Amy, ma fille

dessinait, bavardait, dérangeait tout le monde.
    Amy adorait les claquettes. Elle se débrouillait déjà bien avant, mais chez Sylvia Young, elle a appris des techniques plus avancées. En général, nous allions dîner chez ma mère le vendredi soir et Amy nous faisait une démonstration de claquettes dans la cuisine, parce que cela résonnait bien. Ses pas de danse étaient parfaits. Vraiment, c’était une excellente danseuse de claquettes. J’ai toujours dit qu’elle valait bien Ginger Rogers. Ma mère n’était pas d’accord, elle trouvait Amy encore meilleure qu’elle.
    Amy chaussait ses claquettes et demandait :
    — Mamie, je peux danser ?
    — Descends demander à Mrs. Cohen si ça ne la dérange pas, répondait ma mère. Tu la connais, elle va venir se plaindre à cause du bruit.
    Alors Amy allait demander la permission à Mrs. Cohen qui répondait :
    — Bien sûr ma chérie, danse autant que tu veux.
    Et le lendemain, Mrs. Cohen allait se plaindre du bruit à ma mère.
    Après le dîner, nous jouions souvent à des jeux. Trivial Pursuit et Pictionary faisaient partie de nos préférés. Amy et moi nous jouions toujours ensemble, ma mère et Melody formaient la deuxième équipe et Jane et Alex la troisième. Ils étaient « les silencieux », réfléchis et concentrés. Ma mère et Melody étaient « les bruyantes » parce qu’elles criaient sans arrêt. Quant à Amy et moi, nous étions « les tricheurs ». On essayait de gagner par tous les moyens.
    Quand elle ne jouait pas à des jeux et ne faisait pas de claquettes, Amy empruntait les vêtements de ma mère. Elle avait une façon de les porter qui les rendait plus modernes, comme en nouant les chemisiers sur son ventre, par exemple. Elle s’est mise aussi à se maquiller un peu, mais jamais de façon excessive. Comme elle avait une jolie peau, elle n’avait pas besoin de fond de teint, mais je remarquais qu’elle mettait de l’eye-liner ou une touche de rouge à lèvres.
    Mais si ma mère l’autorisait à s’amuser avec ses vêtements et son maquillage, elle détestait ses piercings. Plus tard, quand elle a commencé à avoir des tatouages, ma mère lui a fait la leçon. Le tatouage d’Amy portant le prénom « Cynthia » est apparu après le décès de ma mère. Elle aurait détesté.
    *
    Comme d’autres élèves de Sylvia Young, Amy a commencé à travailler à l’adolescence. Elle est apparue dans une scène de la série The Fast Show , sur la BBC2. Elle s’est tenue en équilibre pendant une demi-heure sur une échelle pour des représentations de Don Quichotte au Coliseum, dans St Martin’s Lane. Elle a touché onze livres pour chacune de ses figurations, cachets que j’ai épargnés pour elle car elle voulait tout dépenser en bonbons. Elle a aussi participé à une pièce très ennuyeuse sur les Mormons au Hampstead Theatre, où elle avait un monologue de dix minutes à la fin. Elle adorait travailler ici et là, mais ne supportait pas de devoir encore aller à l’école.
    Un jour, le directeur des études nous a convoqués, Janis et moi, pour nous dire qu’il était très déçu de l’attitude d’Amy. Il devait constamment la forcer à faire son travail. Il comprenait qu’elle s’ennuyait et avait même tenté de la mettre dans la classe supérieure pour la motiver, sans succès.
    Le coup de grâce a été donné par son professeur principal qui a téléphoné à Janis, sans en parler à Sylvia Young, pour lui dire que si Amy restait dans cette école, elle avait toutes les chances de rater ses GCSE 1 . Quand Sylvia a appris cela, elle s’est mise en colère. Le professeur en question a quitté l’établissement peu après.
    Une autre carte d’anniversaire réalisée par Amy quand elle avait douze ans. C’était juste après une énième convocation à l’école.
    Dans la bulle : « J’aimerais bien chanter comme toi, Mitch ! »
    « Moi aussi. »
    Page de droite : « Papa,
    Tu es le roi des papas
    Joyeux anniversaire !
    Je t’aime très fort même si je ne le dis pas toujours. Joyeux anniversaire pour tes 45 ans !
    Ta fille préférée, le danger ambulant : Amy »
    Contrairement à ce que certains, dont Amy, ont affirmé, elle n’a pas été renvoyée de cette école. C’est Janis et moi qui avons décidé de la changer d’établissement en pensant qu’elle aurait plus de chances de réussir ses examens dans une école « normale ». Quand on vous annonce que votre fille va