Amy, ma fille
échouer, il faut changer de méthode. Amy n’avait pas envie de partir et elle a beaucoup pleuré quand nous lui avons annoncé la nouvelle. Sylvia était elle aussi contrariée par notre décision et elle a essayé de nous faire changer d’avis, mais nous étions persuadés que nous avions raison. Sylvia est restée en contact avec Amy après son départ, ce qui l’a surprise étant donné le nombre de disputes qu’elles avaient eues au sujet de la discipline. (Notre relation avec Sylvia et son école continue à ce jour. Dès septembre 2012, la Fondation Amy va décerner une « Bourse Amy Winehouse » qui permettra à un étudiant de financer l’intégralité de ses cinq années de formation à l’école.)
Il fallait bien inscrire Amy quelque part. Ce fut donc au tour de Mount School, une école pour filles située à Mill Hill, dans le nord-ouest de Londres, d’affronter Amy. Une très belle école « comme il faut » où les élèves portaient des uniformes marron impeccables. On était loin des jambières et des piercings dans le nez. L’apprentissage musical était très développé à Mount School et c’est ce qui a motivé Amy à continuer. La professeur de musique s’est vite intéressée à son talent et l’a aidée à s’intégrer. Enfin, si on veut. Elle n’avait pas renoncé à ses bijoux, elle arrivait toujours en retard et elle était toujours en conflit avec ses professeurs à cause de ses piercings qu’elle aimait montrer à tout le monde. Vu les parties du corps où elle les portait, je ne m’étonne pas que ses profs se soient mis en colère. Mais, d’une façon ou d’une autre, Amy s’est débrouillée pour réussir cinq GCSE avant de quitter Mount School en laissant derrière elle un bataillon de profs épuisés.
Il n’était pas question qu’elle reste à Mount School pour préparer son bac. Elle en avait assez de l’école et nous serinait pour intégrer un établissement spécialisé dans les arts du spectacle. Une fois qu’Amy avait décidé quelque chose, c’était fichu, impossible de la faire changer d’avis.
Alors, quand elle a eu seize ans, elle est entrée à la BRIT School, à Croydon, dans le sud de Londres, pour étudier la comédie musicale. Le trajet pour y aller était infernal (traverser Londres du nord au sud lui prenait presque trois heures par jour), mais elle a tenu le coup. Elle s’y est plu, s’est fait des amis, et a impressionné ses professeurs par son talent et sa personnalité. Ses résultats scolaires se sont également améliorés. L’un de ses professeurs a jugé qu’elle possédait « un talent naturel pour l’écriture ». À la BRIT School, elle pouvait s’exprimer. Elle y a passé moins d’un an, mais n’a pas perdu son temps. L’école a eu une bonne influence sur elle et elle-même a eu une bonne influence sur l’école et ses étudiants. En 2008, malgré tous ses problèmes personnels, elle y est retournée pour donner un concert, en manière de remerciement.
1 - GCSE : General Certificate of Secondary Education. Examens individuels qui sanctionnent la fin de l'école obligatoire en Grande-Bretagne.
3
Coup de foudre
C’est une bonne chose que Sylvia Young ait gardé contact avec Amy car finalement, c’est elle qui a donné à sa carrière une toute nouvelle direction.
À la fin de l’année 1999, alors qu’Amy avait seize ans, Sylvia a contacté Bill Ashton, fondateur, directeur et président à vie du National Youth Jazz Orchestra afin qu’il accepte d’auditionner Amy. Bill lui a expliqué qu’il ne faisait pas passer d’audition.
— Envoie-la moi, a-t-il dit. Elle peut chanter avec nous si elle a envie.
Amy les a donc rejoints et a commencé à chanter avec eux de temps en temps. Un mois plus tard environ, un dimanche matin, ils lui ont proposé de chanter quatre morceaux avec eux parce qu’un de leurs chanteurs n’était pas disponible. Elle ne connaissait pas très bien ces titres, mais ça ne lui a pas fait peur : c’était un jeu d’enfant pour elle. Une petite répétition et le tour était joué.
Finalement, Amy a chanté avec le NYJO pendant un moment et a enregistré un de ses premiers vrais morceaux avec eux. Ils ont sorti un CD sur lequel elle figure. Quand Jane et moi l’avons écouté, j’ai failli m’évanouir. Je n’arrivais pas à y croire. Elle était fantastique. Ma chanson préférée sur ce CD s’intitule « The Nearness of You ». J’ai entendu Frank Sinatra la
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