratique ».

    Vendredi 11 juillet 1941

     

    Politique d’abord

    Revenu au camp, je n’ai qu’un objectif  :

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