Amy, ma fille
allongée par terre, dans la cuisine. Je l’ai portée jusqu’à sa chambre, à l’étage. Elle voulait continuer à boire alors qu’elle ne pouvait même plus mettre un pied devant l’autre. Elle a beaucoup juré, et moi aussi. Je ne savais pas quoi faire : elle voulait aller s’acheter de l’alcool, mais vu son état, Dieu sait ce qui pouvait lui arriver dehors. Heureusement, elle s’est vite endormie pour ne rouvrir les yeux que le lendemain matin. J’ai demandé à Chris de vider les bouteilles qui se trouvaient chez elle. Tous les moyens étaient bons pour l’empêcher de boire.
Le lendemain, je l’ai trouvée assise dans son jardin à siroter un latte . Étant donné la quantité d’alcool qu’elle avait ingurgitée la veille, elle avait très bonne mine. Nous n’avons pas évoqué directement cet incident (je n’avais pas l’énergie pour une énième dispute), nous contentant de parler de tout et de rien.
— Au fait, Jane et moi on va à Tenerife le mois prochain.
— Oh, c’est super papa. Ah tiens, Anthony a dû appeler le gars qui répare la climatisation, elle est encore en panne. Pour toi, ça doit être sympa d’avoir la clim dans le taxi quand il fait chaud comme ça.
— Ça, c’est sûr. D’ailleurs, il faut que j’emmène le taxi au garage vendredi.
Je suis allé au fond du jardin pour admirer la maison, tout en jouant avec les pièces au fond de ma poche. Elle était superbe, Amy l’avait vraiment personnalisée. C’était sa première maison d’adulte.
— Elle est super, vue d’ici, non ? lui ai-je lancé. Un vrai nid douillet.
— Oui. Je m’y sens super bien. Je me vois pas en partir un jour.
Juste avant que je ne quitte les lieux, Amy m’a dit :
— Désolée pour hier, papa.
— C’est rien, ai-je répondu. Ça fait partie du processus de guérison.
— Oh, merci papa ! a-t-elle répondu en me faisant un câlin comme elle en avait l’habitude.
Le 21 avril, elle m’a répété qu’elle en avait terminé avec la boisson. Je connaissais le refrain et je me suis préparé à ce qu’elle rechute dans les deux ou trois jours, mais au moins, elle ne se voilait plus la face. Six mois ou un an plus tôt, elle affirmait n’avoir aucun problème d’alcool et pouvoir s’arrêter quand elle voulait. Elle entamait une nouvelle période d’abstinence qui, comme je l’espérais à chaque fois, allait durer plus longtemps que la précédente.
Les jours qui ont suivi, elle s’est accrochée, malgré la mélancolie et les sautes d’humeur. Le docteur Romete, qui l’a vue régulièrement, m’a répété qu’elle était très satisfaite de ses progrès.
Et puis, le 11 mai, elle est retournée à la London Clinic. Elle ne se sentait pas très bien ; ses analyses ont révélé un taux de potassium et de glucose élevés. On lui a expliqué que cela pouvait engendrer des problèmes cardiaques, ce qui lui a fait peur. D’après le docteur Romete, c’était sans doute lié au processus de désintoxication. On l’a mise sous perfusion afin de stabiliser ses taux et le lendemain, elle allait beaucoup mieux. Après une nouvelle prise de sang qui n’a rien révélé d’anormal, elle est sortie de l’hôpital.
J’ai téléphoné chez elle un samedi soir pour prendre des nouvelles et c’est Reg qui a répondu. Avant de me la passer, il m’a dit qu’ils revenaient d’une virée merveilleuse dans le West End. Ils s’étaient baladés après déjeuner et étaient entrés dans un bar de Kingly Street où jouait un groupe. Ils s’étaient assis et alors que le groupe s’apprêtait à commencer, Amy avait lancé, spontanément : « Ça vous dirait d’avoir une chanteuse avec vous ? »
Ils l’avaient invitée à se joindre à eux et avaient interprété quelques morceaux ensemble. C’était comme avant, quand elle prenait plaisir à chanter devant ses fans.
Je suis parti à Los Angeles deux jours plus tard et en arrivant à l’hôtel, j’ai reçu un message m’annonçant qu’Amy avait replongé. Elle s’était abstenue pendant plus de trois semaines et j’ignorais ce qui avait bien pu la pousser à s’y remettre. Tout allait bien avec Reg, elle écrivait de nouvelles chansons, elle avait repris du poids et était vraiment en forme. C’était sans doute sa période d’abstinence la plus longue et cela m’avait redonné espoir. À mes yeux, plus les rechutes s’espaçaient, plus elle progressait.
Le 17 mai, Raye m’a
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