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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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ensuite Aélis a été fiancée au frère d’Henri, Thibaud de Blois, le jeune homme pressé qui avait tenté d’enlever Aliénor pour l’épouser de force lorsqu’elle avait quitté Beaugency après le divorce. Louis s’était jusque-là assuré de la neutralité de ses puissants vassaux, Blois-Champagne sur son flanc gauche ; il n’est pas illogique de penser qu’une alliance matrimoniale avec les Plantagenêt aurait le même effet et sécuriserait le flanc droit. Et si l’on considère la traditionnelle rivalité entre les Angevins et les Bléso-Champenois – qui avait connu son apogée pendant la guerre de succession anglaise entre Mathilde l’Emperesse et Étienne de Blois –, par les fiançailles de ses deux premières filles, Louis VII marquait un rapprochement avec la famille de Blois-Champagne ; en fiançant la troisième avec un Plantagenêt, il rééquilibrait la situation et s’installait dans une position de neutralité qui lui permettrait d’arbitrer un éventuel conflit resurgissant entre les deux familles.
    Pour Henri et Aliénor, l’immédiat bénéfice d’un mariage entre Henri le Jeune et Marguerite est le Vexin normand. Récupérer le Vexin normand est une obsession chez les Plantagenêt. Cette terre fait partie de toutes les négociations qui se sont déroulées avec le roi de France. Louis VII ne veut pas se séparer d’une terre aussi riche, lui qui en a si peu. Tout comme il peut légitimement être hésitant à la perspective de voir un jour un Plantagenêt monter sur le trône de France si la providence ne lui accorde pas cet héritier qui fait l’objet de toutes ses prières. Henri et Aliénor, par la bouche de Thomas Becket, proposent un mariage entre leur fils aîné, Henri le Jeune, âgé de quatre ans, et la petite Marguerite de France, âgée de deux ans. La dot de la fillette étant cet incontournable Vexin normand qui réintégrerait le giron des Plantagenêt dès que le mariage entre les deux enfants aurait été célébré. Le roi de France a-t-il réellement le choix ? Peut-il refuser ? Il sait ne pouvoir rien opposer à la puissance financière et donc militaire des Angevins. D’un autre côté, ce mariage lie un peu plus Henri et Aliénor à la couronne de France dans le sens où il leur devient encore plus difficile de s’opposer à Louis VII à partir du moment où celui-ci est le beau-père de leur fils. À long terme, ce lien peut être profitable au Capétien puisqu’il peut lui permettre de renforcer son autorité morale et sa position d’arbitre sur des conflits à venir.
    Une autre raison le pousse à accepter : cette raison, c’est Frédéric Barberousse, empereur du Saint Empire romain germanique. Monté sur le trône en 1152, Frédéric 1er de Hohenstaufen est de la même génération qu’Henri II d’Angleterre et d’une ambition au moins égale si ce n’est supérieure {33} . Louis VII se trouve enserré entre les deux hommes car l’Allemand a épousé, en 1156, l’héritière du duché de Bourgogne, Béatrice – elle lui donnera huit garçons et deux filles ! – dont les terres touchent celles du Capétien. L’empereur est tenté de jouer un rôle d’arbitre dans les querelles qui opposent les barons bourguignons entre eux et, de ce fait, de s’emparer d’une prérogative du roi de France. Dès 1156, des émissaires anglais et allemands se rencontrent. Clairement, Henri et Frédéric ont compris qu’ils n’avaient pas intérêt à s’affronter et essayent de s’entendre ; entente qui ne peut se faire, selon toute probabilité, que sur le dos du roi de France, ce dont ce dernier est conscient. En 1157, l’empereur d’Allemagne a proposé une alliance à Henri et Aliénor qui se sont empressés d’accepter. Sentant la tempête se lever, Louis VII avait quant à lui proposé à plusieurs reprises une rencontre à Frédéric Barberousse qui n’avait jamais daigné lui répondre. Dans ce contexte, une alliance matrimoniale avec les Plantagenêt ne peut que jouer en faveur du Capétien en déséquilibrant le rapport de forces en place. Le roi de France s’est installé, contraint par les faits, mais aussi parce que c’est son tempérament, sur une ligne de repli politique qui consiste à éviter tout affrontement direct, jouer la durée et se poser en arbitre et en recours moral. Peut-être pense-t-il que deux lions voraces comme Henri et Frédéric ne manqueront pas, à un moment donné, de s’entredéchirer et

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