Amy, ma fille
appelé : Amy avait été transportée d’urgence à l’hôpital parce qu’après une nuit de beuverie, ils n’avaient pas pu la réveiller. Elle allait un peu mieux maintenant et semblait avoir retrouvé ses esprits mais devait passer la nuit en observation. Le lendemain, elle a décidé de rentrer chez elle.
Quand je suis rentré à Londres quelques jours plus tard, je suis directement allé la voir. Elle était ivre. Le docteur Romete, qui était présente, m’a annoncé qu’elle renonçait à suivre Amy dans la mesure où celle-ci continuait de boire. Elle m’a remis une lettre qui retraçait son parcours médical et les événements des derniers jours. D’après ce courrier, Amy se trouvait en danger de mort. Le 17 mai, elle avait fait un coma éthylique et moins de vingt-quatre heures plus tard, avait quitté l’hôpital.
Le style de la lettre était brutal, sans détours. Nous savions tous qu’Amy était en danger, mais le voir écrit noir sur blanc était terrifiant. Je tremblais et j’avais la gorge serrée. Je ne m’étais jamais senti aussi mal. Montrer cette lettre à Amy ne servirait à rien, elle était ivre et le lendemain aussi : mes espoirs de guérison étaient anéantis.
Ça a continué comme ça. Le 22 mai, Andrew m’a informé qu’Amy s’était levée à dix heures et avait descendu la moitié d’une bouteille de vin avant de se rendormir jusqu’au soir.
*
Elle avait recommencé à boire. Le 24 mai, Riva a suggéré qu’on l’emmène au Priory, un centre de cure à Southgate, dans le nord de Londres. J’avais beau penser que c’était peine perdue, j’ai accepté de lui en parler. Riva et moi avons passé toute la matinée à tenter de la convaincre ; nous avons même fait venir le docteur Brenner, un médecin du centre. Malgré l’impolitesse d’Amy envers lui, il ne s’est pas démonté. Ça n’a pas été facile, mais nous y sommes finalement parvenus.
Nous sommes arrivés au Priory vers quatorze heures et elle a demandé à partir immédiatement. Je suis resté avec elle pendant deux heures, durant lesquelles elle s’est calmée et s’est peu à peu acclimatée à ce nouvel environnement. J’ai su qu’elle allait mieux quand elle m’a demandé d’aller lui chercher du KFC.
Quelques jours plus tard, le séjour d’Amy au Priory faisait la une de la presse. Bien qu’elle se soit montrée très réticente au début, elle s’est peu à peu détendue et a accepté d’y rester jusqu’à la fin du mois. Elle paraissait mieux dans sa peau et m’a répété qu’elle voulait arrêter de boire.
— C’est plus facile à dire qu’à faire, papa, je le sais, m’a-t-elle confié avec une grande lucidité. Je ne pensais pas que ce serait si dur. Après la drogue, j’ai cru que je pouvais vaincre n’importe quoi, mais arrêter de boire, c’est tellement difficile…
— Tu sais ma chérie, si quelqu’un en est capable, c’est bien toi. Tu es déjà passée par là, tu peux le refaire. Tu vas trouver la force.
Je le pensais.
En sortant de cure le 31 mai, elle était radieuse et a accepté de revenir en hôpital de jour. Quand j’ai eu Andrew le soir, il m’a confirmé qu’elle n’avait rien bu. Le lendemain, en revanche, Amy m’a reproché de l’avoir hospitalisée de force. Je me demandais si elle ne cherchait pas un prétexte pour boire. Nous nous sommes un peu disputés puis réconciliés avant que je ne reparte. J’ai demandé à Andrew si elle avait joué de la guitare ou utilisé son studio. Elle n’était pas allée en studio, mais il l’avait entendue jouer dans sa chambre.
J’ai vu Raye quelques jours plus tard et lui ai dit que, même si elle jouait, elle n’avait pas l’air de composer beaucoup. Il n’était pas surpris ; pour lui, l’album était loin d’être prêt. Il n’était pas sûr qu’elle soit en état de remonter sur scène, même si elle nous assurait du contraire. Son séjour au Priory lui avait fait du bien, c’était indéniable : d’après Raye et moi, elle était en route pour vaincre l’alcoolisme. Nous sommes tout de même convenus d’attendre un peu avant de confirmer sa tournée en Europe de l’Est.
Quand je l’ai vue chez elle le 9 juin, elle était tout excitée à l’idée des concerts à venir. Elle n’avait manifestement pas consommé d’alcool. Nous avons parlé de Reg et Blake : malgré son amour pour Reg, elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir de la peine pour son
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