Amy, ma fille
précisé. Amy pourrait emménager là-bas la troisième semaine de janvier, si – et seulement si – elle acceptait mes conditions : pas de drogue dans la maison ; un test d’urine hebdomadaire ; une équipe de sécurité vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J’appliquais la méthode du bâton et de la carotte, que j’avais apprise en discutant avec des médecins spécialisés dans les problèmes d’addiction.
— Merci papa. Je ne te décevrai pas, m’a-t-elle promis en me prenant dans ses bras.
Je lui ai dit que si elle désobéissait, ce serait elle qu’elle décevrait, pas moi. Mais comme mes conditions avaient l’air d’être bien acceptées, j’en ai rajouté quelques-unes : plus de bagarre à l’hôpital ni de frasques. Elle a dit oui à tout.
Amy se sentait chez elle à la London Clinic, mais elle s’ennuyait ; pour lui changer les idées, je l’emmenais régulièrement dans un club de gym sur le Strand. C’était bon de voir qu’elle reprenait des forces. Après quoi, nous allions souvent manger un morceau chez Joe Allen, à Covent Garden et elle adorait ça. Nous fréquentions ce restaurant au début de sa carrière et cela nous rappelait de bons souvenirs.
À la mi-décembre, News of the World a publié un article rapportant des propos de Georgette. Elle affirmait qu’un proche d’Amy avait proposé à Blake cinq mille livres pour engager un tueur à gages chargé de liquider le dealer d’Amy. C’était tellement ridicule que c’en était presque drôle. Que des gens puissent continuer à raconter n’importe quoi sur Amy (et que ce journal continue de publier ces propos insensés) était honteux.
J’ai su plus tard que Georgette avait même révélé l’identité de cet homme mystérieux : moi. C’est le rédacteur en chef de News of the World qui me l’a appris, mais vu la réputation douteuse de ce journal, je ne savais pas si je pouvais le croire. Quoi qu’il en soit, dorénavant ça n’avait plus rien de drôle. Si c’était vrai, il me fallait trouver un moyen d’empêcher cette femme de raconter n’importe quoi dans la presse. Georgette livrait ses anecdotes « exclusives » aux journaux contre de l’argent. Mon avocat a ajouté cette allégation à la longue liste de plaintes qu’il avait déjà déposées auprès de la police du Kent.
Amy avait pris sous son aile une jeune chanteuse de treize ans, Dionne Bromfield. La presse désignait souvent Dionne comme la filleule d’Amy. C’était faux : Amy l’avait rencontrée lors de son onzième anniversaire et, sensible à son talent, avait proposé de l’aider. Ça ne m’avait posé aucun problème, jusqu’à ce qu’Amy me demande de signer un chèque de treize mille livres couvrant les frais de location d’un studio pour Dionne. Les frais médicaux et les dépenses liées au service de sécurité étaient déjà extrêmement élevés. Amy était décidée à donner un coup de main à cette jeune fille. Elle la trouvait douée et a fini par me convaincre de signer. Ç’a été de l’argent bien dépensé : en septembre 2009, Dionne est devenue la première artiste à être signée sur le label d’Amy, Lioness Records. Elle a baptisé son label d’après un pendentif que ma mère lui avait donné.
— Quand je cherchais un nom, j’ai pris mon collier et j’ai tout de suite su qu’il fallait l’appeler comme ça, m’a raconté Amy. En l’honneur de mamie.
Le 19 décembre, Amy a quitté l’hôpital pour prendre l’avion en direction de Sainte-Lucie. Elle a emmené avec elle Andrew, Jevan, sans oublier son meilleur ami : le Subutex. Ce départ m’a rendu un peu anxieux, mais je savais qu’Amy était assez forte désormais pour résister à la tentation, d’autant que les garçons seraient avec elle. Je lui ai parlé au téléphone presque chaque jour qu’elle a passé là-bas et j’ai vite compris qu’elle s’y plaisait. Je recevais aussi des textos d’Andrew et Jevan confirmant qu’elle allait bien, même si elle buvait parfois un peu trop.
Un jour, en passant en taxi devant King’s Cross Station, j’ai vu un petit groupe de toxicos serrés les uns contre les autres. J’ai eu de la peine pour eux et je me suis demandé comment ils en étaient arrivés là. Je savais que pour Amy l’élément déclencheur avait été Blake. Si elle voulait décrocher pour de bon, elle allait devoir accepter cette réalité dérangeante.
Le jour de l’an, Raye et moi nous sommes vus
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