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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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reçue. Elle n’a sans doute jamais imaginé qu’il pouvait en être autrement. Ce qui est remarquable n’est pas qu’Henri ait « pris le pas sur sa femme » mais que cette dernière ait conservé autant d’autonomie et un rôle si important. J’irai même jusqu’à penser qu’Aliénor, après l’expérience malheureuse de son mariage avec Louis VII alors que le Capétien l’avait, dans les dernières années, éloignée de l’exercice du pouvoir, devait se sentir parfaitement heureuse et épanouie du partage des tâches et des fonctions qui lui sont attribuées dans ce « tandem » avec Henri. Aliénor aime le pouvoir autant que son mari. Le jeune monarque a sans doute compris que l’expérience de sa femme lui était précieuse mais surtout qu’elle serait beaucoup plus utile à la réalisation de ses ambitions en exerçant ce pouvoir qu’elle affectionne, plutôt qu’en étant réduite au rôle de « génitrice » pour assurer l’avenir de la dynastie, ce qui n’aurait pas manqué de la frustrer.
    La première tâche du couple est donc de restaurer le pouvoir royal. Ils vont s’y atteler immédiatement après le couronnement. Bien qu’elle soit enceinte, et même en fin de grossesse, Aliénor n’est pas inactive. Les comptes royaux nous renseignent sur leurs rôles respectifs. Henri va se mettre à parcourir le pays en tous sens. Aliénor se charge de restaurer la pompe royale. Parmi ses tout premiers achats, on trouve des nappes, des tentures, des coussins ainsi que des bassins de cuivre qui servaient entre autres à se laver les mains au cours des banquets. Elle fait également acheter de l’or pour faire dorer sa vaisselle. Selon toute probabilité, Aliénor se livre à ces activités domestiques tranquillement installée à Bermondsey, attendant sa « délivrance », pour employer un terme dont l’usage est apparu quelques années à peine avant la naissance d’Aliénor. Le 28 février 1155, la reine d’Angleterre donne naissance à un second fils que l’on baptise du même prénom que son père, Henri, et qui en conséquence sera pour l’histoire Henri le Jeune. L’enfant est baptisé à l’abbaye de Westminster par l’archevêque de Canterbury, celui-là même qui avait sacré Henri et Aliénor. Le choix n’est pas innocent. C’est d’un enfant royal qu’il s’agit, peut-être d’un héritier car on dit que l’aîné, Guillaume, est de santé fragile ; le lieu et l’officiant du baptême marquent la solennité et l’importance du moment ainsi que le montre la foule nombreuse venue acclamer les souverains et leurs enfants.
    Dans ces premiers mois de 1155, le château de Westminster est réhabilité. Le couple royal n’avait pu s’y installer en décembre 1154 en raison de l’état de délabrement dans lequel se trouvait le bâtiment qui n’était plus entretenu depuis plusieurs années. Étienne de Blois n’aimait ni Londres ni Westminster dont il s’était totalement désintéressé. La restauration du palais est menée de main de maître par le nouveau chancelier Thomas Becket. De même, Thomas fait restaurer la Tour de Londres, siège de la monarchie, qui menaçait ruine : « Le travail fut conduit avec une telle vigueur, nous dit Guillaume Fils Étienne, qu’on l’acheva durant le petit nombre de semaines qui séparent Pâques de la Pentecôte. Il y avait tant de charpentiers et d’ouvriers de toute sorte, et il régnait parmi eux tant d’animation et de bruit qu’il eût été impossible de se faire entendre… Jamais Londres n’avait eu le spectacle d’une telle activité. » Le nouveau chancelier tient à montrer son zèle et son efficacité et il faut reconnaître qu’il réussit parfaitement. Thomas Becket a compris les intentions des souverains et l’importance symbolique que revêt la restauration des édifices liés à la monarchie pour manifester de manière forte le « retour » du pouvoir royal dans la ville.
    Henri de son côté s’emploie à reprendre en main le pays. Il y consacre toute son énergie. Henri a conservé auprès de lui des membres de l’entourage du roi Étienne. Celui-ci n’avait jamais été un grand administrateur. Il se souciait peu des affaires courantes, déléguait à ses commis et ne les contrôlait pas ou peu. Inutile de préciser qu’ils en profitaient et que la vie auprès du précédent roi se déroulait assez calmement, encore plus calmement pendant les dernières années de son règne.
    À

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