Amy, ma fille

permettre de louer un cheval alors elle les avait tous loués pour eux pendant un mois.
    — Mon père vous remboursera la prochaine fois, avait-elle dit au propriétaire.
    J’ai expliqué à cet homme que je n’avais que trois mille dollars sur moi.
    — Ça fera l’affaire ! a-t-il répondu.
    J’étais là depuis quatre heures et j’avais déjà dépensé mes huit mille dollars. Mais ça valait le coup : Amy était très heureuse d’avoir pu aider ces gens.
    Nous avons passé une excellente soirée en tête à tête. Elle s’était remplumée et avait bien meilleure mine, même si elle continuait de boire beaucoup. Quand nous nous sommes quittés ce soir-là, elle était presque saoule.
    Quelques jours plus tard, j’ai repris l’avion pour Londres. Là-bas, j’ai assisté avec Raye à l’audience préliminaire du procès contre Amy pour voie de fait. Nous étions plus préoccupés par son attitude imprévisible que par l’accusation, qui n’était pas vraiment fondée. Suite à cette audience, notre avocat m’a mis en garde : si elle ne changeait pas d’attitude, le juge ne lui ferait pas de cadeau. Quand j’ai rapporté ces propos à Amy, elle a répondu :
    — Ne t’en fais pas, papa. Je serai sage. Tu sais que j’en suis capable quand je veux.
    Ça ne m’a pas du tout apaisé, d’autant qu’au téléphone, elle paraissait avoir bu.
    Elle est rentrée à Londres le 13 juillet et quand nous avons évoqué le procès qui s’annonçait, elle n’a pas caché son anxiété. Je l’ai rassurée : tout ce qu’elle avait à faire, c’était dire la vérité, être respectueuse et courtoise. Avec un peu de chance, la justice l’emporterait.
    La veille de l’audience, sachant d’expérience qu’Amy ne savait pas être à l’heure, je nous ai réservé des chambres au Crowne Plaza Hotel, à Buckingham Gate, afin de mettre toutes les chances de notre côté. Ça ne nous a cependant pas empêchés d’arriver en retard.
    Amy a écouté avec nervosité la danseuse de revue Sherene Flash l’accuser devant la cour de lui avoir donné un coup de poing dans l’œil quand elle lui avait demandé de poser pour une photo dans les coulisses du Prince’s Trust. Amy a expliqué à la cour qu’elle s’était sentie agressée par Flash qui lui avait passé le bras par-dessus l’épaule. Elle a nié l’avoir frappée au visage.
    — Je l’ai poussée, pour qu’elle s’éloigne. Je n’avais pas envie qu’elle se colle contre moi. Je voulais lui faire comprendre qu’elle me faisait peur. Je voulais juste qu’elle s’éloigne. Je me suis dit : « Les gens sont fous et malpolis. Ou ils ne tiennent pas bien l’alcool. » Je n’ai pas compris ce qu’elle faisait. Elle m’a sauté dessus et m’a mis le bras sur l’épaule. Elle était ivre. C’était agressif, voilà. Tout à coup, son visage était tout près du mien, et elle m’a collé un appareil photo sous le nez. Elle voulait sans doute être sympa, mais ça m’a fait peur. Je ne suis pas Mickey Mouse, je suis un être humain.
    Le lendemain, Amy a été reconnue non coupable et voilà ce qu’a déclaré le juge Timothy Workman :
    — Après avoir entendu tous les témoins, je conclus qu’il s’est agi d’un accident. L’affaire est close et l’accusée libre.
    Pendant ce temps-là, la presse s’en est donné à cœur joie. Le 19 juillet, News of the World a publié un article affirmant que Blake réclamait six millions de livres de dommages et intérêts pour le divorce. Le Sun a embrayé en publiant un article en deux parties rédigé par Blake dans lequel il répétait qu’il avait sauvé la vie d’Amy. Comme d’habitude, il se donnait le beau rôle. Mais dans la deuxième partie, il affirmait qu’Amy avait volé de la cocaïne à Kate Moss. J’étais sûr que cette dernière n’allait pas être contente de lire ça.
    Le 22 juillet, je suis retourné à Focus 12 accompagné de Jazz et Richard qui m’ont filmé durant une réunion avec des famille de toxicos. Je me rendais compte que la lutte contre l’addiction était un véritable parcours du combattant quand on n’avait pas beaucoup de moyens financiers.
    Jane et moi sommes partis quelques jours en Espagne et à notre retour début août, Amy avait bonne mine et ne buvait pas, même si on m’a rapporté quelques-unes de ses frasques pendant que nous étions en vacances. Quand je suis allé la voir à Hadley Wood, elle faisait du vélo