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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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n’en ai pas eu le temps. Je me suis dit que s’il…
    — Ce « il », c’est Gonsalvo de Marca ?
    — C’est possible. Je n’en sais rien. Il devait continuer à le chercher, c’est pourquoi je les ai tous deux placés dans un endroit sûr. C’est seulement à Terrassa que mes amis m’ont appris que le malheureux moine avait été assassiné.
    — Connaissez-vous un petit village proche de l’Arboç, appelé Santa Margarida ?
    — Oui. Ce n’est même pas un village. Juste quelques maisons sur la Foix. À quatre lieues de la finca, peut-être un peu moins.
    — Voyons de nouveau ce marchand ambulant, dit Berenguer. Sergent, demandez-lui de nous rejoindre.
    L’homme en question apparut avec une rapidité remarquable.
    — Dites-moi, connaissez-vous ce gentilhomme ?
    — Effectivement. C’est le jeune seigneur, Don Gilabert, qui a eu tant d’ennuis. Vous ne savez peut-être pas qui je suis, señor, mais…
    — Si. Vous aidiez aux moissons quand j’étais enfant, vous ne pouviez avoir plus de quatorze ans. Vous vous appelez…
    Il réfléchit un instant.
    — Tomas. Oui, Tomas, c’est bien cela ? Et qu’est-ce qui vous amène à Gérone ?
    — Quand mes parents sont morts, mon oncle, qui fabriquait des sucreries, m’a pris avec lui. Il m’a appris le métier et maintenant, toute une partie de l’année, je vais de marché en marché en compagnie de ma femme pour vendre nos produits.
    — Connaissez-vous un certain Norbert, de la même région que vous, peut-être ? demanda l’évêque. Il est devenu moine.
    — Pas vraiment, Votre Excellence, mais j’ai entendu parler de lui.
    — Voyons le jeune Fortunat. Peut-être nous éclairera-t-il sur quelques points ? Vous connaissez Fortunat, Don Gilabert ? Lui aussi vient de votre province, s’il faut en croire Tomas. Faites-le entrer.
    La porte s’ouvrit et le sergent introduisit Fortunat. Son oncle le suivit, comme si tel était son bon droit, et nul ne l’en empêcha.
    Berenguer fit les présentations.
    — Voici Don Fortunat. Don Gilabert.
    Fortunat pâlit quelque peu, sourit et s’assit. Son oncle se pencha pour lui parler puis, comme s’il venait de changer d’avis, se redressa.
    — Je le connais, dit Gilabert d’une voix forte bien que son visage eût perdu toute couleur. J’aurais du mal à l’oublier. Oh oui ! Tandis que ses amis me plaquaient à terre, il enfonçait sa botte dans ma main et me disait le plaisir que lui procurait le bruit des os qui craquent sous son pied. Il a ajouté qu’il éprouverait le même plaisir si je refusais de parler. J’ai passé de très nombreuses heures en compagnie de cet homme.
    — Il ment ! cracha Fortunat. Je ne l’ai jamais vu avant aujourd’hui. Mon oncle peut attester que je me trouvais ici, avec lui, quand ce menteur a été blessé.
    — Comment savez-vous qu’il l’a été ? demanda brusquement Isaac.
    — C’est ce que l’on raconte au palais, répondit-il impatiemment. Chaque serviteur sait quand cela s’est passé.
    — Je connais cette voix, fit Isaac. Comme le sifflement d’un serpent venimeux, elle fait frémir ma peau de répulsion. Vous rappelez-vous, Votre Excellence, cet homme qui avait donné beaucoup d’argent à un messager du diocèse pour qu’il avertisse de son retour ses serviteurs restés à Tarragone ? Le voici.
    — Il délire. Je n’ai pas de serviteurs à Tarragone, n’est-ce pas, mon oncle ?
    — Savez-vous ce que signifiait ce message, Votre Excellence ? Maître Isaac ? demanda Gilabert. Je peux vous le révéler parce que mes amis, Andreu et Felip, ont poursuivi les deux coquins qui l’ont reçu : j’étais mort et ils devaient tuer mon oncle. Il était inutile de prendre des risques si je vivais encore.
    Galceran contemplait Gilabert avec horreur.
    — Mais vous étiez mort, dit-il avant de se tourner vers son neveu. D’abord, vous m’avez déclaré qu’il était mort, répéta-t-il d’une voix brisée. Vous me l’avez juré ! Vous aviez vu son cadavre. Ensuite vous m’avez annoncé qu’il était au secret dans une prison de Tarragone et qu’il attendait sa pendaison. Comment avez-vous pu vous montrer aussi stupide ?
    Gilabert s’adressa à Fortunat.
    — Fort du lien ténu qui unissait votre mère à notre famille, vous espériez donc revendiquer mes biens après ma mort ? Et, bien entendu, après celle de mon oncle, puisqu’il était mon seul héritier légitime. Pourquoi cet empressement à

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