Amy, ma fille
d’appartement. Rien que de la voir pédaler comme ça, je me suis senti fatigué. Elle m’a dit qu’elle n’avait pas bu depuis quelques jours et ne s’en portait pas plus mal. Par ailleurs, Blake l’avait appelée à plusieurs reprises mais elle n’avait pas répondu. J’ai immédiatement demandé à mon avocat, Brian Spiro, de contacter celui de Blake afin qu’il cesse ce harcèlement téléphonique. Sa guérison demeurait fragile et si une personne pouvait tout chambouler, c’était bien Blake.
Mais celui-ci ne s’est pas découragé, il a continué de l’appeler et a même réussi à lui fixer un rendez-vous dans un pub de Camden, où il n’est finalement pas venu. À la mi-août, il a affirmé dans News of the World qu’Amy voulait se remettre avec lui. Ils ont titré l’article « Back to Blake », jeu de mots qu’ils n’étaient pas allés chercher très loin. J’ai appelé Amy et, au fil de la conversation, j’ai évoqué la possibilité qu’elle se remette avec lui. Elle n’a pas voulu m’en parler et je n’ai pas réussi à lui tirer les vers du nez. Le lendemain, même chose.
— Un jour tu refuses de lui parler, le lendemain tu lui donnes rendez-vous ! Dis-moi ce que tu as en tête, c’est tout.
Elle était intelligente et savait très bien pourquoi ça me tracassait.
— Papa, je ne prendrai plus jamais de drogue, si c’est à ça que tu penses.
Il n’empêche que sa consommation d’alcool continuait de me préoccuper. À la fin du mois d’août, elle a chanté sur scène avec les Specials, au V Festival, à Chelmsford, dans l’Essex. Sa prestation a été géniale. Après le concert, Amy m’a dit qu’elle s’était bien amusée et n’avait pas bu une goutte d’alcool.
Le lundi suivant, j’ai vu Blake Wood qui avait accompagné Amy au V Festival. Apparemment, un de ses anciens dealers avait discuté avec elle mais, fidèle à sa parole, elle n’avait pas fait affaire avec lui. Ça ne me surprenait pas. Pour ce qui est de l’alcool, en revanche, il m’a confirmé qu’elle n’avait pas bu avant le concert, mais qu’ensuite elle s’était « bourré la gueule ».
*
Amy m’a toujours encouragé à chanter au point de me suggérer plusieurs fois de sortir un album. Quand Tony Hiller, producteur et parolier couronné de succès, m’a proposé la même chose, elle m’a dit : « Fonce, papa ! » Ses conseils étaient extrêmement précieux pour moi. Nous sommes allés tous les deux chez Tony, par une chaude soirée d’été, pour discuter de l’album.
— Tu as reçu combien de récompenses, Tony ? lui a-t-elle demandé en voyant son étagère remplie d’Ivor Novello.
— Six, a-t-il répondu.
— Ah, moi j’en ai que deux !
Elle n’était pas du genre à se vanter, mais ces deux récompenses l’emplissaient de fierté.
Après ça, je l’ai emmenée chez Reubens, le restaurant casher où j’avais mes habitudes et nous nous sommes régalés. Nous avons brièvement évoqué son divorce, qui devait être conclu le 28 août, mais comme j’ai vu que ça la contrariait, j’ai vite changé de sujet. Elle était distraite et ne m’écoutait que d’une oreille.
— Papa, a-t-elle fini par me dire. Je t’ai rien dit, mais Blake m’a appelé aujourd’hui pour que je le retrouve dans une chambre d’hôtel. J’y suis pas allée. Y avait un truc pas net dans ce coup de fil, on aurait dit un piège, ou quelque chose comme ça. Je lui ai dit que je viendrais pas.
— Qu’est-ce qui te fait penser que c’était un piège ?
— Je sais pas.
Je pense qu’elle savait mais refusait de me le dire. J’étais content qu’elle ait tenu bon et se soit confiée à moi. J’en voulais énormément à Blake.
À juste titre.
Quand il avait été libéré de prison, c’était sous la condition qu’il ne quitte pas Sheffield. Or il s’était rendu à Londres régulièrement pour rendre visite à sa nouvelle petite amie. Amy n’en savait rien jusqu’à ce qu’il finisse par la mettre au courant. Les journaux avaient eu vent de ses frasques et il avait sans doute voulu l’avertir avant qu’elle ne lise tout ça dans la presse.
À ce moment-là, mon ami Phil Rich, psychologue clinicien en thérapie comportementale spécialisé dans l’alcoolo-dépendance aux États-Unis, était venu pour quelques jours en Angleterre. Le 8 septembre, j’étais avec lui quand Andrew m’a appelé. Il m’a averti que Blake était à Hadley Wood.
Weitere Kostenlose Bücher