Amy, ma fille

ne l’ai pas crue. Ce soir-là, j’ai écrit dans mon journal : « Il y a quatre mois, chaque jour était un mauvais jour. Aujourd’hui, ils sont moins fréquents, donc il faut croire qu’elle progresse. »
    *
    À la fin février, je suis rentré à Londres récupérer les clés de la maison de Hadley Wood, une grande bâtisse à deux pas de Prowse Place. Quelques jours plus tard, Blake a été libéré et envoyé dans le centre de désintoxication de Phœnix Future, à Sheffield, dans le nord de l’Angleterre. En apprenant la nouvelle, Amy a décidé de rentrer immédiatement. J’ai prétendu qu’il n’y avait pas de vols avant le 6 mars, ce qui était faux, mais je voulais retarder son retour au maximum afin d’éviter qu’ils se voient. Ça n’a pas marché : Amy s’est débrouillée pour trouver un avion.
    Quelques jours après son retour, elle a été arrêtée pour avoir soi-disant frappé une fan lors d’une soirée qui s’était déroulée au Prince’s Trust, six mois plus tôt. Elle s’y était rendue pour assister au premier vrai concert de Dionne Bromfield. La police l’a inculpée pour voie de fait avant de la libérer sous caution. Elle devait comparaître devant le tribunal de Westminster le 17 mars.
    La veille de sa comparution, j’ai passé la nuit chez elle pour l’aider à se préparer. Comme il fallait s’y attendre, nous sommes arrivés au tribunal en retard. Des centaines de journalistes nous y attendaient. Amy a plaidé non coupable. On l’a par ailleurs accusée d’avoir manqué de respect à la cour, ce qui n’a pas joué en sa faveur. Le procès a été ajourné à l’année suivante. Elle a été libérée sous caution sans restrictions, ce qui signifiait qu’elle pouvait retourner à Sainte-Lucie si elle le souhaitait. C’était une bonne nouvelle, mais cela ne calmait pas mes inquiétudes concernant sa consommation d’alcool, qui s’aggravait de jour en jour. La presse avait commencé à la surnommer « Amy Wino » ou simplement « Wino », ce que je trouvais particulièrement insultant.
    Je ne savais pas si elle avait le projet de retourner à Sainte-Lucie ou non. Il était difficile de lui parler quand elle buvait, et nous n’avions donc pas abordé ce sujet. Ce qui me remontait le moral en revanche, c’était qu’elle ne cherchait pas à voir Blake. Elle semblait décidée à garder ses distances malgré les appels incessants qu’elle recevait de sa part. Elle n’avait tout simplement pas envie de lui parler et quand il téléphonait, elle ne décrochait pas. Mais quand il parvenait malgré tout à la joindre, les ennuis reprenaient de plus belle.
    Raye pensait que les conversations avec Blake la bouleversaient et la poussaient à boire. Elle a dû annuler une session de travail en studio avec Mark Ronson parce qu’elle avait trop bu. Le lendemain toutefois, elle se sentait mieux et a pu travailler avec Salaam Remi à Hadley Wood.
    Je l’ai appelée pour savoir comment cette journée de travail s’était passée. Au téléphone, elle s’est plainte des paparazzis qui campaient devant sa porte. Elle s’était arrangée avec ses voisins : pour quitter sa maison, elle escaladait la clôture et sortait par leur jardin afin d’éviter les photographes. Son stratagème s’est finalement retourné contre elle le jour où l’un d’eux a publié un cliché d’Amy coincée sur la clôture.
    — C’est pas drôle, papa, arrête de rigoler.
    Je ne pouvais pas me retenir.
    — Ces photos, Amy, il faut que tu les voies. T’es marrante, coincée sur ta clôture.
    — Ah ouais ? Moi, je trouve pas ça drôle. J’en ai marre. Je retourne à Sainte-Lucie. Et toi, tu t’es moqué, alors tu viens pas avec moi.
    J’étais content qu’elle reparte là-bas et qu’elle me charrie.
    — Ah bon ? Alors j’achète seulement un billet, c’est ça ?
    Finalement, elle est partie avec ses amis Tyler et Violetta Thalia. J’étais inquiet parce que Tyler buvait beaucoup. Je me demandais si elle ne reproduisait pas un schéma bien connu : quand elle se droguait, elle traînait avec des drogués, et maintenant… Mais je ne savais pas si Violetta, elle, buvait ou non.
    Elle est partie pile au bon moment. En effet, le 12 avril, News of the World a publié un article intitulé « Une junkie enceinte de Blake ! » dans lequel une femme baptisée Gileen Morris affirmait avoir couché avec lui au centre de désintoxication de Sheffield. Elle