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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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comme c’était le cas de ses prédécesseurs, être une sorte de bras armé de l’ordre ecclésiastique. On assiste à la mise en place, d’une manière embryonnaire, d’un royaume franc dont les contours sont maintenant délimités par les liens vassaliques entre les grands féodaux et le roi. L’autorité royale, pourtant sanctifiée par le couronnement religieux, prend lentement ses distances avec le pouvoir ecclésiastique. Louis VII, roi pieux s’il en est, marque de ce point de vue une rupture dans un processus et un inversement de tendance. On peut d’ailleurs penser que sur l’indépendance du pouvoir royal par rapport à l’Église, Henri et Louis sont du même avis. Ce sont leurs méthodes respectives pour asseoir cette indépendance qui vont s’avérer diamétralement opposées.
    Louis veut imposer une image de rex pacifîcus . Pour cela il lui faut obtenir une sorte de coexistence pacifique avec le Plantagenêt. Henri de son côté a besoin de la neutralité du roi de France pour définir les règles du gouvernement de son empire compte tenu du nouvel élément très important que constitue désormais la présence de l’Angleterre dans cet empire. Le principal problème d’Henri et Aliénor sera la taille de leur territoire qui implique pour eux d’installer des relais et d’être d’une grande mobilité. Nous n’en sommes qu’aux toutes premières années de cet empire ; il faut le construire et lui donner un mode de fonctionnement viable. Les nouveaux souverains anglais ne peuvent pas se permettre d’entrer en conflit avec le Capétien.
    Louis et Henri ont donc intérêt à la paix pour des raisons différentes. Voilà pour le fond de cette rencontre. Concrètement, de quoi ont-ils pu parler ? Selon Yves Sassier {28} un point n’a pas pu être évité, c’est le Vexin normand, pomme de discorde récurrente entre les deux maisons depuis que le père d’Henri, Geoffroy le Bel, avait été contraint de l’abandonner à la couronne de France, et dont Henri veut récupérer la possession. Autre sujet : l’Anjou. Le frère d’Henri, Geoffroy, s’agite. On se souvient que, selon le testament de Geoffroy le Bel, Henri devait laisser les comtés d’Anjou et du Maine à son frère quand il aurait ceint la couronne anglaise ; Henri avait finalement juré de respecter ce testament… serment qu’il n’est pas pressé de tenir. Il n’en a en fait aucunement l’intention. On se souvient également que Louis avait préalablement soutenu le jeune Geoffroy lorsqu’il avait tenté de soulever l’Anjou juste après le mariage d’Henri et Aliénor.
    Le roi de France est maintenant en position d’arbitre dans la querelle qui oppose les deux frères. Il ne soutient plus ni l’un ni l’autre. Sans doute son « cœur » penche pour le plus jeune mais la puissance de l’aîné l’oblige à la neutralité. L’intention du Plantagenêt est de faire hommage au roi de France pour l’Anjou. Louis acceptant cet hommage, il reconnaît ipso facto les droits d’Henri au détriment de ceux de son frère. On peut penser qu’en contrepartie Henri propose de dédommager généreusement son frère… ce qui est la moindre des choses. Mais ce n’est pas là l’argument principal du Plantagenêt. Il y a d’abord cette histoire de serment. Henri sort de sa manche, si l’on en croit un chroniqueur anglais, une carte maîtresse : Adrien IV l’a délié du serment qu’il avait prononcé en septembre 1151 devant la dépouille mortelle de son père ; c’était la part « officieuse » de la mission de Jean de Salisbury à Rome.
    Autre argument de poids, Henri veut, en même temps qu’il fait hommage pour l’Anjou et le Maine, faire hommage pour l’Aquitaine et le Poitou en tant que duc et comte. Il aurait dû le faire après son mariage avec Aliénor mais il s’en était bien gardé. Or tant que cet hommage n’est pas rendu, Henri n’a pas officiellement reconnu l’autorité féodale du roi sur ces deux territoires ; il ne s’est pas déclaré son vassal. On se doute que pour Louis, la reconnaissance de sa suzeraineté par son rival est une chose importante et renforce l’autorité de la couronne. Henri, de son côté, a besoin de faire cet hommage qui le placera définitivement à la tête des territoires de sa femme. Si le roi accepte son hommage, les vassaux aquitains sont obligés de faire de même selon le système féodal. Il faut toujours avoir à l’esprit que l’un

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