Amy, ma fille

précisait que Blake allait « la soutenir » et ajoutait : « Si Amy veut être sa belle-mère, ça ne me gêne pas, à condition qu’elle arrête de se droguer et de s’automutiler. » Et le journaliste de conclure : « Ces révélations sordides tombent mal pour Blake qui essaie d’accuser Amy d’infidélité afin d’encaisser la moitié de sa fortune (évaluée à dix millions de livres). »
    J’étais inquiet de la réaction d’Amy si elle découvrait cet article. Quelques jours plus tard, elle m’a appelé de Sainte-Lucie, ivre. Elle m’a dit qu’elle ne savait pas quoi offrir à Blake pour son anniversaire et j’en ai donc déduit qu’elle ne l’avait pas lu.
    Les jours qui ont suivi, elle n’a pas dessaoulé si bien qu’Andrew a fini par m’appeler : Amy avait demandé à être hospitalisée car elle se sentait mal après cette longue beuverie.
    Étrangement, cet épisode a marqué un tournant pour elle. Certes, elle buvait toujours énormément, mais au moins elle allait directement à l’hôpital quand elle savait qu’elle avait dépassé les bornes. Le jour suivant, quand elle m’a appelé, elle avait l’air d’aller mieux. Je me suis demandé si l’hospitalisation n’était pas une façon pour elle de s’interdire de boire. Quand elle est sortie, c’est Tyler qui s’est fait hospitaliser pour les mêmes raisons qu’elle.
    Raye s’est rendu à Sainte-Lucie afin d’essayer de régler ce problème. J’aurais bien voulu l’accompagner mais je n’étais pas disponible. En effet, quelques mois plus tôt, j’avais été contacté par une société de production indépendante, Transparent Television, qui souhaitait réaliser un documentaire sur des familles confrontées au problème de l’addiction. Ils m’avaient demandé de le présenter. J’avais rencontré Jazz Gowans et Richard Hughes qui m’avaient expliqué que le documentaire ne serait pas particulièrement consacré à Amy, et que j’allais devoir interviewer des familles. Ça tombait très bien pour moi, qui désirais faire connaître au grand public les difficultés que nous traversions.
    Depuis Sainte-Lucie, Raye m’a tenu au courant de la santé d’Amy et Tyler. Ces deux-là avaient toujours été très liés, et je commençais à me poser des questions sur les conséquences de cette amitié.
    Vers la fin avril, j’ai pris l’avion pour Sainte-Lucie, accompagné de Jazz et Richard qui voulaient filmer là-bas. À l’aéroport, je suis tombé sur Tyler, qui rentrait chez lui. Il était pâle et maigre. Manifestement, l’alcool était passé par là. C’était toujours un beau garçon, mais il avait mauvaise mine et je le lui ai fait remarquer. Quand je suis arrivé à la villa, Amy était contente de me voir, mais elle était pompette et son état n’a fait qu’empirer au fil de la journée. Elle devait cacher ses bouteilles quelque part parce qu’elle n’a pas bu une seule fois devant moi.
    Dès qu’elle buvait, elle s’attirait des ennuis. Ce soir-là, elle a insulté un couple de Britanniques qui lui avait demandé de poser avec elle sur une photo. Je n’avais pas envie de passer la soirée avec elle et suis donc resté avec Andrew, Anthony et Neville, ses gardes du corps. Nous avons évoqué son problème d’alcoolisme ; il me paraissait évident qu’elle avait troqué une addiction contre une autre. Ils ne pouvaient pas faire grand-chose pour l’empêcher de boire, mais ils m’ont assuré qu’ils la surveillaient.
    La semaine suivante, Amy devait se produire au festival en plein air de Sainte-Lucie. En rentrant à Londres, j’ai confirmé à Raye qu’elle y participerait. Ce dernier, qui devait y assister, m’a prévenu qu’il se réservait le droit d’annuler au dernier moment si Amy n’était pas en état de chanter.
    Amy était sobre ce jour-là, mais d’autres problèmes sont survenus. Tout d’abord, les pluies torrentielles ont causé des dommages techniques. Et puis, au bout de quatre morceaux, Amy a annoncé qu’elle en avait marre de chanter toujours les mêmes vieux trucs.
    Je savais que cela cachait quelque chose et Raye m’a raconté ce qui s’était vraiment passé : au cours d’une chanson, elle a eu un trou de mémoire. Ce genre de panne pouvait la mettre dans un état de nervosité incroyable. Décontenancée, elle a préféré dire qu’elle n’avait plus envie de continuer. Sur ce, il s’est mis à tomber des cordes si bien qu’Amy devait de toute