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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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connaît pas de maîtresse à Henri pendant les dix-huit premières années de leur mariage. Il est un homme de pouvoir, ne pense qu’à gouverner, augmenter sa puissance, conquérir… À une époque où courir les dames, pour un seigneur, est un sport fréquemment pratiqué – il y a des exemples dans les familles des deux jeunes mariés dont le plus frappant est peut-être Henri 1er Beauclerc dont tous les chroniqueurs s’accordent à reconnaître qu’il aimait sa femme Mathilde d’Écosse mais a quand même eu pendant son mariage dix-neuf bâtards officiels, ce qui montre une conception assez particulière de la fidélité et de l’amour conjugal ! –, Henri fait preuve d’une « monogamie » qui semble indiquer que le couple là aussi a trouvé son équilibre. Du côté d’Aliénor, les vilaines rumeurs s’estompent après son mariage. Il y a bien quelques bruits à propos du troubadour Bernard de Ventadour, mais rien d’aussi violent que ce qui se disait sur elle durant son mariage avec Louis VII {13} .
    Pendant l’été 1152, parcourant les routes d’Aquitaine, Henri et Aliénor apprennent à se connaître. Je les crois trop intelligents pour ne pas avoir saisi les limites de l’autre, et les barrières à ne pas franchir. Henri a compris que sa femme resterait toujours « la » duchesse d’Aquitaine, qu’elle voudrait conserver la prédominance sur ses terres. C’est une chose dont le jeune duc pouvait parfaitement s’accommoder, dans un premier temps du moins. Aliénor, quant à elle, a sans doute appréhendé plus justement l’extraordinaire énergie de son mari, la précision de son ambition et aussi son indépendance ; Henri est un homme avec qui l’on peut discuter, à qui l’on peut s’opposer et même s’affronter le cas échéant, avec qui l’on peut également trouver des compromis mais à qui on n’impose jamais rien. Découvre-t-elle dès ces premières semaines les aspects noirs de la personnalité du jeune homme, ses colères violentes, difficilement contrôlées, son intransigeance, son autocratisme… ? La duchesse est amoureuse, elle a sans doute senti tout cela, mais, s’il n’est pas aveugle, l’amour est indulgent. Elle aura choisi de ne pas s’en préoccuper, de considérer cela comme la fougue de la jeunesse.
    Un élément peut-être sur lequel ils n’avaient pas imaginé s’entendre aussi bien est leur passion commune pour la littérature. Tous les deux sont cultivés et amoureux des lettres. Cela aura une importance considérable sur le paysage littéraire de la seconde moitié du XIIe siècle car ils entretiendront une cour brillante, attireront les écrivains, les poètes de leur temps, susciteront et inspireront même des œuvres.
    Il faut souvent plusieurs mois, voire plusieurs années à un couple pour se former, se construire et s’équilibrer. Les circonstances, nous allons le voir, n’ont pas donné ce temps-là à Henri et Aliénor. Pourtant ils s’entendront parfaitement pendant plus de quinze ans. C’est dire combien ce qui s’est passé entre eux, en ces quelques semaines de l’été 1152, a été important. Nous ne pourrons sans doute jamais savoir si l’amour qu’Aliénor portait à son second mari était réciproque. Le sentiment que l’on peut en avoir, huit siècles après, est de l’ordre de l’intime conviction. Certes, pour Henri, ce mariage est une excellente affaire. Mais précisément, ne nous laissons pas aveugler par cet aspect des choses. Qu’il ait eu « intérêt » à épouser Aliénor ne lui interdisait pas de l’aimer. Personnellement, je crois que ces deux-là ont vécu une véritable histoire d’amour, de sentiment partagé. Qu’ils se sont « rencontrés » un été à Paris, qu’ils se sont « découverts » un été en Aquitaine et que la plus belle forme de déclaration d’amour qu’ils se sont faite est d’avoir ensuite partagé une même ambition qui les a fait devenir les souverains les plus puissants d’Occident.

5 Premier duel
    À Paris, Louis VII apprend la nouvelle du mariage d’Aliénor et d’Henri avec un mélange de tristesse et de colère. Voici ce qu’en dit le chroniqueur Lambert de Wattrelos : « Le roi apprenant cela eut l’âme bouleversée, en éprouva une grave souffrance et se reprocha de s’être séparé de sa femme. » Il est certain que la nouvelle n’a pas dû le réjouir, mais Wattrelos exagère très probablement d’autant que, comme le remarque

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