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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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connaître
la réponse du BCRA. Je me jette sur Briant ; il est
sans nouvelles du service.

    Le capitaine * Bienvenue nous a-t-il oubliés ? Se
méfie-t-il des blancs-becs sans formation spéciale ?
Je me console en racontant mes vacances « parlementaires » et mes conversations avec Morandat et
Hauck.

    Je note dans mon cahier :

11 juillet. Vieux représentant du Front popu.
Rien à faire de ce côté-là, mais prendre de plus en
plus conscience du rôle que nous aurons à jouer
dans la restauration de la France par les Français,
et des vrais.

    L’après-midi, je répète mon exposé aux camarades de la hut voisine, dont je regrette le départ
d’Yves de Daruvar. J’avais souvent avec lui des
conversations sur l’avenir de la France. Il avait
appartenu à la compagnie Dupont. Bien qu’il ait
passé, à Paris, le concours d’admission à l’École
d’outre-mer, il n’avait que dix-neuf ans. Je me reconnais en lui : il fait partie des garçons qui veulent
changer le monde.

    Notre complicité est née lors de nos ablutions
matinales. Comme moi, il fait une toilette complète
avant de commencer la journée et, comme moi aussi,
fuit la bousculade. Redoutant la ruée des camarades,
le matin, à 6 heures, nous étions toujours les premiers
dans la grande salle aux cinquante lavabos.

    Dès le premier jour du peloton, je l’avais trouvé
torse nu en train de se débarbouiller. Nous étions
en décembre, et la température avoisinait 0  o C. Il
ne changea jamais ses habitudes durant ce rude
hiver durant lequel le camp était enseveli sous la
neige.

    Toujours enthousiaste et d’une gaieté enfantine, il
me faisait part de ces riens quotidiens qui constituent la vie d’élève officier. Avec le temps, cet agrégat
s’appelle l’amitié.

    Au fil des jours, j’ai découvert que nous avions
des idées et des goûts communs, mais il possède unematurité qui ravale mes tentatives au rang de rêveries
puériles. Il réfléchit pour résoudre les problèmes
difficiles de la vie sociale. C’est autour du relèvement
de la France et de l’Europe, des projets d’organisation d’« équipes » dirigeantes que notre entente s’est
scellée.

    Dès la fin des études, il a quitté le camp avec le
contingent d’aspirants. C’est alors que j’ai mesuré la
place qu’il avait prise dans mon esprit, et pas seulement au vide que j’éprouve lors de mes ablutions,
désormais solitaires.

    La discussion avec mes camarades révèle une fois
de plus notre accord unanime pour critiquer la
III e  République. Sur ce point, depuis un an, il n’y a
rien de nouveau, non plus que dans notre aspiration à refaire la France. Mais comment ?

    Je suis d’autant plus ouvert à une remise en question de mes convictions que j’ai compris depuis
quelque temps la nécessité de rompre avec l’esprit
de parti. En pratique, c’est difficile. Un vieux réflexe
nationaliste et autoritaire, dû à mon passé qui
recoupe mon caractère, fait toujours violemment
irruption au cours des discussions.

    Soirée moins exaltante :

Fin de jour orageux, tonnerre chaleur moite où
torse nu je suis enveloppé de moiteur — Cafard —
Dépression.

    Dimanche 13 juillet 1941

     

    Le colonel * Passy 10

    Briant a passé une journée à Londres. À son retour,
il m’a transmis une convocation de * Bienvenue : le
capitaine m’attend aujourd’hui au 10 Duke Street.

    Dix fois je lui ai demandé de me redire sans
rien omettre les recommandations qu’on lui a faites.
Heureusement, Briant garde son calme : il ignore
tout des raisons de ma convocation.

    Ce matin, je soigne ma toilette afin de faire la
meilleure impression. Arrivé très en avance au BCRA,
je juge comme un présage favorable que le planton
soit au courant de mon rendez-vous. Il me fait attendre dans une petite pièce donnant sur la rue.

    À 3 heures, le planton ouvre la porte et me fait
signe de le suivre. Nous longeons un étroit couloir
au bout duquel il frappe à une porte et annonce « le
sergent Cordier ». J’entre et me trouve soudain
devant un colonel. « Je suis le colonel * Passy », me
dit-il sans se lever de son bureau. Je le salue réglementairement en claquant les talons.

    Il semble plus âgé que nos officiers, bien qu’il ait
je ne sais quoi d’enfantin dans son visage. Son
regard d’acier me scrute avec la volonté de percer
les apparences. Une feuille est posée devant lui :
« Le capitaine * Bienvenue me signale que

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