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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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l’affrontement direct et bat en retraite vers Mantes. Dès la fin du mois d’août, Henri peut quitter la Normandie pour l’Anjou où, en quelques semaines, il met fin aux rébellions fomentées par son frère qui se trouve contraint de capituler. Il en profite au passage pour récupérer Chinon, Loudun et Mirebeau, c’est-à-dire la maigre part d’héritage qu’il avait consenti à laisser à Geoffroy.
    Du côté de la Normandie, les coalisés essayèrent d’attaquer les forteresses de Tillières-sur-Avre, Verneuil et Nonancourt, mais rien de très probant… Henri ne s’en inquiéta pas. En quelques semaines, il avait montré à ceux qui en doutaient encore qu’il possédait de réelles qualités d’homme de guerre et de tacticien. Son sens de la mobilité – qui avait surpris ses ennemis – était très moderne pour une époque où l’on avait encore tendance à préférer les batailles rangées. On peut malgré tout s’étonner des reculades de Louis VII. Je ne crois pas qu’il faille y voir de la pusillanimité ; le roi de France est un homme courageux, il l’a montré pendant la croisade. Considérons plutôt que, d’une part, la raison invoquée pour justifier l’attaque de la Normandie est faible et peut entacher l’autorité morale du roi. Or il « n’existe » que par là ; que pourraient penser les vassaux d’un suzerain qui ne respecterait pas la loi féodale et tenterait de s’emparer sans vraie raison des terres d’un homme ayant fait serment d’allégeance et n’ayant manifesté aucune agressivité à son égard ? D’autre part, certains historiens ont avancé l’hypothèse – tout à fait plausible – que l’attaque de la Normandie n’était en fait qu’une diversion pour empêcher Henri de traverser la Manche et donner un peu de répit à Étienne de Blois.
    Nous ne saurons jamais ce qu’il en a vraiment été. Ce qui est sûr, c’est qu’en quelques semaines Henri a affirmé un peu plus encore sa personnalité. Est-ce le mariage avec Aliénor ? Le jeune homme a le sentiment que rien ne peut l’arrêter. Il n’a pas vingt ans mais ne doute pas un seul instant de son destin.
    Pendant cet été 1152, la donne géopolitique change.
    Les équilibres sont rompus. Une nouvelle ère commence, caractérisée par un duel permanent entre la couronne capétienne et les Plantagenêt. Ces derniers prennent la main dès la première manche ; ils la garderont longtemps. L’avenir est incontestablement prometteur pour Henri et Aliénor. La tentative royale de les faire rentrer dans le rang n’a abouti qu’à renforcer leur puissance. C’est dans ces moments-là que les réputations se font et celle d’Henri l’installe dans la position d’un homme brillant qu’il faut redouter.
    Louis VII, de son côté, sort affaibli de l’affaire. Il se sent de plus en plus seul, replié sur sa petite Île-de-France. Autour de lui, le vide se fait, comme si, de ce point de vue également, une page se tournait. En un peu plus d’un an, il a perdu quelques-uns de ses principaux conseillers, ceux que son père lui avait légués pour l’aider à assumer sa tâche. Suger est parti en premier, suivi quelques mois après par l’évêque Josselin de Soissons, puis par Thibaud de Champagne et, en octobre 1152, c’est le vieux et turbulent Raoul de Vermandois qui disparaîtra. Des personnalités qui ont marqué les règnes successifs de Louis VI et Louis VII, il ne reste que saint Bernard qui mourra à son tour pendant l’été 1153. Cette même année voit disparaître le pape Eugène III qui avait reçu l’ex-couple royal à Tusculum. En Allemagne, le pouvoir change de main. L’empereur Conrad III de Hohenstaufen meurt et c’est son neveu, Frédéric 1er Barberousse, qui lui succède. Le nouvel empereur est au moins aussi ambitieux que notre Plantagenêt et ses prétentions ne visent pas moins que le dominium mundi.
    Autour de l’année 1152, c’est le XIIe siècle qui bascule. De nouvelles personnalités apparaissent qui vont s’affronter et marquer le cours de l’histoire. En France, l’opposition entre Louis VII d’une part, Henri et Aliénor de l’autre, sera le fait dominant des décennies à venir. De cette première opposition – de ce test en quelque sorte où chacun a jaugé la détermination de l’autre – Henri sort vainqueur. Dès septembre, des trêves sont négociées entre le roi de France et le duc de Normandie.
    Henri, assuré de la

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